Chapitre 3

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“La lessive’’, se dit-elle en posant le front sur la table tout en expirant.

Elle tape des pieds de frustration sous la table. A la sonnerie de son téléphone qui lui indique qu'elle a reçu un message, elle relève son visage boudeur.

“J'ai compris Ethan ! Je vais me renseigner !’’ S'exclame-t-elle en retournant le téléphone face contre la table. ‘’Ce sont mes amis ou mes parents ? Je répondrai plus tard. J'ai faim.’’

Pendant la préparation de son dîner et celui du lendemain midi, la question qui ne cesse de lui venir en tête est celle de savoir comment elle va s'habiller. Il lui a certes dit qu'il n'y avait pas besoin d'exagérer, mais Karavel tient à être toujours présentable selon les lieux où elle se trouve. Elle se couche épuisée après avoir trouvé une tenue qu'elle qualifie de passe-partout.

Elle se réveille avec une lourdeur dans la tête, mal réveillée, elle ronchonne pour éteindre son réveil. En plus d'avoir mal dormi, elle s'est réveillée plusieurs fois. Elle se lève et se dirige vers la fenêtre pour ouvrir les rideaux. En regardant le village en contrebas, elle cogne sa tête contre la vitre. Il pleut encore sur Cotane, ce qui désespère Karavel qui doit s'habiller plus chaudement qu'elle ne l'avait prévu.

De sa fenêtre, elle a une vue imprenable sur le vieux village. Les bâtiments en pierre bordent les rues pavées étroites. Ce décor qui avait conquis le cœur de la jeune femme quand elle avait emménagé. Légèrement plus loin, l'église avec son clocher pointu qui domine le centre du village. Mais ce qu'elle apprécie encore plus dans sa vue matinale, c'est la forêt qui s'étend, dont les arbres cachent le manoir de Bowen. Mais avec la pluie, Cotane a des allures fantomatiques. Elle ne se sent parfois pas en sécurité, comme lorsque l'orage éclate pour fendre le ciel. Elle met cela sur le compte d'avoir trop d'imagination. Les intempéries lui rappellent ses nombreuses lectures où ces scènes sont synonymes de meurtriers en série, qui surgissent de nulle part.

À cette idée, elle frissonne. Elle finit de mettre son blouson kaki et claque la porte d'entrée du pied. En essayant d'ouvrir son parapluie à l'extérieur de l'immeuble en pierre, celui-ci refuse d'obtempérer. Elle force sur le bouton d'ouverture, et le bruit net du parapluie se fait entendre.

"Non !" s'écrie-t-elle en regardant les deux morceaux en plastique au sol. "C'est pas possible d'avoir autant de malchance !"

Dépitée, elle prend les quelques marches pour rentrer chez elle et lance le parapluie dans la maison. Une nouvelle fois face à la pluie, elle inspire et souffle à pleins poumons. La jeune femme se met à courir sous la pluie, une vingtaine de minutes la sépare de la bibliothèque. Elle manque de peu de glisser à plusieurs reprises sur les graviers du parking de la mairie, ainsi que sur les pavés décoratifs au sol des trottoirs. Devant la bibliothèque, elle se met enfin à sourire lorsqu'elle rentre et ouvre son sac.

"Heureusement que je pense à tout", affirme-t-elle en sortant une serviette de bain grise pour se sécher directement après s'être installée derrière son bureau.

Comme pratiquement tous les jours, elle ne voit personne. Lorsqu'elle s'est installée à Cotane, les habitants venaient régulièrement.elle a même fait l'objet d'un article du journal local lorsqu'elle a ouvert les portes de la bibliothèque pour la première fois, alors que l'endroit était fermé depuis plus d'une dizaine d'années. L'achat du bâtiment lui a coûté une somme conséquente, mais les documents cachent beaucoup de petits vices qui n'étaient pas inscrits lors de l'achat. Comme le toit qui paraissait refait, mais qui avait juste été rafistolé par endroits et recouvert d'une jolie peinture. Karavel sait très bien qu'elle aurait dû faire plus attention, mais elle était si pressée d'obtenir cet endroit qu'elle en paie maintenant le prix de son intrépidité et de sa jeune connaissance de l'époque.

KaravelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant