Alana
Encore éberluée et sous le choc, j'entends encore la voix de Côme en train de jurer.
Je m'oblige à reprendre mes esprits et enjambe les éclats de verre pour sortir.
J'ai un haut-le-cœur quand mon regard se pose sur le corps au visage écrasé de Loger, son œil sortant de son orbite et quelques dents traversant sa peau. À quelques mètres, le corps sans tête de son binôme tapissait le gazon. Je ne peux pas me retenir : je vomis.
— Je t'ai dit de ne pas bouger ! crie Côme.
Je m'essuie la bouche avec ma main, mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Une bête atroce, sortie tout droit d'un conte, était dressée sur ses pattes.
Côme, pas du tout effrayé, rumine encore avec des jurons.
Mais la bête tourne la tête, et ses yeux de lynx s'arrêtent sur moi. Et dès cet instant, sans que je puisse m'en apercevoir, elle est déjà devant moi, prête à me tuer. Je n'ai pas le temps de réagir qu'elle saute sur moi et me bascule en arrière. Ma tête heurte le sol, ce qui me fait grincer des dents. Sa patte en forme de main m'appuie fortement contre le sol. Ma poitrine a du mal à se soulever pour respirer. Des larmes se mettent à couler ; je ne peux plus bouger. Avec mes mains, je cherche désespérément à me débattre. Sa patte s'empare aussitôt de mon cou pour le serrer fortement. Juste au moment où j'ai cru exploser, sa tête est coupée nette par une lumière dorée et roule sur le sol. Quant à son tronc, il tombe droit sur le côté. Toujours par terre, j'essaye de reprendre mon souffle, mais ma cage thoracique me fait mal à chaque inspiration. Mes yeux brûlent tellement que j'ai envie de les fermer. Mais une voix me fait sortir de ma somnolence.
— Tu vas bien ?
Si je vais bien ? C'est quoi ce bordel !
La bête féroce se réduit en cendres et s'évapore dans l'air.
— Côme !
— Je suis là ! crie Côme, presque trop près de mes oreilles.
Après ces paroles, je suis soulevée en une demi-seconde. Ma tête fond délicatement contre quelque chose de dur ; je me sens en sécurité. Les bras qui entourent mon corps dégagent une douce chaleur, et un parfum céleste vient embaumer mon être. Inondée par toutes ces émotions, mon corps se laisse aller et mes paupières tombent.
Je me réveille dans un champ, l'air est frais et l'herbe est douce. Le soleil laisse passer quelques rayons sur mon visage. Au loin, je perçois un grand manoir et une cour où des jeunes filles sont en train de jouer. Elles font de la balançoire, du foot, ou dessinent à la craie. Je les reconnais, ce sont mes amies, je cours vers elles. Laura, ma sœur, est assise sur un banc, en train de pleurer. Je la rejoins.
— Laura, qu'est-ce qui se passe ?
Elle enlève ses mains de son visage, et de ce geste, un coup de tonnerre résonne, le soleil décline et des nuages apparaissent. Elle a des marques de griffures, et ses yeux sont gris. Elle se jette dans mes bras en sanglotant et essaye de me dire quelque chose à l'oreille, mais je ne comprends pas. Un autre coup de tonnerre vibre, et en un claquement de doigts, je me retrouve dans un autre endroit. C'est une salle de bain, avec de vieux carreaux blancs. Une femme est de dos dans une baignoire. Une colère noire s'empare de moi, mon bras se lève tout seul et ma main entame une certaine gestuelle. L'eau de la baignoire commence alors à s'élever. La femme, surprise, se retourne dans tous les sens, mais soudain ma main se referme sur elle-même, et l'eau plonge par tous les orifices de la femme. Une force jaillit de moi ; cela est presque jouissif. Sa tête en arrière et les membres tendus, elle pousse sa dernière plainte avant de laisser tomber son corps dans l'eau.

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Entre les mondes
FantasiAlana pensait mener une vie ordinaire, loin des intrigues et des dangers. Mais tout bascule lorsqu'elle découvre qu'elle est l'héritière d'une lignée royale oubliée... et qu'elle est promise à un prince qu'elle déteste autant qu'il la fascine. Propu...