Chapitre 6

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“Lâche ton frère Dean !” qu'elle entend du haut des escaliers. La femme voilée d'un long chal transparent sur ses épaules se met à courir pied nue en dépassant Karavel. ‘’Ça suffit, tu lui fais mal ! Arrête Dean !” crie-t-elle.

La gifle que tu lui met Rosalie Bowen fait un bruit sourd. Sous les yeux larmoyants de Karavel qui reprend tout juste son souffle. Elle observe la scène de loin alors qu'elle se lève difficilement. La scène devant elle est étrange, la mère de famille prend son fils malade, dans ses bras dans un geste de balancier. Alors que Dean s’approche de Karavel pour lui tendre la main. Elle a un mouvement de recul, en remontant les marches sur les mains, aidée de ses pieds. Dean se baisse pour être à sa hauteur, essayant de la mettre en confiance. Il tend une seconde fois la main, sans un mot, tout en l’aidant à se relever.

Il l'aide à descendre les escaliers, alors qu'elle s'accroche à lui et enfonce ses ongles dans sa peau. Rosalie leur ordonne de sortir du manoir, pointant la porte. Du coin de l'œil, Karavel voit la tête de Robin se tourner lentement vers elle. Ses cheveux caramels comme ceux de son frère lui mordent les yeux, encadrant son visage pâle, un sourire froid se dessine sur ses lèvres qui articulent deux mots silencieux, ses lèvres bougeant à peine. Karavel n'essaie pas de comprendre. Elle se libère de l'emprise de Dean et se précipite vers la sortie, tout en claquant la porte massive du manoir.

Karavel serre ses habits contre elle. Dean lui ouvre le chemin jusqu'à un pick-up gris, garé un peu plus loin de la propriété. Le trajet se fait silencieusement dans la voiture. Les phares jaunes éclairent la route. La jeune femme joue avec ses manches, ses mains cachées dedans. L'homme à ses côtés l'observe silencieusement. Il fouille le tableau de bord et en sort un paquet de mouchoirs pour le lui donner. Il allume la radio pour installer un peu de bruit. La jeune femme regarde par la vitre jusqu'à apercevoir les premières maisons du village. Encore une vingtaine de minutes, et Dean tire sur le frein à main devant la bibliothèque.

« Je peux t'emmener jusqu'à… » commence-t-il, mais Karavel lui coupe la parole en claquant la portière du véhicule.

Il la regarde de son siège, alors qu'elle disparaît derrière la porte de la bibliothèque. La jeune femme ferme à clé derrière elle. Elle allume les lumières et fixe ses piles de livres dans les étagères. Sa main se pose sur sa gorge, glissant contre la porte. Sous l'épiderme de ses doigts, elle sent les griffures que lui ont causées les ongles de Robin. Elle ne sortira pas de sa boutique de la nuit, rassurer par l'odeur des livres autour d'elle, à lire des histoires enfantines pour se rassurer.

Quand Karavel lève la tête d'un énième roman, elle plisse les yeux vers la baie vitrée à la vue des rayons du soleil, qui s'infiltre dans la boutique. Gênée par la luminosité, elle tire légèrement les rideaux pour couvrir la vitre principale. Elle range les livres qu'elle a lu durant la nuit, quand deux coups à la porte la fait sursauter.

‘’Kara ? T'es là dedans ?’’ qu'elle entend de l'extérieur.

À la voix de son amie, elle pose le livre en main sur le comptoir. Elle souffle un bon coup pour tiré le rideau qui cache partiellement le soleil. Elle s'arrête, le sang glacé par la chose sombre qui apparaît devant elle dans le reflet de la porte vitrée. Le visage de son amie se recouvre de celui d'une ombre qui grandit, Karavel ne peut pas quitter cette chose devant elle, qui disparaît aussitôt quand la main de Camille se met à bouger d'un coup devant ses yeux.

‘’Kara ? Tu vas bien ?’’ essaie la rousse devant elle pour la sortir de son état stoïque. ‘’Kara, ouvre la porte s'il te plaît.’’

Karavel tourne la poignée, la main tremblante pour laissé entrer Camille. Celle-ci la regarde inquiète, venant lui toucher la joue.

KaravelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant