- Tue-moi et tu seras un homme.
Mordred leva les yeux vers son maître, une lueur de détermination illuminant ses yeux bruns aux reflets de braise.
Mordred avait été choisi par les dieux, il y a de cela seize ans. On dit que les enfants oublient les trois premières années de leur vie. Lui n'avait jamais oublié. Sa mère n'avait que quinze ans quand elle l'avait mise au monde. Il revoit le regard hautain des prêtresses qui lui avaient annoncé fièrement qu'il serait un grand guerrier, qui l'avaient emporté à l'école des arts martiaux de Crimsgham, où toute sa jeunesse il apprendrait les belles lettres, les mathématiques, les sciences, la politique, le dessin, la musique et surtout, à se battre.
Il revoyait l'air de détresse de la mère, ses yeux rougis par les larmes. Il ne revoyait pas de père. La jeune femme avait sûrement été victime d'un rapt.
Mère, je te retrouverais et te vengerais, je t'en fais serment.
Tout était fait pour que les élus, ceux choisis par les dieux ne retrouvent pas leurs parents. Mais Mordred avait ses souvenirs. Il attendait juste d'être adulte et libre pour la retrouver, et la sortir de la fange où elle vivait.
Or pour devenir adulte, il ne lui fallait qu'abattre son maître d'un coup de glaive. C'était ainsi que les chevaliers les plus nobles gagnaient leur statut.
Ils devaient faire fi de leurs sentiments, de l'affection et de la culpabilité.
- Mordred, tu dois me tuer. Je déteste me répéter, tu sais. Ne me dis pas que je t'ai formé toutes ces années pour que tu sois une femelette sentimentale ? Je ne veux pas mourir pour un pleutre.
Le jeune garçon serra les poings. Il détestait être remis en cause de la sorte. Lui, le meilleur de sa promotion, peut-être même meilleur que le futur Empereur ?
Lui, du haut de son mètre quatre-vingt cinq et de ses quatre-vingt trois kilos de muscle à seulement seize ans ?
- Non, mon maître. Je dis juste que cela me semble stupide de supprimer un de nos meilleurs guerriers.
- Vous allez devenir le compagnon d'armes de l'Empereur, Mordred. L'Empire n'aura plus besoin de moi quand il vous aura.
Le jeune guerrier baissa la tête. Son maître avait été le père qu'il n'avait jamais eu. Il lui devait tout.
- Je ne peux vous abattre ainsi. Je vous provoque en duel, maître.
Ce dernier éclata de rire.
- Votre justesse et votre droiture vous perdrons, jeune disciple ! Je suis presque déshonoré ! Pourquoi tenez-vous tant à moi ? Moi, je vous hais, je vous jalouse, je vous trouve pédant et insignifiant !
- Je sais, mon maître, que vous ne faites qu'exciter ma colère.
Pourtant le rictus de son maître ne fit que confirmer ses craintes. Il pensait ce qu'il disait.
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The Cursed Emperor : The legend of Mordred Langfire
FantasyIl existe au sein de l'Empire de nombreuses légendes...certaines de simples fantaisies, d'autres plus véridiques. La légende de l'Empereur Fou, ou Empereur Maudit, est celle qui est gardée la plus secrète...car sa découverte remettrait en questions...