PHŒNIX [TERMINÉ]

CHAPITRE 41 - LEV

MUSIQUES
CLOSER - NUAGES
RUN CRIED THE CRAWLING - AGNES OBEL
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    — Lev, entends-je.

    Mon père toque doucement à la porte tandis que je me roule dans mes draps, je veux y rester toute la journée. Je ne réalise pas encore tout ce qui s'est passé, je refuse.

    — Entre, je grommelle.
    Il rentre dans ma chambre et s'assoit sur mon lit, me demandant si ca va mieux. Evidemment, la réponse ne peut qu'être mauvaise. Pendant ce temps, Buck est tout content de voir son papy.

    — J'ai du nouveau.
    — Comment ca ?

    Je le vois prendre une grande inspiration, alors je me redresse et m'appuie sur la tête de lit. Le coeur battant à tout rompre, j'appréhende ce qu'il va me dire.

    — J'ai appelé tous les hôpitaux du Minnesota, il a été transféré à l'hôpital St Luck.
    — Papa dis moi directement.
    — Il a subit un traumatisme crânien assez grave. Ils disent que ca s'est transformé en hémorragie cérébrale ou quelque chose comme ça. Isaac a aussi plusieurs côtes cassées, ils l'ont bien amochés.

    Mon coeur se serre, il se déchire même. Je le sens, dans ma cage thoracique, se briser en mille morceaux. Je retrouve cette sensation que je déteste tant. La culpabilité mêlée à peur. Tout en éprouvant une forme d'incertitude. La même sensation que lorsque maman est décédée.

    — Ce n'est pas tout, ils... l'ont placé dans un coma artificiel. Si j'ai bien compris ils vont le laisser dans cet état pas plus d'une semaine.
    — C'est déjà trop ! Ses capacités cognitives, physiques. S'il m'oublie ?
    — Ne t'en fais pas. Je suis sur que tout se passera bien.
    — T'es médecin toi, maintenant ? Dis-je sarcastiquement.
    Il lève les yeux au ciel avant de se mettre debout.

    — Et sa famille ? Je m'inquiète soudain. Il faut les prévenir.
    — Je crois qu'ils étaient déjà présents... Ecoute, j'ai appelé Maya. Elle s'inquiétait et tu ne lui répondais pas.
    — T'es sérieux ?
    — Lev, ils se font déjà un sang d'ancre pour Isaac. Tes amis sont désemparés.

    Je baisse les yeux, honteuse. Toute cette histoire prouve que dès que je veux faire quelque chose de bien, le résultat n'est pas le bon. Isaac est littéralement la meilleure chose qui me soit arrivée depuis des années. Il y a trois mois seulement je ne me sentais pas à ma place avec ceux que, maintenant, je considère comme ma famille. Celle que je me suis construite, celle que je me suis trouvée. Et j'ai tout fichu en l'air parce que j'avais trop peur du regard de ceux que j'aime. De voir sur leur visage de la peine. Il est plus facile qu'ils me détestent plutôt qu'ils aient de la pitié. Parce que je n'ai pas su dire non, je pensais tout bien faire. Je n'ai pas sur leur faire suffisamment confiance, de peur que cette dernière soit bafouée.

    Au final c'est toute mon âme qui l'a été, et je sais que plus forte je sortirai de cette expérience. Plus confiante en ceux que j'aime. Mes amis ont eux aussi été humiliés par mon comportement plus qu'égoïste. Je regrette de ne pas en avoir parlé à Isaac, il m'aurait conseillé, je le sais. Mais il est trop tard pour refaire le monde. Il faut que je change les choses.

    Mais pour le moment, je vais continuer de me morfondre et de pleurer, en partageant ma crème glacée avec Buck, C'est sarcastique, évidemment, il va tout me voler sinon. Avant l'effort, le réconfort.

    Je me lève, me douche et m'habille suffisamment bien pour ne pas être confondue avec Adam Sandler. Je suis peut-être triste mais au moins je suis jolie. J'essaye de manger les deux trois petites choses que je peux et que je réussi à avaler, malgré mon estomac noué. Je ne finis pas mon assiette de fruits alors décide de nourrir bébé Buck qui, même si je le refuse, grandit à vue d'œil. Je récupère mon ordinateur avant de penser une nouvelle fois à Isaac. Il faut que je me rapproche de lui. Et j'ai besoin de me raccrocher à la seule chose qui me fait penser à lui.