Chapitre 6

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Mon weekend de travail aura fortement été réduit. Difficile de réviser lorsqu'on n'est pas chez soi. Difficile lorsque je passe la nuit chez Kaïs. Une nuit chaste, étrangement.

Nous nous sommes embrassés. Beaucoup. Nous nous sommes caressés. Beaucoup. Mais sans que je ne m'explique pourquoi, je n'ai pas réussi à franchir le dernier pas. Je veux dire, je ne suis pas vierge. J'ai déjà couché avec des garçons dès le premier soir. Parfois même en sachant très bien qu'il n'y aurait pas de second rendez-vous. Je ne suis pas une sainte-ni-touche. Et puis, je connais Kaïs. Je sais qu'il aurait été correct. Il l'a été, d'ailleurs, puisqu'à aucun moment il ne m'a fait sentir que je le décevais ou qu'il était frustré.

Je me suis endormie dans ses bras, en cuiller. Nous étions en sous-vêtements, je sentais donc très précisément son désir contre mes fesses. Pourtant, je ne voulais rien de plus. Juste ses bras. La chaleur de son corps contre le mien. Ses lèvres dans mon cou. Sa langue contre la mienne. Ses mains sur ma peau. Tout ça, oui. Mais pas de sexe.

Je dois être malade ?

Ou alors, j'ai vraiment, juste besoin d'affection ?

— On se voit demain ? dis-je avant de plaquer de nouveau mes lèvres sur les siennes.

J'aime ses lèvres ! J'aime aussi son parfum, mais ça, je le savais depuis longtemps. Tout comme je savais que je le trouvais beau. Le goût et la texture de ses lèvres, ça c'est nouveau.

— Je pourrais t'appeler, plus tard quand même ? demande-t-il d'un air penaud.

— Moi, je t'appelle, je réplique. Mais plutôt ce soir. Quand j'aurai fait ce que j'ai à faire.

Eh oui ! Après un samedi de balade dans le quartier de Bastille et de farniente sous la couverture devant Netflix dans les bras de mon petit ami, j'ai du boulot en retard. Alors, je vais mettre mon téléphone en mode avion pour avoir la paix toute la journée. Je ne me suis pas levée tôt pour passer mon temps au téléphone ou à répondre à des textos. Kaïs me connait, il comprend et acquiesce.

Je passe donc mon dimanche à tenter de rattraper mon retard sur mon programme du weekend, ce qui n'est pas évident. D'autant que mon esprit digresse régulièrement vers Kaïs. Il essaie de comprendre pourquoi. Pourquoi maintenant ? Kaïs n'ayant rien fait de plus que d'habitude, je n'arrive pas à savoir si j'ai craqué parce que j'en avais vraiment envie ou si c'est le matraquage d'Alizé qui a fini par faire effet. Auquel cas, je sais que Kaïs finira par en souffrir.

Notre relation est toute neuve. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais si je me suis mise en couple avec lui pour faire plaisir à ma copine, il n'y a à peu près aucune chance que ça dure entre nous. Surtout que je m'en veux déjà de penser à lui au lieu de m'investir dans mes révisions.

Je passe donc une partie de mon après-midi à pester contre moi-même. Bien entendu, je n'avance pas assez vite sur mes devoirs et révisions et, par conséquent, je suis un peu tendue lorsque je me force à appeler Kaïs en début de soirée.

Je découvre d'ailleurs que j'ai bien fait de passer en mode avion, car il m'a envoyé plusieurs SMS, mignons, pour m'encourager dans mon travail.

— Tu sais, lui dis-je après quelques échanges, si je te dis que j'ai besoin de bosser, mais que tu m'envoies des messages, ça me dérange quand même.

Il y a un moment de flottement et je me mords la langue. Ses messages étaient attentionnés et ce n'est que notre deuxième jour ensemble.

Un peu de diplomatie ne ferait pas de mal, Léo !

Kaïs s'excuse pourtant, sans se vexer. Il me demande où j'en suis et je lui avoue que j'ai toujours du retard. Il raccroche ensuite rapidement, content d'avoir entendu le son de ma voix. Et je m'en veux encore un peu plus. Voilà exactement le genre de raisons pour lesquelles je ne voulais pas de mecs pendant mes études !

Instinct de survie - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant