Chapitre 7

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La jeune femme passe deux semaines à se renseigner sur la famille Bowen, retournant les étagères de la bibliothèque pour trouver des livres historiques sur la ville. Les tables sont remplies de feuilles volantes autour de l'ordinateur qui ne s'éteint pas depuis deux jours.
Accompagnée d'un café noir, Karavel pose sa tête sur son bras, regardant la page d'accueil de la mairie.

"Rien n'est vraiment intéressant", souffle-t-elle en fermant les yeux.

Dans son sommeil, la clochette de la boutique se met à tintinnabuler. Une main lui caresse les cheveux, le souffle lourd près de son visage. Les lèvres craquelées murmurent deux petits mots qui s'évanouissent quand Karavel ouvre les yeux, en se frottant la joue. Elle remarque la porte vitrée entrebâillée, mettant en place ses cheveux, persuadée qu'elle était fermée à clé.
Elle retourne à ses feuilles, quand elle décide qu'il est temps d'aller voir par elle-même. Elle prépare son petit tour avec soin, en épluchant les journaux.

Vérifiant bien deux fois de suite que sa porte est bien fermée et plus aucun doute dessus, elle se met à marcher dans le village. Karavel n'est pas sortie de la bibliothèque depuis deux jours. Lorsque sa peau rencontre le soleil de l'après-midi, elle souffle un bon coup la main en visière pour contempler le paysage devant elle, observant les arbres feuillus qui se dressent devant elle comme des géants.

"C'est parti !", dit-elle en levant les mains en l'air.

Munie de la carte forestière qu'elle a empruntée à Églantine, Karavel s'aventure dans la forêt et suit le sentier balisé. À mesure qu'elle avance, le bois qui semble clairsemé au départ gagne en densité. Les arbres s'élèvent de plus en plus haut, leurs cimes se perdant dans les hauteurs. Leurs branches entremêlées forment un épais matelas de feuilles qui rafraîchit l'atmosphère. Karavel s'y abrite un moment pour reprendre des forces et finir sa gourde d'eau. Après de longues heures de marche, le son de l'eau qui s'écoule parvient à ses oreilles et quand elle sent l'odeur de la rivière vers laquelle elle marche, elle s'est qu'elle n'est plus très loin.

Ses chaussures s'enfoncent légèrement dans le sol granuleux alors qu'elle s'approche de la rivière, l'odeur de la terre humide flotte dans l'air. Karavel dévale la berge avec précaution en glissant sur le sable, son sac à dos lourd sur ses épaules. Elle atteint le bord de l'eau et s'arrête, observant le courant puissant, dû aux intempéries de ces derniers jours. L'eau est trouble et boueuse, les vaguelettes se brisent contre les pierres proéminentes qui sortent de l'eau. Tout en se relevant, dépoussiérant son pantalon, elle sort de son sac un des journaux pour retrouver l'endroit exact d'où a été prise la photographie de l'époque. Karavel avance toujours plus loin dans la forêt, jusqu'à ne plus réussir à distinguer le village de la forêt en se tournant. À multiples reprises, elle vérifie son réseau qui n'est pas disponible.

Sur la carte, elle peut voir qu'elle est à mi-chemin entre le manoir Bowen et le village. Mais la photographie ne correspond pas exactement à l'endroit où l'on aurait trouvé le corps de cet enfant. En fouillant dans les archives de la mairie, les revues des journaux locaux et les dires des habitants, elle s'est mise en tête de comprendre cette journée-là. Elle a beaucoup de mal à croire que Dean puisse l'avoir tué, alors elle préfère chercher de son côté, même si elle n'a pas de réponse au bout du chemin.
Karavel trouve un peu plus loin un passage de pierre dans la rivière, elle vérifie à plusieurs reprises avant de mettre le pied dessus. Au milieu de celle-ci, la jeune femme se baisse avec son journal et sourit enfin.

"Trouvé ! Alors c'est là que ça s'est passé", dit-elle en regardant le paysage.

Sa première remarque est que les pierres sont glissantes. Elle s'imagine deux enfants essayer de passer par là, et se rend compte qu'une glissade aurait effectivement pu causer un malheureux accident.
Karavel fait plusieurs tentatives en passant le chemin, d'un pas plus rapide comme essayant de faire l'équilibriste. Elle manque de tomber plusieurs fois, ce qui confirme ses pensées. N'importe qui pourrait se blesser sur ce petit chemin si la rivière est plus haute et plus forte.
Elle enlève son sac à dos pour le mettre devant sa poitrine, ranger la carte et la une du journal. Elle sort son téléphone pour prendre quelques photos qui ne lui seront peut-être pas d'une grande aide, mais elle mise sur quelques clichés pour l'aider à avoir une vue externe un peu plus tard.
Du moins, elle a vu ça dans quelques séries populaires et s'aide de ses nombreuses heures devant son écran pour jouer au détective en herbe.

KaravelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant