Opale - Severus Rogue

Epreuve

Rogue sentit sa gorge s'assécher et se nouer, mais il s'efforçait de garder une expression impassible.

-Je sais que vous êtes plus proche de Miss Ravenel que ce que vous voulez bien montrer. Albus soupira alors, avant de reprendre avec une expression coupable. Et vous savez que j'y ai ma part de responsabilité. Encore aujourd'hui vous êtes forcés de passer beaucoup de temps ensemble. Malgré tout, il est de mon devoir de vous avertir.

Severus était partagé. Il hésitait à en finir une bonne fois pour toutes. À tout lui avouer. Ou bien continuer de nier et le laisser à ses spéculations. Mais avant qu'il n'ait pu prendre une quelconque décision, le directeur reprit.

-Ça ne doit pas se savoir. De personne. fit très sérieusement Dumbledore.

Ces paroles surprirent Severus. Encore une fois, le directeur semblait leur donner son feu vert - enfin, plutôt orange - mais pas rouge.

-Monsieur ? répondit le professeur de potion qui cherchait à comprendre ses réelles intentions.

Le directeur se leva, laissant le maître des potions dubitatif. Il fit face à la fenêtre qui donnait sur la forêt interdite et la contempla, perdu dans la réflexion de ses pensées.

-J'ai connu deux obscurials dans ma vie. Mais je ne connais aucun moyen d'en guérir. Le seul qui me vienne à l'esprit, est celui que vous lui offrez déjà.

-Que je lui offre déjà ? répéta Severus sans comprendre.

-L'amour. fit le directeur en se tournant à nouveau vers le professeur de potions.

Celui-ci aurait pu nier. Mais il n'en fit rien. Il soutint le regard perçant d'Albus, assumant pleinement ses sentiments pour la première fois devant quelqu'un d'autre que Darcy. Ils restèrent un moment à se toiser l'un l'autre. Severus attendait. Le temps était suspendu à leur silence. Dumbledore finit par se rasseoir, détournant son regard des yeux ombrés de son collègue.

-Je ne peux pas vous empêcher d'écouter vos sentiments. La loi doit parfois être ignorée pour... le plus grand bien. Dumbledore avait dit ses derniers mots avec une certaine réticence. Il ne les avait plus prononcé, ni même pensé, depuis sa folle idéologie avec Grindelwald. Mais ces mots étaient de circonstance. Il essayait de sauver une élève.

Severus reprit ses esprits. Il analysa chacun des mots qu'avait prononcés le directeur.

-Vous pensez que c'est... l'amour... qui peut sauver Miss Ravenel ? tenta d'éclaircir le professeur.

-C'est ce qui est arrivé jusqu'ici pour notre élève. En reprenant les causes qui provoquent l'apparition d'un obscurus, le manque d'affection en est la principale raison. Si chez Miss Ravenel, c'est un peu différent dû au sortilège de Transferat, je pense que si elle a réussi à vivre jusqu'ici c'est grâce à l'amour qu'elle a pu recevoir.

-Pourtant, on ne peut pas dire que ses parents l'aient beaucoup aimés. contredit Severus qui connaissait maintenant mieux l'histoire de sa compagne.

-On peut dire en effet qu'ils sont en partie responsables de l'apparition de l'obscurus. Mais elle a dû trouver une source d'amour quelque part.

Le potionniste pensa immédiatement à Matt. Elle avait été amoureuse de lui. Cet idiot aura au moins servi à la maintenir en vie. Une part de lui lui en était reconnaissante, mais une autre regrettait de ne pas avoir été cette personne. Il s'assurerait de l'être aujourd'hui.

-Vous n'ignorez donc pas le passif de Gregan ? demanda Severus qui comprit que Dumbledore devait savoir que ses parents n'avaient pas été une source de réconfort.