Taylor fixait un point à l'horizon, le regard vide. Il était en bord de mer avec ses amis mais il n'écoutait pas leur discussion. Et c'était ainsi depuis plusieurs jours, depuis l'anniversaire de Jules. Il n'arrivait à se concentrer sur rien, son esprit était embrouillé à lui en donner un mal de crâne continuel. Il n'arrivait plus à dormir et l'angoisse lui avait fait perdre l'appétit. Il oscillait entre une myriade d'émotions, sans parvenir à les identifier complètement et ça commençait doucement à le rendre fou.
La seule chose qui était très claire dans sa tête et qui lui éclatait au visage dès qu'il fermait les yeux était la sensation des lèvres de Cayden contre les siennes. Il ne parvenait pas à l'oublier, ça le hantait à chaque seconde et il n'arrivait pas à déterminer s'il voulait la retrouver ou la fuir. Il était obnubilé et pourtant, il se détestait d'y penser encore.
Il n'avait pas reparlé à Cayden depuis qu'il l'avait jeté hors de sa chambre. C'était au-dessus de ses forces et pourtant, son ami lui manquait terriblement. Taylor ne se sentait pas encore prêt à parler, il était incapable de mettre ce qu'il ressentait au clair et cela commençait à lui peser. Plus que tout, il était terrifié à l'idée que quelqu'un ait vu la scène et que cela arrive aux oreilles de sa famille.
Ce n'était même pas que pour lui. Bien sûr qu'il avait peur de se faire renier par ses parents, de se faire mettre à la porte mais il pensait aussi à Cayden... Il serait rejeté par les Moore sans hésitation si cela venait à se savoir et Taylor savait à quel point Cayden était attaché à sa famille. Il s'en voulait, quelque part, d'avoir pris le risque de lui faire perdre cela en l'embrassant. Mais si c'était à refaire, le referait-il ? Il s'était plusieurs fois posé la question, depuis cette soirée.
Et la réponse était toujours la même : oui. S'il était honnête avec lui-même, Taylor devait l'admettre. À cette pensée, son cœur s'accéléra et une bouffée d'angoisses le saisit. Il étouffait, il avait chaud et cela n'avait rien à voir avec la chaleur propre à Tahiti. Se levant brusquement, ignorant les interrogations de ses amis, il s'éloigna un peu du groupe pour souffler. Une main sur le torse, il inspira profondément avant d'expirer lentement.
— Eh mec, ça va ?
Taylor se tourna. Jules venait d'arriver à ses côtés, l'air sincèrement inquiet.
— Ouais. Ouais t'inquiètes, c'est juste... J'suis fatigué.
La fatigue, l'excuse miracle pour tout. Taylor en abusait depuis des jours, notamment auprès de sa mère qui avait bien remarqué qu'il n'était pas en forme. Mais la justification des cours et du travail en entreprise semblait suffire, aussi n'allait-il pas chercher plus loin. Jules, pourtant, ne parut pas convaincu et plissa les yeux.
— T'es sûr ? T'es ailleurs depuis des jours.
— La pression de la L3, c'est rien...
— Mouais, ça a pas plutôt un rapport avec mon anniv' et le fait que t'as disparu avec Cayden pendant un moment ?
Taylor fixa Jules sans parvenir à cacher sa stupéfaction. Son visage se décomposa et il serra les poings pour cacher le tremblement de ses mains. De nouveau, un poids s'écrasa sur sa poitrine et il recula de quelques pas, la respiration difficile.
— Eh, souffla Jules d'un ton inquiet, Tay' calme toi, c'est pas un jugement, je m'inquiète juste pour toi.
— C'est pas... J'étais...
Taylor se laissa tomber sur le sable, assis. Il ferma les yeux quelques secondes, s'efforçant de se calmer. Ne pas laisser la panique gagner, prendre le contrôle de ses pensées... Rester serein, garder les idées claires. Il prit quelques gorgées d'air, essayant de libérer son thorax de la charge qui le comprimait. Jules vint prudemment s'asseoir près de lui et, dans un geste un peu gauche, lui tapota le dos pour le rassurer.
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Les embruns sur nos joues [BXB]
RomanceTout le monde a une seule et unique âme sœur. Et quand on a de la chance, on la rencontre. (Michael Connelly) La vie ressemble à l'océan. Tantôt calme, tantôt agitée, elle malmène parfois les personnes qui essaient de ne pas s'y noyer. Depuis bien...