Il semble que Maloé n'a pas menacé mes autres professeurs. Encore heureux. En tout cas, si c'est le cas, aucun ne m'a fait de remontrances. Le reste de la journée s'est déroulé dans une ambiance assez étrange. J'ai beaucoup insisté auprès d'Alizé pour ne plus reparler de cette histoire de menace. En tout cas, pas dans l'enceinte de la fac. Je ne veux surtout pas que tout ça revienne aux oreilles de Kaïs. Si Alizé comprend, bien entendu, je sens bien qu'elle désapprouve mon comportement. Avec n'importe quel autre mec, ça n'aurait été qu'une aventure de plus, mais Kaïs est son frère et c'est normal que les choses soient différentes avec lui. Malgré ça, elle accepte de me couvrir et ne rien dire en sa présence.
Il est évident qu'une fois de retour chez elle, avec Esthel, ce sujet sera l'un des premiers qu'elles aborderont. Cela ne loupe d'ailleurs pas, le soir, j'ai droit à un appel en visio avec mes deux copines. Esthel a besoin d'entendre de ma bouche qu'Alizé n'invente rien et que ma vie à basculer dans un film à suspense.
Lorsqu'en plus, j'ajoute que j'ai eu plusieurs fois l'impression d'être observée ou suivie, Esthel s'inquiète sérieusement.
— Tu devrais pas aller voir la police ou quelque chose ? demande-t-elle.
— Pour quoi faire ? je l'interroge. Leur dire que mon amant menace mes profs et me suis en cachette dans la journée ?
— Tu crois que c'est lui qui te suit ? s'étonne Alizé.
— Je ne suis même pas certaine d'être suivie, en fait, je relativise. Mais si jamais c'est le cas, je ne vois pas qui ça pourrait être d'autre.
— Genre, c'est un mec hyper possessif ? s'inquiète Esthel.
— J'espère pas, je soupire.
La vérité est que je suis tiraillée à ce sujet. D'un côté, j'ai envie que Mal soit tellement accro qu'il me surveille pour ne jamais me quitter des yeux. C'est flatteur, je trouve, de déclencher ce genre de sentiment chez autrui. Malgré tout, ce n'est pas très sain comme comportement, j'en suis parfaitement consciente. Si une de mes copines m'apprenait que son mec la suit toute la journée, je l'encouragerais à fuir le plus vite et le plus loin possible.
— Mais de toute façon, je reprends, je ne suis sûre de rien. Je n'ai vu ni Mal ni personne de suspect. C'est juste une drôle de sensation parfois.
— Avec la matinée de malade que tu as eue, c'est pas tellement étonnant d'être un peu parano, réplique Esthel.
Le lendemain, la journée retrouve une étonnante, mais rassurante, banalité. Je suis à l'heure à tous mes cours. Nous avons des discussions normales avec Kaïs et les filles à chaque fois que nous nous croisons. Je ne vois pas beaucoup Kaïs, cela dit. Nos moments de disponibilités ne s'accordent pas, aussi suis-je réellement contente de le voir débarquer à la boulangerie, une demi-heure avant la fermeture.
— Bonjour, madame la boulangère ! déclare-t-il tout sourire, en pénétrant dans la boutique.
Je souris de toutes mes dents.
— Je t'ai déjà dit que je ne suis pas la boulangère, je réplique à mi-voix. Tu vas me faire avoir des ennuis à force.
— Écoute, me dit-il avec un air professoral. Tu travailles dans une boulangerie : tu es une boulangère. Point barre.
— Que puis-je pour toi ? j'élude alors que Marion passe dans mon dos.
— Je réfléchis encore un peu, dit-il lorsqu'un homme entre à son tour dans la boutique. Occupe-toi du monsieur d'abord.
Sans un mot de plus pour Kaïs, j'accueille le nouveau client. Lui sait précisément ce qu'il veut : deux baguettes aux céréales et un pain complet tranché. Une fois qu'il quitte la boutique, je m'adresse de nouveau à Kaïs.
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Instinct de survie - T.1
Mystery / ThrillerLéonora pensait son destin tout tracé. Étudiante en première année de master en droit, elle allait devenir avocate ou peut-être juge aux affaires familiales, s'installer dans une petite maison tranquille et avoir une vie de famille bien rangée. C'é...