Douce réminiscence

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Eddie s'éveilla en sursaut, le cœur battant la chamade, alors qu'un corps chaud était pressé contre le sien.

La lumière douce du matin filtrait à travers les rideaux, baignant la chambre d'une atmosphère chaleureuse et apaisante. Pendant un moment, il resta immobile, tentant de comprendre ce qui se passait. Il se sentait confus, désorienté, comme s'il flottait entre deux mondes, pris au piège entre le rêve et la réalité.

Tout était si calme, si paisible.

Il bougea lentement, essayant de s'habituer à l'idée d'être réveillé si tôt, mais sa compagne le rapprocha de lui en gémissant dans son cou.

– Non reste, supplia-t-elle. Il est encore tôt.

Cette voix familière, douce et chaleureuse, qui fit frissonner Eddie de la tête aux pieds.

Il se figea.

C'était la voix de Shannon.

Lentement, il tourna la tête et son regard rencontra celui de Shannon, allongée à ses côtés, un sourire radieux illuminant son visage. Une bouffée d'émotion l'envahit, mélange de joie et de tristesse, de bonheur et de douleur.

Shannon lui avait tant manqué, chaque jour depuis qu'elle était partie.

Il avait prié pour un miracle, espérant la revoir ne serait-ce qu'une dernière fois, mais jamais il n'aurait imaginé que ce moment se produirait ainsi, dans son propre lit, comme s'ils étaient encore ensemble.

Pourtant, il savait que quelque chose n'allait pas.

Il le savait au plus profond de lui-même, même si son cœur refusait de l'admettre. Shannon était morte, il y a des années de cela. Il l'avait vu mourir, senti son dernier souffle s'échapper de ses lèvres, ressenti le vide insoutenable de son absence.

Et pourtant, là, elle était, plus vivante que jamais, comme si rien ne s'était jamais passé.

Il ne pouvait pas l'oublier, jamais. Comment pourrait-elle être là dans ses bras ? Comment pourrait-elle se presser contre lui, comme avant, souriante, les yeux brillants d'amour et de tendresse ?

Un tourbillon d'émotions contradictoires s'empara de lui.

D'un côté, il était submergé par la douce chaleur de la présence de Shannon, par le parfum familier de ses cheveux, par la tendresse infinie qui émanait de chaque geste, de chaque mot. Il voulait se perdre dans cet instant, oublier le monde extérieur, ne serait-ce que pour un instant, et se laisser bercer par l'illusion fugace d'une vie qu'il avait tant aimée.

Mais d'un autre côté, il était terrifié.

Terrifié de perdre ce moment, de voir Shannon disparaître à nouveau, de retomber dans le néant de son absence. Il savait que ce n'était pas réel, que ce n'était qu'une illusion, un mirage de son esprit tourmenté, mais il ne pouvait s'empêcher de s'accrocher à chaque instant, à chaque mot, comme si sa vie en dépendait.

Il se tourna vers elle, incapable de détacher son regard de son visage radieux.

– Laisse-nous profiter encore de ce moment de paix, avant que les enfants ne se réveillent, murmura-t-elle avec tendresse avant de déposer ses lèvres sur les siennes.

Une douce pression de tendresse pure.

C'était comme si rien n'avait changé, comme s'ils vivaient encore cette vie heureuse et insouciante qu'ils avaient partagée autrefois.

Eddie se figea soudain en comprenant ce qu'elle venait de dire.

Il était submergé par la confusion. Christopher était leur unique enfant, alors pourquoi Shannon parlait-elle des enfants au pluriel ? Et surtout, pourquoi était-elle là, dans son lit, à le regarder avec tant d'affection ?

Il ne comprenait pas.

Il se sentait perdu mais en même temps si bien dans la chaleur de la femme qu'il avait toujours connu et aimé. Elle lui manquait terriblement, son sourire, son regard tendre, l'odeur de sa peau...

Tout semblait si irréel mais pourtant si palpable.

Pourtant, malgré son trouble, il se laissa bercer par la douce chaleur de son étreinte, par le parfum familier de ses cheveux, par le son de sa voix qu'il avait tant regretté d'entendre. Il ferma les yeux, voulant savourer ce moment volé, cette illusion fugace d'une vie qu'il avait perdue.

Puis, comme une brume se dissipant au soleil levant, la réalité commença à s'imposer à lui. Shannon était morte. Elle n'était pas là, dans son lit, à lui sourire comme si de rien n'était.

C'était impossible.

Et au milieu de cette tourmente émotionnelle, une question lancinante le hantait : que devait-il faire ? Devait-il s'accrocher à cet instant de bonheur, aussi éphémère soit-il, ou devait-il affronter la réalité, aussi cruelle soit-elle ?

Shannon lui adressa un sourire tendre, ses yeux brillants d'une lueur familière.

Il se redressa brusquement, le souffle court, les mains tremblantes. Shannon le regarda avec inquiétude, son sourire se fanant légèrement.

– Quelque chose ne va pas, Eddie ? demanda-t-elle doucement, posant sa main sur la sienne.

Sa voix était douce, réconfortante, mais elle ne parvenait pas à apaiser le tumulte qui grondait en lui. Il voulait lui dire, lui dire à quel point elle lui manquait, à quel point il avait souffert de son absence, mais les mots lui manquaient, prisonniers de sa gorge serrée.

Eddie sentit une boule se former dans sa gorge.

Il devait lui dire. Il devait lui dire la vérité, même si cela le terrifiait plus que tout. Finalement, il prit une profonde inspiration, rassemblant tout son courage pour affronter la vérité.

– Je... Je crois que je suis mort, murmura-t-il, sa voix à peine plus qu'un souffle.

Shannon le regarda, surprise, puis éclata de rire, le son cristallin qui résonna dans la chambre comme une mélodie familière. Un son doux et mélodieux qui fit vibrer chaque fibre de son être.

– Tu es mort ? répéta-t-elle, un sourire espiègle aux lèvres. Eh bien, mon cher Eddie, je déteste briser tes illusions, mais c'est moi qui suis morte. Toi, en revanche, tu es bien vivant.

Eddie la regarda, incrédule. Comment pouvait-elle être si calme, si joyeuse, alors qu'elle était morte ?

Shannon lui caressa doucement la joue, son regard empreint d'une tendresse infinie.

– Je suis là, mon amour, murmura-t-elle. Peut-être pas comme tu t'y attendais, mais je suis là. Et je veillerai toujours sur toi, peu importe ce qui se passe.

Une vague de soulagement déferla sur Eddie.

Peut-être n'était-il pas fou après tout. Peut-être que Shannon était là, d'une manière ou d'une autre, pour veiller sur lui et lui apporter le réconfort dont il avait tant besoin.

Il se laissa envelopper par son étreinte, laissant la douceur de ses paroles le guider vers un semblant de paix. Dans cet instant fugace, tout semblait possible. Et même s'il savait que ce n'était qu'une illusion, il s'accrocha à chaque mot, à chaque geste, comme s'il s'agissait de la plus précieuse des réalités.

Dans le silence apaisant de leur chambre, Eddie sentit son cœur s'apaiser, alors qu'il tentait de se laisser emporter par la chaleur de l'amour qui l'entourait, quand quelque chose lui revint en mémoire.

– Attends, tu as dit que nous avions DES enfants ? se redressa-t-il soudain.

– Et bien..., commença-t-elle alors que des cris résonnaient dans la maison.

La porte s'ouvrit et deux terreurs, qui lui ressemblaient, sautèrent sur le lit, se jetant sur Eddie, qui s'effondra sur son oreiller en les réceptionnant.

Il tourna son regard surpris vers Shannon qui s'était redressée pour les regarder, amusée. Puis, son regard dériva vers la porte et il le suivit.

Christopher, adolescent, se trouvait là, le regardant de l'amertume et des reproches dans le regard et Eddie eut du mal à déglutir, sentant la culpabilité l'envahir.

9-1-1 - Murmures du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant