Des griffes de soie et de pierreries

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Pendant ce temps, au Palais...

Valérien congédia les dernières filles de joie de la soirée qui se prélassaient encore sur les moelleux divans de sa suite encore et fit les cents pas dans sa chambre. Il avait tout pour être heureux : l'argent, les femmes, le pouvoir, la puissance...Pourtant il ne l'était pas, ou plutôt il l'était moins qu'avant.

-Hé merde, pourquoi est-ce que j'ai des états d'âme à la con comme ça ? Se lamenta-t-il en frappant rageusement contre le mur.

Si les années avaient légèrement étoffé sa musculature, il n'en restait pas moins svelte et il dû masser son poings endolori en jurant.

Depuis son mariage, Mordred nageait dans le bonheur avec sa femme tandis que lui enchaînait les conquêtes d'un soir sans profondeur. Il avait l'impression que son meilleur ami s'éloignait de lui, car, même s'ils passaient beaucoup de temps ensemble à cause de leur statut, Albina accaparait énormément son temps libre.

- Quand j'y pense, se dit l'Empereur pour lui-même, accoudé à un balcon de sa suite, je ne sais même pas ce qu'est l'amour...la seule personne pour laquelle j'ai vraiment éprouvé des choses, c'est...

Il s'interrompit, car il avait trop honte de le dire à voix haute. Mais cela était avéré, la seule personne qui comptait pour lui, qui le faisait rire, qui savait lui remonter le moral quand il broyait du noir ou le ramener à la raison quand il s'emportait, à qui il pouvait tout dire sans se sentir juger, c'était son frère de toujours, son fidèle compagnon d'armes.

- Ah, si seulement tu avais une jumelle, Mor...Ouais, une belle brune au yeux de feu et à la peau diaphane, au corps solide et aux courbes vertigineuses...Avec un caractère bien trempé et un humour acéré...

Valérien était encore nu et excité par sa soirée alors il commença machinalement à se caresser.

- Cette salope d'Albina...elle m'a pris tout ce que j'avais...Elle mériterait une bonne correction, tient...Dire que elle, elle peut profiter du corps divin de Mordred tous les jours, poser sa tête sur ses larges pectoraux, griffer son dos parfaitement sculpté, mordre la peau encore douce de ses épaules, sentir le parfum chaud de son cou solide, embrasser ses lèvres charnues...

- Empereur ?

Valérien se raidit et leva lentement la tête, horrifié. Il avait son membre encore dressé dans sa main et sa semence inondait le sol.

Albina se tenait devant elle, vêtue d'une robe de nuit si fine qu'on devinait toutes ses courbes parfaites à travers. Elle ne semblait pas décontenancé par l'absurdité de la scène et parla la première.

- Pardonnez-moi mais j'ai écouté aux portes lorsque vous parliez seul.

Ayant retrouvé un brin d'aplomb, Valérie fit un pas vers elle et gronda :

- Partez immédiatement. Vous savez que ce que vous faites est passible d'un châtiment !

- Si vous me tuez Mordred vous tuera. Il en est capable, vous le savez. Il a toujours été plus fort que vous, femmelette. 

- Jamais il ne lèvera la main sur moi ! Je le sais car je le connais depuis le berceau, moi ! hurla-t-il, rouge de colère.

L'Empereur sentit néanmoins une boule se former dans sa gorge. S'il devait choisir, Mordred tuerait-il sa femme où son meilleur ami ?

- Vous dites cela parce que vous l'aimez. Et l'aimer est un péché, surtout pour un homme tel que vous, vous le savez bien. Si cela se savait, ce serait terrible, non ? Puis Mordred ne vous aime pas, du moins pas de la même façon que vous...C'est moi qu'il aime, de tout son coeur...c'était amusant, quand j'avais treize ans...mais maintenant que j'en ai trente, cela devient lassant...cet amour de jeunesse est devenu fade...lui m'aime toujours, c'est presque triste pour lui...Je vais vous faire une confidence, poursuivit-elle, pas dérangée le moins du monde par la nudité de l'empereur et s'asseyant sur une chaise de bois sculpté. Je crois qu'il est stérile, car il ne m'a toujours pas donné d'héritiers. Et je dois perpétuer le sang des Dellarossa, tel est mon destin.

Valérien haussa un sourcil. Il était le seul, à part la mère de Mordred, à savoir qu'il était le père de la fille bâtarde de feu la Sorcière Suprême. S'il le révélait à Albina, il trahirait le secret de son ami, mais s'il se taisait elle risquait de devenir infidèle pour trouver un géniteur, ce qui briserait le coeur de son ami.

- Mordred n'est pas stérile, rétorqua-t-il froidement. Il a eu un enfant, avant de te rencontrer. Il s'agit de la bâtarde de feu la Sorcière Suprême.

Albina resta sans voix.

- Il...c'est donc lui le responsable de sa mort ? Quelle enflure...

- Non, ce n'est pas de sa faute ! Elle a voulu coucher avec lui. Il savait que les Sorcières ne pouvaient pas avoir de relation sexuelles, mais pas car enfanter les tuaient. Personne ne le savait. Il a voulu refuser mais elle l'y a contraint. 

- Oui, évidement...comment une femme pourrait contraindre un homme à coucher avec elle ? Les hommes commettent des rapts, pas l'inverse. 

- Qui sait ? Tu as bien attiré Mordred dans ta couche, toi, alors que vous étiez que des enfants !

Valérien serra les poings. Cette conversation incongrue commençait à profondément l'agacer.

- Cela ne me dit toujours pas pourquoi vous écoutiez à ma porte, poursuivit-il. 

- Car j'avais l'intention de vous faire oublier votre amour pour Mordred, et donc votre déviance. En résumé, je suis venue vous rendre service.

L'Empereur haussa un sourcil.

- Et comment feriez-vous cela ? 

- Comme ceci.

Elle se leva, attrapa les hanches étroites de Valérien et les pressèrent contre son généreux bassin, puis lui donna un baiser délicat.

L'Empereur tenta d'abord de se dégager puis sentit ses genoux flageller alors qu'elle approfondissait son baiser.

Il écarquilla les yeux et compris qu'il était fichu, tout comme Mordred l'avait été dix-sept ans auparavant. Ses pouvoirs n'étaient peut-être pas des plus puissants, mais ils l'étaient suffisamment pour reconnaître qu'un être n'était pas humain. Et Albina ne l'était pas. Son corps entier vibrait d'une étrange magie. Une magie plus pure que la magie blanche ou encore la mystérieuse magie pure. Non, cette magie-là état bien supérieure. Il ne s'agissait pas d'une magie divine, mais de quelque chose entre les deux...

- Je suis un archange, lui souffla-t-elle. Mais maintenant, tu vas l'oublier et m'aimer.

Valérien chancela. Tout tournait autour de lui et sa vision devenait floue.

Quand il reprit clairement ses esprits, il était en train de faire fougueusement l'amour à Albina. La jeune femme était offerte, sa chevelure de glace éparpillée sur les draps de soie pourpre et sa poitrine se soulevant à chaque assaut de son amant.

Valérien croisa son regard et comprit alors une chose avant de se répandre en cette femme qui l'obsédait tant : il venait de signer son arrêt de mort. 

 

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The Cursed Emperor : The legend of Mordred LangfireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant