Mon cerveau

Arrête de faire l'enfant

Je les ai prévenus, je leur ai montré mes textes. Malgré ça aucun ne les a lus, aucun ne m'a écouté, surtout quand je ne parlais pas et que j'avais le plus à dire. Certains diraient "c'est normal de ne pas t'entendre si tu ne parles pas". Taisez-vous, car vous ne savez rien à rien. Ma bouche était juste bien trop occupée à faire de grands sourires pour se préoccuper de mon coeur qui hurlait. Et qui hurle toujours. 

Pourquoi personne ne l'a entendu ? J'ai essayé, vraiment, j'ai essayé de le faire taire et de l'oublier. Mais il continuait d'hurler si fort qu'il m'empêchait de fermer les yeux. Les nuits blanches se succédaient, et j'ai craqué. Mais là encore, alors que les larmes cascadaient de mes yeux et que la foule grouillait autour de moi, personne n'a réellement cherché à savoir "pourquoi". Même si j'aurais continué de sourire s'ils me l'avaient demandé. 

Ai-je déjà dit que je haïssais le monde autant que je l'aimais ? Ma mère est le monde. Les personnes que je croise chaque jour et dont j'oublie le visage sont le monde, mon père et mon frère sont le monde, mon monde. Et pourtant je veux les quitter. Suis-je le leur ? Si je leurs demande, ils me diront oui, évidemment, mais et ensuite ? Que feraient-ils si leur monde s'écroulait ? En trouveraient-ils un autre ? Ou fusionneraient-ils les leurs, afin d'en créer un autre sans moi, plus fort, plus stable et plus grand ? 

Aujourd'hui pour la première fois, j'ai craqué. 

Aujourd'hui pour la dernière fois, je me suis dit "Arrête de faire l'enfant". Mais pourquoi est-ce que je me dis ça à moi-même ? N'est-ce pas une réprimande que les autres font, d'habitude ? J'ai toujours essayé d'être plus grande, plus forte, plus joyeuse, plus mature, plus réfléchie, plus sage. Je ne fais pas réellement mon âge, et on me le dit souvent. Mais pour la première fois, j'entends "Arrête de faire l'enfant". Et c'est de pire en pire ; c'est ma bouche qui le dit à mon cerveau, comme s'il ne le savait pas déjà. Mes yeux en ont marre des fuites d'eau, et ma peau d'être perforée. 

Aujourd'hui j'ai parcouru le monde, le nez, le coeur et le bras en sang. Mais et ensuite, que diront les gens ? 

"Arrête de faire l'enfant".