Chapitre 15 : Lions contre Serpents.

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Les élèves commençaient déjà à s'installer dans les tribunes, ou du moins, c'est ce qu'Albus pensait en entendant résonner depuis les gradins au dessus du vestiaire, pendant que les garçons se changeaient. Tous avaient presque achevé de revêtir l'uniforme sportif des Gryffondor -composé d'un pantalon beige, de grande bottes en cuir et d'un pull aux couleurs de leur maison- quand Audric commença à leur donner leurs capes, fraîchement reçues par un hibou qui venait de se poser sur un banc.

_Potter, Appela-t-il, avant de lancer le vêtement dans sa direction. 

Albus attrapa au vol la masse de tissu rouge avant de la déplier. Sur les manches et les côtés étaient dessinées deux bandes dorées, et son nom était brodé d'un fil de la même couleur, au dessus du numéro 8, tranchant avec la couleur rouge du reste du vêtement. Malefoy venait également de recevoir la sienne, portant le numéro 11. Les deux garçons échangèrent un sourire, avant d'enfiler la cape si rapidement que l'un d'eux aurait pu la craquer, cédant à l'excitation qu'elle leur procurait. Pendant quelques secondes, ils redevenaient les enfants qui venaient d'ouvrir leur cadeau de Noël, pour constater qu'ils avaient eu exactement ce qu'ils voulaient.
Audric les briefa un court instant dans une petite salle à côté de l'entrée du terrain. L'équipe resta face au tableau noir, sur lequel leur capitaine représentait la stratégie qu'ils allaient aborder. 

_Le premier match n'est pas le plus simple. Vous allez vous retrouver contre des Serpentar qui veulent autant décrocher la victoire que vous. Je ne vous donnerais qu'un seul conseil : N'ayez aucune pitié, dit Audric, avant de se poster devant l'entrée. Eux n'en auront pas!

Il fit rapidement imité par le reste de l'équipe qui chuchotait. 
"Aucune pitié", se répéta Albus à  lui même. Il ferma les yeux pour se concentrer. Il pouvait le faire. Même s'il avait peur. Et si un cognard se précipitait sur lui, il devrait faire en sorte de ne pas tomber. Il devait se cramponner à son balais pour ne pas se rendre ridicule. Quel bon conseil lui avait donné Ron! De toute façon, il avait été choisi pour ça. L'équipe comptait sur lui. Il devait attraper le vif d'or. Il devait gagner. 
La voix de Londubat résonna dans tout le stade. Il fit un bref discours, avant de rappeler les règles à l'ensemble des élèves présents, puis de faire entrer les Serpentar.

_La maison Serpentar affrontera les Gryffondor! Cria-t-il.

A l'entrée, tout le monde enfourcha rapidement son balais et décolla. Dès leur apparition dans le stade, les élèves applaudissaient, criaient, et tapaient des pieds. L'euphorie générale se manifestait dans les gradins rouge et jaune, tandis que le silence et même quelques sifflements se faisaient entendre du côté des serpents. Malgré le fait que leurs maisons respectives ne disputaient pas le match, les Serdaigle et les Poufsouffle étaient également présent. Finnigan se tenait près de Londubat, dans les gradins les plus hauts, en compagnie des autres professeurs. Il n'avait pas failli à sa promesse : Il était bien là, une écharpe aux couleurs de son ancienne maison autour du cou. McGonagall souriait fièrement à ses côtés, et Slughorn semblait gêné par les cris du Professeur Lovegood, debout. Lee Jordan présenta alors la pointe de sa baguette à sa gorge, prêt à commenter le moindre fait et geste des équipes, et fit un signe de tête à Madame Bibine, qui s'avança difficilement sur le terrain avec la grosse malle qui renfermait toutes les balles. 
Albus prit alors le temps d'examiner ses adversaires. Il n'en connaissait que quelques uns. L'un des poursuiveur était en première année et s'appelait Pete Grassmann. Il avait aussi déjà remarqué Jordan, le gardien, devant une des salles de Lupin, l'une des rares fois ou il l'avait accompagné en classe. Mais celui qui retenait le plus son attention, c'était Evan McLaggen. Un  jeune garçon charismatique de première année également, et sans doute le plus arrogant qu'Albus avait rencontré depuis la rentrée. Il fut soudainement prit de panique lorsqu'il croisa le regard de ce garçon, qui, sûr de lui, souriait à pleines dents.
Madame Bibine ouvra la grosse malle en cuir, et les cognards volèrent droit vers le ciel, avant de commencer à faire leur chemin dans tous les sens, tandis que le vif d'or décollait de la main pâle du professeur.

_Les cognards et le vif d'or sont lâché! Commenta Lee. 

La femme aux cheveux gris se pencha alors pour ramasser difficilement la souaffle, et regarda vers le haut. Elle ressembla alors toute sa force et, dans son élan, jeta la lourde balle le plus haut possible.

_Et la souaffle est lancée! Que le match commence! 

A peine Lee eu-t-il terminé sa phrase que tous les joueurs partirent dans une direction opposée, à l'exception des poursuiveurs qui, eux, se dirigeaient tous vers la souaffle. Albus eu du mal à réaliser que lui aussi devait poursuivre une balle. Sa balle. Le vif d'or était si rapide qu'il lui était pour le moment impossible à repérer, tout comme pour Evan, qui semblait également le chercher, à sa manière. Toujours en ouvrant grand les yeux, le fils du survivant se décida tout de même à avancer, de manière à laisser la voix libre aux poursuiveurs de Gryffondor, qui avançaient déjà à toute allure vers les buts des verts et argent. Charlie passa entre deux adversaires et s'empara de la souaffle que venait de lui passer Aubrey, avant de la lancer d'une force incroyable vers les buts.

_Dix points pour Gryffondor! Hurla le commentateur. 

Les trois poursuiveurs eurent un moment d'Euphorie, en chœur avec les cris et applaudissements des élèves, tandis que Jordan grimaçait, n'étant pas parvenu à stopper la balle avant qu'elle ne rentre dans le but le plus haut. L'ambiance était électrique, si bien que les joueurs avaient du mal à s'entendre lorsqu'ils se criaient les consignes. Quelques minutes seulement à peine, un but fût marqué, suivit par un son de cloche et d'un commentaire qui indiquait l'attribution de dix points aux Serpentar. Albus jura. Il ne devait pas les laisser gagner! 
Reprenant ses esprits, il chercha encore une fois le vif d'or, sans le voir. Il décida alors de s'élancer sur le terrain dans tous les sens pour le repérer, en prenant soin d'éviter les cognards. Il avait retrouvé cette sensation de liberté et de légèreté qu'il éprouvait chaque fois qu'il prenait son envol sur un balais. Albus se sentait presque invincible. Il ne pouvait pas perdre, pas avec cet état d'esprit. 

_Albus! Le vif d'or! Hurla Audric, en passant à toute vitesse non loin de là. 

Le capitaine tendait le bras, et désignait de son index la petite balle dorée qui virevoltait près des gradins des professeurs. Elle se déplaçait si rapidement que le jeune attrapeur eu du mal à la repérer, malgré le fait qu'il ouvrait grand les yeux vers la direction indiquée, puis, il fonça. Averti par la soudaine rapidité de son adversaire, Evan se dépêcha de le suivre, manquant de percuter un poursuiveur des Gryffondor, et vint se coller au numéro 8 de l'équipe rouge. Les deux garçons à présent au coude à coude se faufilaient à une vitesse fulgurante au travers de leurs coéquipiers, évitant tantôt les cognards, tantôt les gradins. La foule hurlait pour les encourager. Les élèves ne tenaient plus en place. 
Quelque part dans la masse d'élèves, Albus repéra Rose et Victoire, criant à n'en plus pouvoir.
Le petit objet doré tentait tout et n'importe quoi pour empêcher les deux jeunes garçons de le saisir : Le vif d'or s'approchait dangereusement des limites du terrain, frôlait les gradins, tentait quelques figures abracadabrantesques et se faufilait même entre les élèves qui étaient venus voir le match. 
Tout à coup, la balle piqua un sprint vers le sol, si bien que les deux attrapeurs durent faire redescendre immédiatement leurs balais à la verticale. Au dernier moment il remonta vers le ciel, et, après avoir perdu le contrôle de son balais, Evan se fracassa lamentablement pour finir à plat ventre dans l'herbe, son balais non loin de là. Il frappa le sol du bras, avant de rattraper son balais, et de l'enfourcher.

_Evan McLaggen est à terre, mais il remonte sur son balais! Cria Lee Jordan. Dix points supplémentaires à Gryffondor, après un magnifique but de Malefoy! Enchaîna-t-il. 

Albus aurait eu envie d'applaudir pour encourager son camarade, mais il n'en avait pas le temps. La plus petite des balles n'était plus très loin. Il devait se concentrer. McLaggen était reparti de plus belle, et il était juste sur ses talons, toujours à la poursuite du vif d'or. 

_Tu ferrais mieux de laisser tomber, Potter. De toute façon, Serpentar va gagner! Ricana-t-il, après que Lee Jordan ai déclaré deux autres buts pour sa maison. 

_Dans tes rêves, crétin! 

_Dix points pour Serpentar! Cria encore le commentateur. Et dix pour Gryffondor! 

Les deux garçons s'élancèrent de plus belle au travers du ciel, le vif d'or allant encore et toujours trop vite pour le moment pour que l'un des deux ne l'attrape. Albus ne prêtait même plus attention aux commentaires récurrents de Lee tant il était concentré sur l'objet qui se frayait un chemin devant lui. Il n'avait plus aucune idée du temps qui s'écoulait ni de la présence ou non de personnes autour de lui. Tout ce qui lui importait, c'était d'attraper le vif d'or. Il avait la sensation qu'il ne lui suffisait que de tendre le bras, et pourtant, il lui était impossible de l'attraper lorsqu'il tenta de se hisser au bout de son balais, persistant comme si il allait miraculeusement y arriver à la seconde suivante. La victoire était à portée de main, elle était si proche! Le jeune lion se penchait, toujours plus loin, et toujours plus fort. Il avait peur de tomber, mais surtout, il avait terriblement envie de l'emporter. Encore plus depuis que McLaggen lui avait suggéré d'abandonner. Le vif d'or décida de passer encore une fois au dessus des élèves, et, lorsqu'il frôla les cheveux de Calista Parkinson, Albus l'effleura du bout de ses doigts. Il le touchait! Merlin, il le touchait! Il se pencha alors un peu plus en avant, et referma sa main sur l'objet, avant d'involontairement faire piquer son balais droit vers le sol. Il reprit rapidement le contrôle du balais, et le redressa, avant d'ouvrir la main, incertain d'avoir accédé à la victoire et ne sentant rien dans sa main gantée de cuir. Ce n'est que lorsqu'il vit deux longues ailes dorées se refermer autour de la petite balle nichée au creux de sa paume qu'il comprit. 

_Potter à le vif d'or! Gryffondor l'emporte 240 à 120! s'écria Lee Jordan dans sa baguette.

Les élèves étaient debout dans les gradins et hurlaient à pleins poumons. Les professeurs étaient tous debout, et applaudissaient, surtout Finnigan, qui secouait fièrement son écharpe aux couleurs de Gryffondor au dessus de sa tête. 

***

La soirée avait été très festive dans la salle commune. Les joueurs étaient encore en tenue de Quidditch, et pourtant, cela n'avait pas gêné les autres Gryffondor pour les aider à célébrer dignement leur victoire. La musique résonnait derrière la grosse Dame, et certains se faisaient porter, chantaient, dansaient, ou riaient, tandis que d'autres restaient dans leurs coins à discuter du match. Dans tous les cas, le Quidditch était au cœur des conversations. Albus n'était pas peu fier d'avoir mené son équipe à la victoire, et ses camarades étaient presque tous déjà venu le féliciter. Même Calista Parkinson, qui était pourtant une Serpentar, avait tenu à l'applaudir avec ses amis, geste que n'avaient probablement pas apprécié la plupart des Serpentar. 
Pourtant, lorsqu'Alice Scrimgeour avait franchi l'entrée de la salle commune, elle ne semblait pas partager l'entrain de ses camarades. La jeune fille s'essuyait frénétiquement les yeux, qui semblaient avoir enflés et rougis. Elle avait les cheveux ébouriffés, son écharpe tombait mollement sur son épaule, et sa cape était mal fermée. Elle tremblait et hoquetait par moments. Elle avait pleuré. Conscient que la jeune lionne n'était pas au mieux de sa forme, Albus se fraya un chemin parmi ses camarades festifs pour aller à sa rencontre, et constata que Malefoy avait eu la même idée.

_Alice, tu va bien ? Demanda le blond.

_Je vais bien, répondit-elle sèchement. 

Il n'était pas dans ses habitudes d'être désagréable, et pourtant, le ton qu'elle avait employé ne semblait pas sonner faux. Quelque chose n'allait réellement pas. Cela avait-il un rapport avec Aubrey et le polynectar? 

_Je dois aller voir McGonagall, dit-elle, plus calmement cette fois.

_On t'accompagne! Répondit Albus si rapidement qu'il ne s'en était même pas rendu compte.

Elle soupira, avant de retourner vers le portait de la grosse Dame. Dans les couloirs, les trois sorciers n'échangèrent aucuns mots. Parfois, Scorpius regardait son ami, cherchant à savoir s'il comprenait quelque chose, sans succès. Les trois élèves arrivèrent au bout de quelques minutes près du bureau de McGonagall, et Alice leur demanda de bien vouloir retourner à la salle commune, parce qu'elle devait parler de "quelque chose de personnel" avec la directrice adjointe. Trouvant cela plus que suspect -surtout le dernier soir ou l'on pouvait se dénoncer- , les deux garçons attendirent qu'elle soit rentrée pour l'épier derrière la porte.

_Mademoiselle Scrimgeour?! Je ne m'attendais pas à vous voir! En quoi puis-je vous aider? Demanda la vieille femme au chapeau. 

La jeune Gryffondor resta silencieuse un moment. Elle était en pleine hésitation. Devait-elle le faire? Devait elle tout dire? Sinon, pourquoi être venue jusqu'ici? Jusqu'à quand allait-elle devoir supporter ça? Elle se racla la gorge, et McGonagall haussa les sourcils.

_C'est moi. L'accident de cognard. C'est moi qui l'ai causé, articula-t-elle lentement et difficilement. 

Le professeur de métamorphose resta interdite un instant. Elle ne savait que dire. Alice Scrimgeour était une élève si brillante et sans problèmes qu'elle aurait été l'une des dernières personnes à soupçonner. La surprise se lisait sur son visage. Au moins, elle avait respecté le délais pour venir se dénoncer, et, de ce fait, sa sanction serait probablement allégée. 

_Et bien. Inutile de vous dire que je suis déçue de votre attitude, bafouilla McGonagall. Pourquoi avoir agi ainsi? 

_J'y ai été forcée. On m'a menacé, avoua Alice.

La femme aux cheveux gris faillit s'étouffer. Menacée? Par qui? Comment? Que voulait-elle dire par là? Par Merlin, une si jeune enfant! Elle n'était qu'en première année, bon sang! 

_Qui donc à osé...? Commença-t-elle.

_Aubrey Habster. C'est elle qui m'a forcé à trafiquer le cognard. Elle m'a aussi fait préparer du Polynectar dans les toilettes des filles pour...

La jeune fille retenait ses larmes. Elle hoquetait, et pourtant, rien ne coulait sur ses joues. La voir ainsi fit un instant un pincement au cœur à ses deux camarades, restés cachés derrière la porte. Ils auraient tellement aimé intervenir, et leur donner leur propre version des faits! Seulement, ils n'étaient pas censés être ici, surtout à une heure si tardive, et en plus de ça, le fait d'utiliser le polynectar pour soutirer des informations aux autres élèves violait probablement une bonne dizaine d'articles du règlement. Ils auraient été certainement sanctionnés.

_Pour ressembler à Edgar et dire qu'il ne s'était rien passé, finit-elle enfin, après s'être calmée. 

_Comment à-t-elle réussi à avoir autant d'emprise sur quelqu'un d'aussi intelligent que vous? S'estomaqua McGonagall.

_Elle à menacé de me faire subir l'impero ou l'endoloris, dit-elle, en pleurant totalement cette fois. Elle à...

Les deux jeunes garçons savaient qu'Alice n'avait probablement pas contribué de son plein gré à cette cruelle action, mais ils étaient loin de se douter d'une chose pareille. Aubrey était réellement un être abominable pour avoir osé ce genre de choses. 

_Je suis sincèrement désolée que ce genre de chose se soit produit. Je m'occuperais de cette affaire personnellement dès demain matin à la première heure, répondit la directrice adjointe. Ne vous en faites pas, mademoiselle Scrimgeour. Tout se passera pour le mieux. Nous allons partir pour les toilettes des filles. Montrez moi ce fameux Polynectar! 

Encore sous le choc d'une telle révélation, et voyant que McGonagall allait certainement y passer un moment, les deux Gryffondor décidèrent de rejoindre la salle commune, comme leur avait précédemment demandé leur camarade. Aubrey aurait très certainement à s'expliquer dès le lendemain matin. 
Sur le chemin, ils passèrent près de l'infirmerie. Edgar n'y était plus. Madame Pomfresh leur affirma que leur ami avait quitté l'infirmerie juste après le match, et ils décidèrent de retourner à la salle commune. Les couloirs étaient bien silencieux à cette heure, et les premiers tableaux commençaient à s'endormir. 

_Alors, les Gryffondor, il parait que vous cherchez un blessé? Entendirent-ils la voix d'Edgar, posté devant la grosse Dame. 

_Ed! Tu as l'air en pleine forme! S'exclama Albus.

_Et je marche! Je tiens debout depuis hier soir! Ria-t-il. Alors, ce premier match?

Le garçon passa la grosse Dame, et pour toute réponse, il eu le plaisir de constater l'ambiance festive qui régnait toujours dans la pièce, et de s'y joindre. 

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