Instinct de survie - T.1

Chapitre 31

Nous roulons pendant un bon moment dans le silence. J'avoue avoir piqué du nez un certain nombre de fois, mais je ne suis pas certaine d'avoir vraiment dormi. Mal nous arrête devant un hôtel au bord de l'autoroute. Il me demande de rester dans la voiture pendant qu'il réserve une chambre. J'ai beau m'être nettoyée et avoir changé de t-shirt, j'ai toujours le nez et la lèvre enflés et bleus.

Après quelques minutes, nous entrons dans notre petite chambre avec une minuscule salle de bain. Je découvre que Mal a emporté une petite valise avec lui.

— Je t'ai pris quelques vêtements en route, m'annonce-t-il avec le sourire.

Je jette un œil et découvre des sous-vêtements plutôt aguicheurs, deux jeans et deux t-shirts. Le tout semble être à ma taille. Je le remercie avant de me diriger vers la salle de bain pour me récurer. Je passe un long moment sous le jet chaud de la douche, oubliant la fatigue pour un moment. Je suis enfin libre. Grâce à Mal.

Tout en me frottant avec énergie, je me rends compte que je suis prise entre deux sentiments opposés. D'abord, une gratitude immense pour mon sauveur, mais également une sorte de répugnance étrange. C'est un tueur, après tout. Un assassin. Il tue des gens pour vivre !

Comment puis-je sciemment décider de rester avec un homme pareil ? C'est impossible. Je ne parle même pas du fait que je veuille devenir juriste. D'un simple point de vue morale, je ne cautionne pas ce genre de vie. Quels que soient mes sentiments pour lui, je ne peux pas imaginer une aventure avec Maloé. Et pourtant, j'ai la certitude d'être amoureuse de lui. C'est bien pour ça que c'est si difficile de décider de lui dire adieu.

Au sortir de la douche, je choisi de porter le shorty qu'il m'a acheté. J'avais le choix entre ça ou un string. Je ne sais pas vraiment à quoi il pensait en achetant ça, mais j'ai tout à fait autre chose en tête que plaire à monsieur. Le soutien-gorge est un tout petit peu trop grand, mais je dois avouer qu'il a le compas dans l'œil. Je le rejoins de l'autre côté de la chambre pour finir de m'habiller.

Son regard sur moi est sans équivoque : même avec mon nez comme une patate, je lui plais. D'un autre côté, son regard ne s'est pas vraiment posé sur mon visage.

— Je ne veux même pas savoir ce que tu imaginais qui allait se passer, je déclare en lui balançant le string. Est-ce que tu as la moindre idée de ce que je viens de vivre ?

— Tu me l'as raconté, Léo, me répond-il d'un ton détendu.

Il a ôté son uniforme noir et se contente d'un boxer et un t-shirt noir ultra moulant. Il est en train de changer son bandage, assis sur le bord du lit.

— Alors tu t'imagines que ça ne me fait rien et que toi et moi on va se la couler douce, maintenant que tu m'as sauvée.

Il me sourit de son air suffisant et j'attrape un jean que j'enfile. Il est un peu serré à la taille, mais me va plutôt bien.

— Tu n'es pas encore tout à fait sauvée, me contredit-il.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? je m'interromps un t-shirt dans les mains. Tu ne me ramènes pas chez moi ?

— En effet, tranche-t-il. Ce serait une grave erreur. C'est par là qu'ils vont commencer. Je dois éliminer la menace d'abord. Il n'y avait que quelques hommes de mains, là-bas.

Je le corrige en précisant que j'ai vu un type qui devait être leur chef. Mal m'explique alors qu'il n'y avait qu'une petite douzaine d'hommes et aucun chef. Pire, selon lui, c'est bel et bien une femme qui est à la tête de cet enlèvement. Certes, elle s'est alliée avec un groupe, mais c'est elle qui dirige dans l'ombre. Même s'il avait éliminé cet homme, cela n'aurait rien solutionné.