PHŒNIX [TERMINÉ]

CHAPITRE 15 - LEV

MUSIQUES
HATE ME - ELLIE GOULDING & JUICE WRLD
PART OF ME - KATY PERRY
THE LONELIEST - MÅNESKIN
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      Je danse avec Maya sans trop de conviction : j'ai l'impression d'être devenue obsédée par le toucher d'Isaac. Et comme je lui ai précédemment dit : jamais personne ne m'a fait ressentir de telles émotions. Ses mains sur mon corps, sur ma peau, son souffle contre ma nuque, sa bouche contre mon oreille. Je repense à tout ce qu'il s'est passé. Alors j'ai bu quelques verres de bières pour essayer d'inhiber cette obsession.

    Cependant, maintenant je ne pense plus à son toucher mais à son comportement. Lorsque je le cherche du regard il fait tout pour m'éviter. C'est presque comme s'il n'assumait pas être avec moi. Donc je le prends personnellement et me demande la raison : a-t-il honte ? Est-ce qu'il aurait honte de train avec moi en connaissant mon passé. Même si au début ça n'avait pas l'air de le perturber plus que ça, et je commence à trop penser et me remettre en question. Sur ma manière d'agir, de parler, les actions que je fais. Je me demande si ce que je fais est bien.

    Si je suis assez bien ;
    Si je me comporte suffisamment bien ;
    Je me demande quoi faire pour être moi-même en étant acceptée.

    Et je pense que mon plus gros problème réside ici, dans le fait que je ne me pense pas méritante dans mes relation.
    Parce que je suis coupable.
    Isaac est plus distant, plus froid. Il est passé du feu à la glace en seulement quelques musiques. Oui : je me repère par les musiques, n'est ce pas étrange ?

    Quoiqu'il arrive, je crains qu'il y ait un état de tension majeur, une gêne qui s'installe entre nous alors que tout ce dont j'ai envie c'est que cette amitié poursuive son bout de chemin. Je tourne une nouvelle fois la tête vers lui et le regarde trifouiller la paille de mon premier cocktail, les mâchoires serrées.

    — Ton mec n'a pas l'air enchanté par sa victoire, me fait remarquer Maya. Pourtant il avait l'air heureux, non ?
    — Je reste avec toi, s'il voudra partir il viendra me voir, je dis en rabattant mon regard sur ma meilleure amie.

    Son sourcil gauche se hausse et elle menace un regard réprobateur. Ok, j'ai compris : elle m'intime d'aller voir mon faux mec. Je lui demande rapidement si ça ne l'a dérange vraiment pas. Non pas que j'aie besoin de son accord, seulement je n'ai pas envie qu'elle se sente seul.

    Maya avant les mecs, évidemment.

    Je l'enlace et m'approche d'Isaac, l'air perdu dans ses pensées. Je tapote sur son bras et il relève son doux visage vers le miens. Ses yeux clairs dilatés par le manque de clarté me frappent plus que je ne le voudrais. Mais je pense qu'à ce moment là, mon esprit aussi bien que mon âme essayent de faire taire ce sentiment étrange qui brule à l'intérieur de moi. Je déglutis difficilement et fais un mouvement de tête envers la porte. Sans un mot, il récupère mon petit Prada noir, mets sa casquette sur son crâne (il est sexy) et prends ma main. Nous sortons du bar sans un bruit, la musique lancinante en produit déjà assez.

    Arrivés à l'extérieur, après seulement quelques pas, il lâche ma main. Cette action me semble brutale et, aussi rapidement que lui, je me referme dans ma coquille. Une carapace se créer, ne rien dire pour ne pas souffrir de ce manque d'espace.

    Le silence peut parfois être plus éloquent que des mots, que des paroles. Il peut aussi être douloureux. C'est une vérité, le silence est plus douloureux que les mots lorsqu'il est rempli de frustration, de colère et de non-dit. Plus virulent aussi, les remises en question... Le silence est une forme d'expression aussi vif soit-il.

    Le silence de jalousie,
    Le silence de frustration,
    Le silence de tristesse,
    Celui de colère aussi.

    Mais celui qui brise le plus, celui qui brise chaque partie encore vivante de nous :
    Le silence de deuil, de décès, de mort.
    Celui qui, à chaque fois prononcé, vous déclenche un élan de terreur, de peur.
    D'abandon aussi.