Gorge

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Je parle facilement de mort, alors même que je sais que je n'en aurais jamais le courage. C'est vraiment le pire de se dire ça, car je veux partir mais rien qu'ouvrir une porte me terrifie. N'est-ce pas étrangement ridicule ?

Les gens parlent de « mal-être », de « souffrance », mais ces mots me semblent bien faibles et sans signification. Chaque fois que j'écris, la gorge me serre et me brûle comme jamais, et je ne peux parler. Ça fait mal, l'air me manque et je culpabilise. Pourquoi infliger ces horreurs à mon corps qui n'a pas choisis de m'abriter ? Je ne peux pas non plus crier, et les larmes coulent toutes seules alors que les lettres défilent à toute vitesse. Je ne sais jamais ce je vais écrire, mais je trouve toujours quelque chose à noter sur ce petit écran blanc que ma mère hait tant. Les textes remplacent les mouchoirs, en écrire tarit mes larmes et assèche les crevasses de mes joues. À contrario, les lire fait remonter les mauvais souvenirs et les horreurs bénignes.

Quelques fois j'oublie aussi qu'on vit dans la « réalité ». Mon esprit flotte je ne sais pas où, et je dois me griffer pour me dire « ah, j'ai mal, c'est réel ». Je me sens tellement déconnectée mais tellement connectée en même temps que je suis perdue. Je ne parle pas d'être connectée à des réseaux sociaux et autres, tout simplement parce que ce n'est pas vrai. Je parle d'être connectée à la réalité, de tout vivre avec une intensité x1000, de tout ressentir pour les autres, par les autres et pour sois-même. J'en ai marre de l'autodérision, j'en ai marre de toujours me décrédibiliser moi-même pour mettre les autres en avant. Pourquoi eux et pas moi ? Peut-être parce que je ne suis personne, que je n'ai rien accompli de grandiose, que je ne dis pas grand chose d'intelligent ni de novateur, ou que je fais le désespoir de mes parents. 

Mon cerveauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant