CHAPITRE SEIZE.

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Vocabulaire du chapitre :

tō 'u here = mon chéri

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La pluie avait cessé. Debout sur le perron, encore en pyjama, Taylor contemplait l'extérieur d'un air morne. La tempête avait abîmé le chemin, des feuilles de palmiers et des algues traînaient un peu partout sur le sol. Le sable, d'ordinaire si fin et doré, était plus compact et d'un marron terne à cause de l'humidité. La seule chose agréable était cette odeur de fin de pluie, d'après orage, que Taylor adorait. Il prit une grande inspiration et retourne à l'intérieur.

Cayden était en train de faire couler du café. Taylor arriva dans son dos et l'enlaça, posant son menton sur son épaule. Il embrassa doucement sa mâchoire, ses doigts traçant de petits cercles sur son ventre en même temps.

— J'veux pas rentrer chez moi.

— Je sais marama.

Taylor fit la moue et enfouit son visage dans le cou de Cayden. Il déposa quelques baisers sur sa peau. Ces deux derniers jours avaient été hors du temps. Ils n'avaient pas fait grand-chose à part profiter de la présence l'un de l'autre. Ils avaient traîné au lit, regardé des films, joué aux jeux vidéo. Ils avaient beaucoup parlé, aussi. De leurs espoirs, de l'avenir. Taylor se projetait totalement dans cette relation.

Il n'imaginait pas une vie sans Cayden. Il ne l'avait jamais imaginé. Depuis ses douze ans, il était intimement convaincu que Cayden et lui resteraient dans la vie l'un de l'autre pour toujours. Il en était encore plus persuadé désormais. Plus il évoluait dans son couple, plus il se rendait compte que c'était tout ce dont il avait toujours rêvé, sans oser se l'avouer.

Il y avait quelque chose de très brut dans cette réalisation. Taylor n'arrivait pas à comprendre comment de tels sentiments avaient pu rester enfermés, en sommeil, pendant des années. Il savait le déni puissant – il le voyait au quotidien avec sa mère qui se prétendait heureuse – mais à ce point ? Il en était étonné. C'était comme s'il ouvrait les yeux pour la première fois. Sa vision était différente désormais.

— Pour l'moment, souffla Cayden en caressant ses bras, on va s'prendre un café, se réveiller tranquillement, d'accord ?

— Ouais.

Taylor se détacha de Cayden pour saisir la tasse de café qu'il lui tendait. Ils allèrent s'asseoir, boissons en main, sur la terrasse du jardin. L'air s'était légèrement rafraîchi suite à l'orage et le vent frais leur fit du bien. Taylor leva les yeux vers le ciel.

— On peut revenir deux jours en arrière ? marmonna-t-il, boudeur.

Cayden eut un petit rire et se pencha pour embrasser sa joue.

— J'aimerais aussi. Mais faut avancer... Tu l'as dit, ils peuvent t'forcer à rien. Sois sûr de toi, montre leur qu't'es confiant. C'est tout c'que veut ton père : voir quelqu'un de stable et campé sur ses positions.

— Mh, il aime pas tellement qu'on lui tienne tête...

— Mais il en a b'soin. C'est comme ça qu'tu lui prouveras qu't'as les capacités de gérer ta vie et l'hôtel.

— Comment tu fais pour me rassurer en quelques mots ?

Cayden sourit. Il effleura les lèvres de Taylor avant de s'en emparer quelques secondes, sa main libre se glissant sur sa joue.

— Parce que j'te connais par cœur, marama. Avant d'être mon mec, t'es mon meilleur ami. Et ça, ça changera jamais.

— Quelle chance il faut dans une vie pour rencontrer quelqu'un comme toi...

Les embruns sur nos joues [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant