Chapitre 25

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Le lendemain, alors que le réveil d'Alizé se met à sonner, je réalise que je n'ai probablement pas dormi plus de deux heures. Je suis terriblement fatiguée et incapable de suivre le moindre cours. Je conviens donc avec les filles de rentrer chez moi, avec mon escorte, pour essayer de trouver le sommeil. J'irai en cours cet après-midi. J'imagine qu'avec le buzz qui a eu lieu sur les réseaux sociaux, il ne sera pas bien difficile de convaincre les professeurs que j'ai besoin d'un peu de repos.

Alizé m'assure qu'elle prendra des notes propres pour que je puisse ensuite rattraper les cours que nous avons en commun. Je la remercie chaleureusement et quitte l'immeuble en même temps qu'elle et Esthel. En revanche, je monte dans la voiture de police qui me raccompagne à la maison. Au pied de mon bâtiment, l'inspecteur Tagbo attend avec un autre collègue à lui.

— Nous allons prendre la relève, m'annonce-t-il en m'accompagnant dans la cage d'escalier juste après que j'ai salué ses collègues de la nuit.

De nouveau, le protocole est minutieusement respecté. L'inspecteur Tagbo entre le premier, fait le tour de toutes les pièces avant de ressortir pour m'annoncer que la voie est libre. J'aime lorsqu'il dit « toutes les pièces ». J'ai une pièce. Certes, j'ai une salle de bain et des toilettes séparés, mais tout de même.

— Et si jamais il y avait quelqu'un ? je demande. Il se passerait quoi ?

— Je le mettrais aux arrêts.

Sa réponse est tellement évidente à ses yeux que je n'ose pas le contredire et me contente de lui sourire.

— Où est votre téléphone portable ? me demande l'inspecteur Tagbo.

Son collègue, un blanc d'une quarantaine d'années, attend devant ma porte grande ouverte, les yeux braqués vers l'escalier.

— Dans ma poche, pourquoi ?

Il veut que je lui donne et y compose son propre numéro pour faire sonner son portable personnel.

— Enregistrez-le en numérotation rapide, m'ordonne-t-il. Si vous ne faites qu'apercevoir une ombre suspecte, vous m'appelez. Que ce soit moi de garde ou un autre, peu importe. Je n'éteins jamais mon téléphone.

— Euh... d'accord.

Il a décidément le don de rassurer les gens, celui-là.

Dix secondes plus tard, les deux policiers sont hors de mon studio. Je me décide à prendre une douche bien chaude pour me délasser un peu avant d'aller au lit. En général, la chaleur m'aide à me détendre. J'ai encore du mal à croire que je vais devoir vivre avec des gardes du corps H24. Combien de temps, d'ailleurs ? Il y aura bien un moment où il sera évident que je suis hors de danger ?

Je décide d'oublier tout ça, au moins le temps de la douche. Pour m'y aider, je me replonge dans mon dernier cours en pensées. C'est assez efficace. Mon cerveau est tellement mobilisé à retrouver les détails du cours qu'il ne peut pas digresser.

Une fois ma douche terminée, j'enfile rapidement une culotte et une chemise de nuit en coton et me dirige vers la fenêtre directement en face de mon lit pour fermer les volets. C'est là que je remarque que la fenêtre est ouverte. Elle était fermée à mon entrée dans la salle de bain, j'en suis certaine.

Mon cœur s'emballe lorsque je réalise que j'ignore où se trouve mon téléphone. À quoi bon la numérotation rapide si je n'ai pas accès à mon téléphone ?

— C'est moi, entends-je soudain dans mon dos.

Je sursaute, même si j'ai reconnu la voix de Mal. Comment a-t-il fait pour être dans mon dos sans que je le voie ? Et comment a-t-il pu ouvrir ma fenêtre de l'extérieur ? C'est un magicien, en plus d'un proxénète ?

Instinct de survie - T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant