Entre deux mondes |Tome 3.25 de La Silencieuse, Lexis et Ivann|

Méfiance et vigilance

Lexis Lynch

Alors que je descends de ma moto, j'enlève mon casque, détache mes cheveux, prends mon livre de la   journée et pars vers le café de Gomez. Je passe devant le même groupe habituel, toujours présent pour bloquer l'entrée, des militaires visiblement très peu éduquer vue le bruit qu'ils   font. Je n'ai pas à les regarder dans les yeux pour les compter.   Aujourd'hui, ils ne sont que quatre... Étrange. Il en manque un.

Je   ne leur prête pas d'attention et rentre dans le café, la tête à moitié baissée pour ne pas les inciter à m'aborder. Je repère facilement ma place   habituelle libre. Je n'attends pas pour foncer dessus, mais je vais si   vite que je percute quelqu'un sur le passage. Je suis prête à tomber quand mes yeux s'arrêtent sur les rangers d'un militaire.

Le voilà le cinquième... Jamais bien loin !

Il me rattrape, mais je retire aussi vite sa main de mon corps.

-Toutes mes excuses ! Je... Il s'arrête quand mes yeux croisent les siens.

-Faites plus attention. Si vous saviez vous comportez comme des   personnes civilisées, vous ne m'auriez pas dérangé dans ma trajectoire.

Mes mots sont un peu trop crus, je le conçois.

-Je ne voulais pas vous stopper dans votre trajectoire.

C'est bien l'un des plus polis, pourtant même s'il s'excuse, je remarque qu'il a du mal à contenir son sourire. Il se moque de mon vocabulaire, il ne doit pas avoir l'habitude...

Je hoche la tête, en signe d'au revoir et le contourne.

Je sens son regard me suivre, puis me quitter et revenir vers moi.   Devant le comptoir, je commande la même chose qu'à chaque fois et repars   à ma table. Avec une des pailles, mise à disposition sur la table,   j'enroule mes cheveux autour pour ne pas qu'ils me dérangent. Je sors   mon livre et plonge dans ma lecture.

Madame Gomez vient avec ma   commande quelques minutes plus tard, étrangement cette fois, je sors de   mes lignes pour mieux écouter ses pas. Ils sont lourds et bruyants. Ce   n'est pas la propriétaire de ce lieu qui avance vers moi.

Alors que cette main   étrangère dépose mon chocolat chaud et ma pâtisserie, je lui prends la   main et lui tourne le bras dans son dos, en le remontant au maximum pour   lui faire le plus de dégât possible. Je pourrais même le lui casser, mais dans mon champ de vision, je remarque les vêtements du militaire et je me force à le relâcher.

Mais qu'est-ce qu'il me veut lui !

Je ne dois pas avoir de contact avec eux.

Je ne veux pas avoir de contact avec eux.

Tout ce qu'ils représentent m'est interdit.

-Qu'est-ce que vous me voulez à la fin ? Je lui lâche en le poussant pour l'éloigner de moi.

Il y a beaucoup de monde dans le café contrairement à d'autres heures.   Certains clients se sont arrêtés pour nous regarder ou nous écouter.   Mais leur attention n'est que de courte durée, les bagarres ici sont   quasiment courante. De plus, lorsqu'elle implique un militaire, tout le   monde sait qu'il faut fuir pour ne pas être témoin de la mauvaise  chose.

-Je venais simplement m'asseoir. M'explique-t-il en montrant  la chaise  vide en face de moi alors qu'il se masse l'épaule. Mais je  vois que ce  n'était pas une bonne idée.

-Bonne déduction !

Il sourit, amusé, mais il s'assoit quand même.

J'ai un mouvement de recul, mes sourcils se froncent en le regardant s'installer.