Chapitre 7

59 6 2
                                    

TW : TCA

Lorsque Momo émergeait le lendemain matin, elle eut la mauvaise surprise de ne pas trouver Shoto à ses côtés. Elle se redressait alors subitement en balayant la pièce du regard mais rien..aucune trace du bicolore. Prise de panique qu'il lui soit arrivé quelque chose, ou pire encore, qu'il ait commis l'irréparable, elle sortit d'un bond de son lit mais dut se rasseoir bien vite en sentant une terrible migraine la saisir. Elle se maudissait instantanément de ne pas avoir mangé la veille au soir. Mais son soudain manque d'énergie fut bien vite évincer par son angoisse grandissante. Elle se forçait à se remettre sur pied et regardait par la fenêtre en s'appuyant sur le rebord du radiateur. Par miracle, aucune scène macabre ne se jouait devant ses yeux. Alors quoi ? Où avait-il bien pu passer ? Momo était encore en train de se le demander lorsqu'elle sentit ses jambes la lâcher. Et en quelques secondes, voilà qu'elle se trouvait à nouveau à terre. Sa chute fut telle qu'elle se fit dans un fracas monumental. Et alors que sa tête se mettait à tourner de plus belle, quelqu'un se précipita jusqu'à elle.
"- Yaoyoruzu ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Todoroki-kun ! S'écria t-elle en posant une main sur sa poitrine comme si un poids conséquent venait de lui être ôter. Elle eut à peine le temps de digérer l'information qu'elle s'était déjà précipitée dans ses bras. Étonnée de son propre comportement, elle était prête à se détacher de lui l'instant d'après, mais, contre toute attente, il resserrait sa prise sur son dos, participant activement à l'étreinte. Ce contact la rassura quelque peu quant à l'état du bicolore qui semblait avoir reprit du poil de la bête.
- Je suis là, d'accord ? Tout va bien. Excuse-moi si je t'ai inquiété. J'étais juste parti me- tu es vraiment blanche. S'alarma t-il soudainement en lançant un regard soucieux à sa camarade.
- Ah..ça..je dois juste être en manque de sucre, ce n'est rien..
- Tu fais des crises d'hypoglycémie ?
- Oui, c'est ça ! Opina la lycéenne, satisfaite de s'être trouvé une excuse toute faite. Mais c'était sans compter sur le regard circonspect que lui lançait Todoroki. Il n'était pas dupe et la jeune fille le savait. D'un geste de la main, il la conduit jusqu'au lit et l'allongeait sur celui-ci. Yaoyoruzu restait seule durant un certain temps avant que le jeune homme ne revienne avec de quoi la rassasier. Et alors qu'il lui tendait un sablé fourré au chocolat, elle se sentit vacillée. Elle avait horreur d'être contrainte de manger. Mais elle savait qu'en raison de son état, jamais le bicolore ne la laisserait s'en tirer sans rien avaler. Elle se fit donc violence en se forçant à ne pas penser au fait que son corps criait famine et qu'il lui en demandait beaucoup plus que ce qu'elle voulait bien lui accorder.
- Désolé de t'infliger mon état. Lâcha t-elle d'une traite en se contentant de fixer ses mains, avalant la dernière bouchée de son biscuit.
- Ce n'est rien, enfin. Je te dois bien ça. Est-ce que tu te sens un peu mieux ?
- Oui, ça commence à revenir. Merci, Todoroki-kun.
- Remercie moi plutôt en prenant soin de toi, la prochaine fois. Je refuse que tu mettes ta santé en jeu pour t'occuper de moi.
- Todoroki-kun..Tu étais terriblement mal au point hier. Je ne pouvais décemment pas te laisser dans cet état, comprends le bien..
- Soit. Mais prendre soin des autres ne veut pas dire s'oublier totalement, tu sais ?
- C'est vrai, tu marques un point." Concéda la jeune fille en un sourire complice. Dans le fond, elle était soulagée de ne pas avoir été démasquée. Son conflit interne vis à vis de la nourriture devait rester un secret. Jamais personne ne s'en était aperçu et elle souhaitait que les choses continuent ainsi. Un ange passait et le silence régnait dans la pièce. Leurs deux regards se croisèrent par moment sans se soutenir pour autant. Depuis leur récente conversation, leur relation avait irrémédiablement changé, qu'ils le veuillent ou non. Et il semblait qu'aucun d'entre eux deux ne savait quoi faire face à ce revirement de situation innatendu.
"- ..Tu dois me trouver faible. Supposa finalement Shoto en mettant un terme au silence pesant qui s'était installé.
- Au contraire, je te trouve très courageux. Toi à qui l'on n'a jamais appris à d'extérioriser sa peine, tu as réussi malgré tout à trouver la force nécessaire pour te confier à moi, hier soir. C'est un réel dépassement de soi, ça. Tu peux en être fier.
- Mon père aurait été content que je me.."dépasse". Répliqua t-il cyniquement avant de soupirer. Je n'ai pas à te faire subir ma mauvaise humeur. Pardon.
- Arrête de t'excuser..Et puis, au moins..tu me renvoies la pareille par rapport à ma scène de la veille !
- De suite les grands mots..! Tu m'as pas fait un scène. T'étais juste d'une humeur particulièrement..explosive ?
- Hey ! Protesta vivement Momo en lui donnant un coup de coude, se rapprochant indéniablement de lui. Un peu plus et je pourrai presque me sentir vexée !
- Ça va. Je t'ai pas comparé à Bakugou non plus.
- Tu le détestes vraiment autant que ça, ce type ?
- Je ne le déteste pas mais disons qu'il a la fâcheuse tendance de me faire sortir de mes gonds.
- Comme beaucoup de gens, non ?
- Hum..non, pas vraiment. La plupart des gens me laissent juste indifférent, à vrai dire.
- Et alors ? Quelles sont les rares exceptions à la règle ?
- Les exceptions positives ou négatives ?
- Hum..positives ! Partons sur une note un peu plus joyeuse..!
- D'accord. Eh bien..dans ce cas, Il y a mon frère et ma sœur mais aussi Midoriya, Ochaco, Tenya, et..toi.
- Moi ?
- Oui, pourquoi pas ?
- Oh..non ! C'est juste que ça me surprend..voilà tout.
- Yaoyoruzu. À partir du moment où j'ai osé me confier à toi de la sorte..c'est que tu n'es pas n'importe qui pour moi, désormais.
- Mais qu'est-ce que je suis pour toi, exactement ? Songea t-elle subitement avant de se rendre compte que les mots lui avaient échappé sans qu'elle n'ait le temps de les rattraper. Shoto la regardait maintenant avec des yeux ronds, visiblement pris de court.
- C'était pas.. C'était pas ce que je voulais dire.. Paniquait-elle soudainement. C'est juste qu'avec ce qu'il s'est passé hier, je me demandais..ce qu'on était ?
- C'est-à-dire..?
- Euh.. j'en sais rien, moi ! Je disais juste ça comme ça, tu sais..!" Se justifia la demoiselle en sentant ses joues virées au rouge cramoisie. Elle qui d'habitude ne se laissait pas submerger, voilà qu'elle commençait à perdre tous ses moyens ! Lorsqu'elle vit les lèvres de Todoroki s'entrouvrir pour parler, elle retient sa respiration en sentant son cœur bondir dans sa poitrine. Mais avant même qu'il n'ait le temps d'entamer sa phrase, le téléphone de Momo se mit à retenir. Celle-ci bafouilla ce qui semblait être des excuses avant de décrocher en se grattant l'arrière de la tête. Au bout du fil, sa mère l'apostropha d'une voix teintée de colère et d'inquiétude à la fois.
"- Bon sang, Momo ! J'étais morte d'inquiétude ! Le lycée vient de m'appeler pour me dire que tu étais absente ! Où es-tu enfin ?
L'apprentie super-héroïne se donna une gifle mentalement en s'efforçant néanmoins de garder contenance face à sa génitrice.
- Oui, pardon Maman ! Je ne me sentais pas très bien, ce matin. J'avais un peu de fièvre en me levant et j'ai vomi. Mais maintenant, ça va mieux, sois rassurée ! Je finis de me préparer et j'y vais !
- ..Bien. Si tu te sens mieux, c'est le principal. Aller, file au lycée. On rentre ce soir, ton père et moi. On t'aime, tu sais..?
- Je sais..je vous aime aussi." Murmura t-elle avant de raccrocher. Dans le fond, Yaoyoruzu s'en voulait de mentir à ses parents de cette façon que se soit à propos de ses problèmes d'alimentation ou de ce qu'il s'était passé la veille. Mais elle les connaissait et elle avait l'intime conviction que si elle leur parlait, jamais ils ne comprendraient ce à quoi elle était confrontée. Une nouvelle fois, elle retint un soupir en se tournant en direction du bicolore.
"- Bon. Le lycée vient d'appeler ma mère pour l'avertir de mon absence. Ils vont sans doute par tarder à faire de même avec ton père si ce n'est pas déjà fait alors..je pense qu'il faudrait mieux qu'on aille fissa en cours.
- On n'a vraiment réussi à oublier les cours ? Nous deux ? C'est presque-
- Invraisemblable ? Oui, je sais ! On en discutera sur le chemin mais là, faut qu'on se dépêche.
- Tu as raison.
- Hum..du coup tu peux sortir de ma chambre ? Je dois me changer..
- Oh oui ! Excuse-moi." Lâcha le mi-feu mi-glace en cachant difficilement ses joues rouges pivoines avant de sortir de la pièce en vitesse. Momo finissait de se préparer en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Elle qui d'ordinaire aimait s'apprêter avec soin avant de sortir.. aujourd'hui elle n'en avait que faire ! Yaoyoruzu quittait sa chambre, dévalait les escaliers, enfilait ses chaussures avant de prendre le chemin du lycée en compagnie de Shoto. Durant l'ensemble du trajet, aucun d'eux ne prit la parole. Sans doute étaient-ils trop absorbés par la journée qui les attendait ? Arrivés face à la salle de classe, se fut Todoroki qui frappait à la porte. Aizawa leur ouvrit quelques instants plus tard en ne manquant d'ailleurs pas de les sermonner de son air bougon habituel. Mais c'était sans compter sur le reste de la seconde A qui paraissait pour le moins étonnée de la situation : non seulement leurs deux meilleurs élèves étaient en retard mais en plus de ça, voilà qu'ils débarquaient ensemble ! Des messes basses emplissèrent sans plus tarder la salle, au grand dam des deux principaux concernés. C'est en partie pour cette raison que Momo jugea bon d'éviter le regard de sa meilleure amie : elle n'avait pas envie de perdre ses moyens une nouvelle fois face à son camarade qui se tenait encore à ses côtés. Après s'être excusée en restant tout aussi polie et docile qu'à son habitude, la lycéenne partit regagner sa place. Mais en cours, son esprit vagabondait et ses yeux s'amusant à jongler entre le tableau et le bureau qu'occupait Shoto ne l'aidait pas à ce niveau-là. Par moment, Yaoyoruzu constatait qu'elle n'était pas la seule à peiner rester concentrée. Et pour cause, lui aussi ne pouvait s'empêcher de lui jeter de brefs coups d'oeil quand l'envie lui en prenait. La pause de midi arriva enfin et Momo eut à peine le temps de se lever pour aller rejoindre ses amies devant la salle que ces dernières s'étaient déjà ruées sur la bande du bicolore :
"- Hey tout le monde ! Ça vous dirait qu'on mange tous ensemble à midi ? Ça pourrait être sympa, non ? Suggéra Mina sans parvenir à réprimer son sourire grandissant.
- Oh oui ! Avec plaisir ! Vous en pensez quoi, les gars ?
- J'en pense que c'est une bonne idée ! Je suis partant ! Acquiesça Izuku en levant un pouce en l'air
- Oui ! D'autant que sympathiser avec ses camarades ne fait jamais de mal, bien au contraire !
- Parfait alors ? Et toi, Todoroki ?
- Hum..Shoto hésita un moment mais, en croisant le regard encourageant que lui lançait la brune non loin derrière à présent, il se résignait et sautait le pas. Oui, ça me va aussi.
- Super ! J'ai la dalle en plus ! Alors venez, on se grouille." Répliqua Kyoka pour motiver les troupes. Ashido ne tardit pas à engager une conversation animée avec Ochaco et Deku tandis que Jiro, elle, profitait de l'euphorie collective pour venir glisser quelques mots à l'oreille de son inséparable. C'est le moment où jamais, profite en pour te rapprocher de lui ! D'autant que mon petit doigt me dit que c'est bien parce que tu es là qu'il a accepté notre invitation. L'apprentie super-héroïne ne put s'empêcher de rougir pour la énième fois aujourd'hui et tandis que son amie s'éloignait, Shoto vient caler son allure sur la sienne.
"- Dis donc..tes copines ont l'air surexcitées aujourd'hui.
- Oula ! Ça date pas d'aujourd'hui, ça !
- Oui, je sais. Je vous vois faire au quotidien. Mais disons que ce midi, elles m'ont tout l'air d'être d'une humeur redoutable !
- Tu nous observes souvent ? S'enquit soudain Momo, sa curiosité ayant été piquée à vif. Contre toute attente, la réponse de son interlocuteur fut spontanée.
- Disons que ça m'arrive.
- Et tu observes quelqu'un en particulier ?
- ..Possible. Qu'est-ce que ça te ferait si c'était le cas ? Le ton qu'il avait employé n'était pas anodin. Celui-ci se voulait taquin, presque enjôleur à tel point que la demoiselle en fut déconcertée.
- Oh moi..j'en sais trop rien." Bafouilla-t-elle après un temps de latence en perdant à nouveau toute son assurance nouvelle. Les deux adolescents furent pourtant bien contraints d'écourter leur discussion lorsque Tenya leur fit signe d'accélérer le pas, le reste du groupe se trouvant désormais à plusieurs mètres devant eux. Ils s'éxécutèrent et passèrent leur plateau avant de se servir. Le bicolore, qui, quelques minutes avant, s'adressait à elle d'un ton léger se surprit à s'inquiéter de son cas, tout à coup. Il avait été témoin son état le matin même et il ressentait le besoin imprenable de s'assurer que Yaoyoruzu mangerait bien, cette fois-là. En un regard, cette dernière le comprit et le gratifia d'un sourire rassurant. Silencieusement, il put même lire sur ses lèvres un "ne t'inquiètes pas, tout ira bien". Il fut un peu plus serein en constatant qu'elle prenait de quoi se nourrir convenablement et, sans plus tarder, il emboîta le pas au reste de ses camarades. Arrivé à la table, Todoroki remarquait sans grand étonnement que la dernière place de libre se trouvait juste en face de lui. Et lorsque Yaoyoruzu les rejoignait, elle eut tout le plaisir de l'observer elle aussi. Elle ne savait si elle devait maudir ses amies ou les remercier à genoux pour leurs stratagèmes plus qu'explicites mais dans le fond, elle devait bien le reconnaître : elle était heureuse de voir sa relation avec Todoroki se déployer.
"- Ah, au fait ! Pourquoi vous êtes arrivés ensemble, ce matin ? Demanda Ida à l'intention des deux lycéens au détour d'une conversation.
- Ah, ça..
- Disons qu'il s'agissait plutôt d'un..concours de circonstance. Expliqua Shoto ce qui arracha un rictus inaudible à Momo.
- Mais encore ?" Insista Mina sur un ton qui se voulait le moins subtile possible. Elle fut d'ailleurs arrêtée in extremis par Uraraka qui lui donna un coup de pied sous la table pour l'inciter à se faire plus discrète. Le repas continuait sans encombre et le reste de l'après-midi se déroula dans une monotonie éreintante. Momo s'efforçait de rester concentrée sur le cours bien qu'en ne se retenant pas d'envoyer un petit bout de papier sur la table de Todoroki, au bout d'un certain temps : elle le savait, ils devaient parler. Alors, dès que le professeur eut le dos tourné, elle sauta sur l'occasion. Le jeune homme fut d'abord surpris mais ne se laissait pas démordre pour autant. Et, après avoir vérifié ses arrières, il déplia le bout de feuille froissé et put y lire dans une écriture impeccable les mots suivants : "Rejoins moi dans la salle de musique après les cours. On en profitera pour discuter."
Discuter ? Mais de quoi ? Se questionna le mi-feu mi-glace en continuant d'annoter son cours. L'idée de se retrouver en tête à tête avec Momo ne le laissait pas indifférent. Plus il passait de temps à ses côtés, et moins il voulait la lâcher. Après coup, il en était même venu à se demander si elle ne l'avait pas drogué tant elle lui était devenue indispensable en aussi peu de temps. Mais Shoto s'efforçait de ne rien laisser transparaître de son trouble et se contentait d'acquiescer d'un signe de tête en guise de réponse. Lorsque la sonnerie annonçant la fin de la journée retentit, il ne perdit pas une seconde et après avoir salué ses amis d'un geste de la main, il fila en direction du lieu de rendez-vous. Le jeune homme esquissa un sourire en constatant que c'était ici qu'ils s'étaient adressé la parole pour la première fois. Du moins, qu'ils avaient échangé plus que des banalités. Presque comme dans un élan de nostalgie, il partit s'asseoir en face du piano en attendant patiemment la venue de celle qu'il pouvait aujourd'hui considérée comme une amie.
"- Tu te la joue mélancolique, maintenant ? Lui demanda ladite amie en refermant la porte derrière elle
- Ça se pourrait, oui. Alors ? De quoi voulais-tu me parler ? Momo se mordit l'intérieur des joues nerveusement en triturant ses mains.
- Hum..on n'a pas eu l'occasion d'en reparler ce matin comme on était pressés mais..à propos d'hier soir..
- Oui..? La fille à la chevelure ébène prit une grande inspiration et, dans une tendresse infinie, vint doucement poser sa main sur celle de Todoroki. Ce dernier ne pouvait plus détacher son regard d'elle et il n'attendait dorénavant qu'une chose : qu'elle enchaîne. Puisqu'en cet instant, il avait l'espoir qu'elle soit sur le point de lui déclarer sa flamme.
- Écoute..ce que tu m'as confié hier soir m'inquiète, je suis obligé de le reconnaître. Todoroki-kun..tu ne peux pas continuer à errer dans les rues comme ça. Ce n'est pas vivable..
- Crois-moi, ça ne m'enchante pas plus que toi. Mais retourner chez mon père dans le contexte actuel, c'est tout bonnement inimaginable.
- Justement. Todoroki-kun, viens vivre chez moi.
- Qu-Quoi ? S'étouffa t-il soudainement sans pouvoir cacher son incrédulité vis à vis de la situation. Il lui fallut un moment pour redescendre complètement et pour cesser de croire à une mauvaise blague. Mais tes parents..Commença t-il avant d'être vivement couper par son interlocutrice.
- Mes parents..Mes parents n'ont pas à le savoir. Ma maison est grande et ils travaillent beaucoup. Alors, si on s'arrange bien..je suis persuadée qu'ils n'y verront que du feu.
- Je n'ai pas envie que tu sois en froid avec ta famille à cause de moi.
- Je ne serai pas en froid avec eux comme ils n'en sauront jamais rien.
- Soit. Quand bien même ils ne lui découvriraient jamais, tu seras contrainte de leur mentir durant je ne sais combien de temps. Et toi comme moi on sait à quel point mentir et tout intérioriser pèse sur la conscience. Momo se terrait dans le silence soudainement. Elle mesurait le poids de ce que Todoroki venait de lui dire et en un sens, elle savait qu'il avait raison. Elle qui mentait continuellement et qui cachait les parts les plus sombres de sa vie..elle avait bien conscience de la viciosité qui résidait dans le mensonge. Mais elle s'était aussi promis la veille de lui venir en aide et ne jamais le laisser tomber. Et elle comptait bien tenir à ses engagements, la loyauté étant l'une de ses valeurs fondamentales. Alors qu'elle s'apprêtait à surenchérir, Shoto lui coupa l'herbe sous le pied.
- Sincèrement, Yaoyoruzu. J'apprécie le geste mais je n'en vaux pas le coup, crois-moi sur parole.
- Tu ne vaux pas le coup d'être aidé, tu veux dire ?
- Ce n'est pas exactement ça. Mais disons qu'un super-héros à pour but de sauver les autres et pas de crier à l'aide. C'est un aveu de faiblesse, ça.
- Un aveu de faiblesse ? Donc, pour toi, oser solliciter de l'aide et accepter ses émotions, c'est être faible ? Cette fois-ci, se fut Shoto qui ne pipait mot face à la question qui venait de lui être posée.
- Todoroki-kun..est-ce qu'accepter qui tu es pour ensuite parvenir à avancer, c'est être faible pour toi ? Répéta t-elle avec un peu plus d'insistance encore.
- Non. Reconnaissa t-il finalement bien qu'en soupirant. Mais t'entraîner dans ma chute et t'impliquer dans mes problèmes, ça, ça reviendrait à me comporter comme un lâche, tu vois. Tu n'as pas à subir quoi que se soit.
- Todoroki-kun..si je te propose mon aide, ce n'est non pas par pitié mais par envie et par affection pour toi. Arrête de penser que les gens cherchent à te faire la charité, c'est loin d'être le cas. Ose laisser les gens t'aimer pour la personne que tu es. Ça, c'est être véritablement courageux.
- ..Plus facile à dire qu'à faire. On en revient toujours au même, Yaoyoruzu : accepter l'aide et l'amour des autres, ce n'est pas ce qu'on m'a inculqué. Comment veux-tu que je fasse pour déconstruire toute mon éducation alors que j'ai baigné là-dedans jusqu'ici ?
- En y allant pas à pas..Répondit Momo en prenant ses deux mains dans les siennes avec bien moins de pudeur et d'hésitation qu'auparavant. Et ça commence maintenant, en acceptant mon aide et ma présence dans ta vie."

Momo s'était exprimé d'une voix claire et transcendante de vérité. Elle observait minutieusement la moindre réaction qu'elle pourrait recevoir face à elle lorsque soudain, leurs yeux se croisèrent. Le regard de la jeune fille laissait entrevoir toute la sincérité qui résidait dans son geste tandis que celui de Shoto semblait plus hésitant, plus craintif aussi. Le changement l'intimidait plus que ce qu'il voulait bien le reconnaître. Jusqu'à maintenant, il n'avait jamais décidé seul et les quelconques modifications de sa vie auxquelles il s'était vu confronté avaient été initié seulement et uniquement par Enji Todoroki. Mais elle.. elle, elle était différente, comme l'exception à la règle qu'il avait tant attendu mais qu'il n'avait jamais, jusqu'alors, ne serait-ce qu'entrevue. Elle n'avait pas été castée par son père, elle n'était pas là, à se tenir en face de lui par intérêt mais bel et bien par envie, par dévouement, et par vivacité d'esprit. Elle avait conscience de qui il était et d'à quel point son monde se voyait déconstruit. Mais de ses ruines, elle arrivait à en faire de la magie, à les enjoliver et à leur donner une fondation nouvelle. Un instant, Shoto la crut même aliénée. Peut-être était-il en train de rêver ? Mais après réflexion, s'il était en plein rêve, alors il ne souhaitait jamais se réveiller. Par le passé, il avait déjà songé à se plonger dans un sommeil éternel pour fuir la réalité et pour cesser d'exister. D'antan, la mort lui semblait être la solution la plus adéquate pour fuir son mal-être et pour définitivement s'en extirper mais, désormais, plus que jamais il souhaitait rester, respirer et avancer à ses côtés. Momo Yaoyoruzu était la lumière à l'autre bout du tunnel, celle qui l'attirait irréfutablement et qui était parvenue à le faire se sentir fort même au travers de sa fragilité. Elle lui avait donné cette sensation d'être accepté dans un monde auquel il se sentait pourtant si étranger. Et plus que jamais, il souhaitait lui en faire ressentir tout autant. Alors, dans un geste précipité, certes, mais avant tout animé par cette envie de l'aimer, il l'attira à elle et la serra dans ses bras en se laissant aller. Leurs regards s'épousèrent une nouvelle fois sans qu'ils n'aient besoin de parler. Et en silence, Shoto espérait qu'elle comprenne à quel point il tenait à elle. Ni l'un ni l'autre ne savait dans qu'elle aventure ils venaient tous deux se s'embarquer. Mais, pour le moment, ils s'en fichaient. Ils profitaient juste de l'instant et de cette sensation qui les prenait aux tripes : celle d'avoir trouvé ce qui leur manquait dans ce quotidien aux couleurs délavées.

Un grain de sable dans l'Univers- TodoMomo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant