Chapitre 5: Gabriel

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Je m'appelle Gabriel. J'ai quatorze ans et je suis en troisième. J'ai toujours été un garçon populaire à l'école. Les autres élèves m'admirent, mes professeurs disent que j'ai du potentiel, et mes parents sont fiers de moi. Mais il y a une ombre dans ce tableau, une part de moi que je n'aime pas regarder en face.

Il y a un an, une nouvelle élève est arrivée dans notre classe. Elle s'appelait Zéphyr. Elle était différente des autres, plus réservée, plus silencieuse. Quelque chose dans son regard, dans sa façon d'être, me dérangeait. Peut-être parce qu'elle semblait ne jamais vouloir se faire remarquer, comme si elle cherchait à se fondre dans le décor.

Au début, je l'ignorais simplement. Mais petit à petit, j'ai commencé à la remarquer davantage. Peut-être parce qu'elle était toujours seule, assise à l'écart, perdue dans ses pensées. Les autres élèves semblaient aussi la trouver étrange, et il ne m'a pas fallu longtemps pour m'apercevoir qu'ils se moquaient d'elle, chuchotant des remarques méchantes dans son dos.

Un jour, alors que nous étions en récréation, un de mes amis, Maxime, a commencé à imiter Zéphyr, se moquant de sa façon de marcher et de parler. Tout le monde a éclaté de rire. Je ne voulais pas me sentir exclu, alors j'ai ri aussi. À partir de ce moment-là, les moqueries sont devenues une habitude. C'était comme un jeu, un moyen de renforcer notre complicité de groupe.

Mais ce qui avait commencé comme des plaisanteries est vite devenu plus sombre. Un jour, Zéphyr était assise seule sur un banc, comme d'habitude. Maxime a lancé un caillou dans sa direction, qui l'a touchée à la jambe. Elle n'a pas réagi, mais je pouvais voir la douleur dans ses yeux. Quelque chose en moi a hésité, mais je n'ai rien dit. Au contraire, j'ai ramassé un autre caillou et je l'ai lancé aussi, suivi par les autres.

Les jours suivants, les choses ont empiré. Nous lui lancions des insultes, la bousculions dans les couloirs, cachions ses affaires. Chaque fois qu'elle pleurait ou montrait un signe de faiblesse, cela nous donnait une sorte de satisfaction malsaine. Je me suis convaincu que ce n'était qu'un jeu, que cela ne faisait pas vraiment de mal. Mais au fond de moi, je savais que c'était faux.

Un après-midi, après les cours, j'ai suivi Zéphyr jusqu'à sa maison. Je voulais voir où elle vivait, en savoir plus sur elle. Lorsqu'elle est entrée chez elle, j'ai remarqué qu'elle avait l'air encore plus triste et épuisée que d'habitude. J'ai senti une pointe de culpabilité, mais je l'ai rapidement étouffée.

Quand nous étions en classe, et Zéphyr semblait particulièrement abattue. Elle n'avait même pas la force de nous ignorer, de nous éviter du regard. Pendant la récréation, nous avons redoublé de méchanceté, poussés par une sorte de frénésie collective. Zéphyr n'a rien dit, mais je pouvais voir ses épaules trembler, ses yeux remplis de larmes retenues.

C'était un mercredi après-midi, juste avant les vacances de printemps. Le soleil brillait, mais il faisait encore frais dehors. La matinée venait juste de commencer et nous n'étions pas encore beaucoup en classe.

Zéphyr était assise au fond de la classe, comme d'habitude, ses yeux rivés sur son carnet de dessins. Elle semblait ailleurs, perdue dans son propre monde. C'est à ce moment-là que Maxime, toujours à la recherche d'une occasion de se divertir aux dépens des autres, a eu une idée.

"Hey, Gabriel" a-t-il chuchoté, un sourire narquois aux lèvres. "On pourrait s'amuser un peu. T'as déjà pensé à la façon dont Zéphyr réagirait si on la faisait flipper un peu?"

J'ai hésité, sentant une vague de malaise m'envahir. "Qu'est-ce que tu veux dire?"

Maxime a jeté un coup d'œil en direction de Zéphyr et a baissé encore plus la voix. "On pourrait l'enfermer dans le placard de la salle de stockage. Juste pour voir. Ça serait marrant, non?"

Les conséquencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant