La terre des Orcs

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Mordred reposa sa choppe de bois avec grand bruit sur la table, faisant signe à la tenancière de la taverne de lui en ramener une autre.

- Tu as vu un peu, Shehereza, comme je les ai soumis, ces foutus orcs ?

La jeune fille jeta un regard amusé à son père et aux autres soldats qui festoyaient. Cela faisait des heures qu'ils buvaient, chantaient, dansaient, et l'atmosphère enivrante de la taverne lui montait à la tête.

- C'était une rude campagne, et je dois avouer que ta réputation n'est plus à faire, père ! Des gens te détestent peut-être, mais, en attendant, c'est toi qui a le plus agrandi l'Empire jusqu'ici !

- Et en proposant les traités les plus avantageux pour les provinces annexées ! Ajouta Morthanael, tout en dévorant du regard Sherereza. Levons notre verre à l'Empereur Fou, mes frères !

- À l'Empereur Fou ! S'égosillèrent guerriers, gueux et filles de mauvaise vie présent dans la taverne de Gearasdan, la capitale de la contrée des orcs.

La bière et le vin coulaient à flot tandis que bardes et ribaudes s'égosillaient sur des chansons paillardes.

Shehereza se leva, vêtue d'une simple brigandine et d'une légère jupe de lin et prit Mordred par la main.

- C'est ma chanson préférée ! J'ai tant dansé dessus aux fêtes de village !

L'Empereur éclata de rire.

- J'oublierais toujours que tu as été élevée parmi les gueux...je te dois bien cela, je crois...

Il la prit par la taille, et, bon danseurs malgré l'alcool, exécutèrent avec brio chaque pas de cette danse de village traditionnelle.

En cette soirée de liesse, Mordred se sentait bien, peut-être pour la première fois depuis la mort de Valérien et Albina. À vrai dire, l'alcool lui avait fait oublier ce passé douloureux. Ce soir-là, il était heureux, il était un grand conquérant, il était entouré de sa fille, qui prenait sa suite avec brio, et de ses fidèles soldats.

La nuit était bien avancée quand la troupe de guerriers prit d'assaut les chambres exiguës de la vaste auberge.

Shehereza peinait à gravir les hautes marches de bois et Mordred soutint la jeune femme par le bras.

- Par le diable à trois cornes...j'ai la tête qui tourne...Je ne distinguerais pas mon cheval d'un chien errant, je crois...

L'Empereur trouva une chambre ouverte et aida sa fille à se débarbouiller.

Elle avait trente-trois ans ans et il savait qu'elle n'était plus une enfant pourtant son esprit embrumé par l'alcool fut surpris de trouver un corps de femme musclé et tout en courbes sous sa tunique de lin et non un frêle corps longiligne de fillette.

C'était son apparence qu'elle avait prise...la sirène...Je suis fichu...je ne pourrais pas résister.

- Hé bien, Mordred, on dirait que tu as vu un fantôme, le railla la jeune femme, qui avait repris un peu d'aplomb, vivifié par l'eau fraîche du petit baquet où il l'avait baignée. Viens donc un peu te laver, tu sens le chat écrasé par une charrette pourrissant au bord du chemin sous un soleil estival, reprit-elle, éclatant de rire par la suite, amusée par cette métaphore très imagée. 

- Mais...

L'Empereur eu à peine le temps de protester qu'elle le tira vers elle et, plus alcoolisé qu'il ne l'avait jamais été, il chancela et tomba dans le baquet.

Mordred tenta de se rattraper mais son corps nu se retrouva collé à celui de la jeune femme, qui écarquilla en dévisageant la musculature des bras puissants qu'ils l'entouraient.

The Cursed Emperor : The legend of Mordred LangfireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant