Chapitre 4

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Deux mois venait de s'écouler depuis l'ouverture des portails. Éléonore ne voyait Amélie et les autres que dans ses rêves.

Après sa séance de sport, elle s'était disputée avec son petit ami. Cela ne faisait que quatre mois qu'ils étaient ensemble mais cette histoire était complexe à ses yeux. Pour se distraire, elle prit la décision de regarder la télévision tout en dégustant son repas. Comme elle le faisait toujours, elle sélectionnait des crevettes grises avec deux tranches de pain grillées.

Elle termina sa première tranche de pain lorsqu'un un bruit saisissant la fit sursauter. Pour elle, ce bruit venait sûrement de dehors. Ses voisins agrandissaient leur maison, du matériel était sans doute tombé. Cependant, après quelques secondes, il réapparut. Malgré sa crainte, elle était résolue à comprendre d'où il venait.

Elle déposa son assiette pour ensuite aller vers les escaliers. Après avoir atteint l'étage, elle se dirigeait immédiatement vers la salle de bain, mais elle n'y trouvait rien. Elle se dirigea tout droit pour se rendre dans sa chambre. Elle ne voyait toujours rien, et ses fenêtres étaient bien fermées.

Avait-elle perdu la tête ? Elle poursuivait ses recherches dans la chambre de ses parents, qui se trouvait à gauche de la sienne. Cependant, à présent, ce n'était plus un bruit, mais une voix qu'elle entendait.

- Connaissez-vous cette émission ?

Il y avait bien quelqu'un. Mais qui, pourquoi ? Un cambrioleur ? Non, il aurait sans doute exploré les pièces sans se demander ce que Éléonore regardait à la télévision. Un membre de sa famille ? Impossible, elle aurait été prévenue par message et surtout, la personne aurait prévenu en rentrant. Effrayée, elle cherchait dans la chambre de ses parents un outil pour se défendre. Elle prit la brosse. Elle marchait délicatement vers les escaliers. Très lentement, elle les descendit. Après être descendue, elle se dirigeait vers la cuisine située juste en face.

- Qui est là ? demanda-t-elle d'une voie tremblante.

En arrivant dans la cuisine, Éléonore ne bougeait plus. La peur et même l'incompréhension l'envahissaient. Était-elle dans un rêve ? Elle se pinçait, se tirait les cheveux et se mordait même. Elle ressentait chaque douleur. Comment pouvaient-ils être là ? Tout ceci était juste impossible.

Amélie, vingt-sept ans, mariée à Esteban, était devant elle. Elle la reconnaissait. Ses cheveux longs bruns, ses yeux verts, sa silhouette en X, c'était bien elle.

Juste à sa droite, Esteban. Cheveux platines, yeux bleus, tenue classique, c'était bien lui.

Puis, en tournant légèrement la tête, elle se reconnaissait. Elle sentait son pouls s'accélérer. Elle tentait de respirer paisiblement, mais plus elle les voyait, plus elle avait du mal à le faire. Les personnes qu'elle avait créées étaient chez elle.

- Comment est-ce possible ? s'interrogea Éléonore d'une voix faible avant de s'évanouir.

En l'espace d'un instant, Estéban qui se trouvait à côté de son épouse, la rattrapa.

- Je pense qu'il est préférable de rentrer et d'amener Éléonore avec nous, décida Amélie.

En un instant, ils se retrouvaient dans le salon d'Esteban et d'Amélie. Estéban déposait Éléonore dans le divan.

Après deux heures, Éléonore se réveillait dans le salon. Elle contemplait les environs. Le canapé était de couleur grise, tandis que le meuble de télévision était de couleur noire. À sa gauche se trouvait une vaste bibliothèque qui renfermait probablement une centaine de livres. En se levant, elle observait attentivement les photos familiales. Estéban, Amélie et les trois enfants qu'ils ont. Elle se rendit dans la salle à manger, d'une taille moyenne. La table était vaste, avec des meubles où étaient disposés des documents, des aliments et des ustensiles pour les grandes occasions. La grande fenêtre de la salle à manger permettait à Éléonore de contempler le jardin.

Une terrasse avec trois canapés pour se reposer. De son côté, le jardin comprenait un abri de jardin, un trampoline et une piscine.

Alors qu'elle poursuivait son chemin dans la maison, elle se rendit dans la cuisine où se trouvait Estéban. Une cuisine assez modeste noire avec toutes sortes d'électroménagers et un réfrigérateur américain.

Éléonore s'approcha d'Esteban. Elle savait que c'était impoli, mais elle lui prit sa main, et l'examina. Il semblait bien réel.

- Je suis bien là, répliquait-il en reprenant sa main de celle d'Éléonore.

- Je ne comprends pas, comment tout ceci peut être possible ?

- Je ne sais pas non plus Éléonore, intervenait Amélie

- Où est-ce que je suis ?

- Tu es chez nous.

Éléonore fixait attentivement Amélie et Estéban. Comment se faisait-il qu'elle soit chez eux? De quelle manière avait-elle réussi à se rendre dans ses rêves?

- Éléonore, te souviens-tu de l'accident ?

- De l'accident ?

A cet instant précis, Leonora rentra dans la salle à manger. C'était l'occasion parfaite pour lui restituer ses souvenirs. Leonora l'observait, et l'instant d'après, elle se souvenait.

- Oui je me rappelle à présent. Il y avait des loups, des zombies, puis cette odeur de sang. Il y a eu des décès ce jour-là. Vous y étiez également. Comment se fait-il que vous soyez à nouveau là?

- On ne sait pas. Nous étions en train de manger lorsque nous avons aperçu un portail bleu. Nous l'avons traversé, et nous sommes arrivés à son cœur. C'est comme si nous étions à la limite de deux univers, car juste en face, nous avions un portail différent. En le franchissant, nous sommes arriver jusqu'à toi. Il en était de même la première fois. Il s'agissait du même portail que celui que j'ai traversé ce jour-là.. C'était le même portail, c'est le tien Éléonore.

- Cela n'a aucun sens. Vous aviez fait le nécessaire !

- Oui nous l'avions fait, mais toi non, répliqua Leonora.

- Que veux-tu dire ?

- Qu'au fond de toi, tu ne voulais pas que ce portail disparaisse.

Éléonore ne savait pas quoi dire. Leonora avait raison. iI était naturel de souhaiter que ce moment dure davantage. Ils l'avaient tellement aidée à s'échapper qu'elle avait eu l'occasion, rien qu'une journée, la possibilité de le faire autrement. Éléonore connaissait les raisons, mais au fond d'elle, elle ne voulait pas les leur expliquer. Ils étaient là, elle était chez eux, c'était, à ses yeux, le plus important.

- Il n'y a pas que ça, répliqua Amélie.

- Comment ça ? s'interrogea Éléonore.

- Quand nous sommes partis il y a deux mois, nous avons oublié de te retirer ta capacité à te transformer ou même tes pouvoirs. Leonora pourrait te les retirer, mais étant donné que ça fait deux mois que tu les possèdes, il y a un risque.

Éléonore savait de quoi Amélie parlait. Si la personne parvenait à maintenir le contrôle après un délai précis, il était alors plus difficile de le lui retirer par la suite. Éléonore s'interrogeait sur la raison pour laquelle elle avait mis en place cette règle, qui, selon elle, était une grave erreur.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Je vis dans un monde dépourvu de magie, dépourvu d'êtres surnaturels. Vous m'avez laissé des dons qui auraient pu blesser quelqu'un. Par exemple, j'aurais pu faire blesser quelqu'un en me métamorphosant ou en le transformant en pierre, ripostait-elle sur un ton agacé.

- Éléonore, je suis consciente de ta colère et de ta frustration. Toutefois, ces dons, ces compétences se trouvent maintenant en toi. Il n'y a pas d'autre choix que d'apprendre à les utiliser.

Amélie lui parlait avec sérénité pour tenter de calmer la colère d'Éléonore.

- Comment voulez-vous que j'apprenne à les utiliser ? Comme voulez-vous que j'explique à mes parents que je suis à présent une sorcière et que je peux me métamorphoser en loup? A mes amis, mon petit ami ou toute ma famille ? C'est juste impossible.

Mais Éléonore savait qu'elle n'avait pas le choix. Amélie devait lui enseigner la magie. Leonora devait lui enseigner la capacité à se transformer et à maîtriser son côté loup. De son côté, Estéban devait lui enseigner comment se défendre dans toutes les situations.

A présent, Éléonore était un être surnaturel dans un monde où la magie était seulement imaginaire.

Et si tout devenait réel ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant