Chapitre 7: Mélanie

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Les jours qui ont suivi la tragédie ont été empreints d'une profonde tristesse. Chaque instant était marqué par le vide laissé par Zéphyr. Chaque lieu, chaque objet, chaque souvenir me rappelait douloureusement son absence. Je me sentais perdue, anéantie par le chagrin, et je me demandais comment j'allais pouvoir continuer sans elle.

La perte de Zéphyr a laissé un vide béant dans ma vie, un vide que rien ne semblait pouvoir combler. Chaque jour, je me réveillais en espérant que ce ne soit qu'un cauchemar, mais la réalité me frappait de plein fouet à chaque instant.

Je me suis repliée sur moi-même, cherchant désespérément un moyen de surmonter cette épreuve. Mes pensées étaient constamment tournées vers Zéphyr, vers les moments que nous avions partagés, vers les rêves que nous avions nourris ensemble.

Je me suis demandée ce que j'aurais pu faire différemment, comment j'aurais pu être là pour elle d'une manière ou d'une autre. Mais aucune réponse ne semblait apaiser la douleur lancinante qui me consumait de l'intérieur.

Pendant des jours, des semaines, des mois, j'ai erré dans un état de torpeur, incapable de trouver la paix, hantée par le souvenir de mon amie perdue.

Pour moi, c'était le début de la fin. Dès que j'ai appris la nouvelle, un gouffre noir s'est ouvert sous mes pieds, m'aspirant dans une spirale de douleur et de désespoir. Zéphyr n'était pas seulement mon amie, elle était comme une sœur pour moi. Le vide laissé par son absence était insupportable.

Les jours qui ont suivi la mort de Zéphyr furent un flou de larmes et de cauchemars. Je ne pouvais pas dormir, hantée par le souvenir de mon amie. Les rires partagés, les secrets murmurés, tout cela semblait appartenir à une autre vie. La culpabilité me rongeait. Je me demandais sans cesse si j'aurais pu faire plus pour aider Zéphyr, si j'aurais pu prévenir cette tragédie.

Pour faire taire les voix dans ma tête, j'ai commencé à m'automutiler. La douleur physique était un exutoire, une manière de rendre la souffrance intérieure plus tangible. Les coupures sur mes bras étaient des cicatrices visibles de mon tourment invisible. Chaque entaille était un cri de détresse, une tentative désespérée de trouver un semblant de contrôle dans un monde devenu chaotique. Toute personne aurait dit que je me faisais du mal mais pour moi, c'était une délivrance, un bonheur.

Je cachais mes blessures sous des manches longues, prétendant que tout allait bien. Mes parents, aveuglés par leurs propres soucis, ne remarquaient pas le changement en moi. Mes enseignants voyaient bien que j'étais différente, mais ils ne savaient pas comment m'aider. Je me sentais de plus en plus seule, perdue dans un océan de douleur.

Avec le temps, la réalité est devenue floue pour moi. J'ai commencé à entendre la voix de Zéphyr dans ma tête, des murmures insistants qui me poussaient à agir. Je me convainquais que Zéphyr voulait que je me venge, que je fasse payer ceux qui lui avaient fait du mal. La folie s'insinuait en moi, grignotant peu à peu ma raison.

Un jour, j'ai croisé Gabriel dans un couloir de l'école. Le simple fait de le voir, cet élève qui avait harcelé Zéphyr jusqu'à la pousser au suicide, a déclenché une rage incontrôlable en moi. Les murmures de Zéphyr sont devenus des cris, des injonctions à punir Gabriel. J'ai commencé à le suivre, mes pensées obsédées par l'idée de vengeance.

L'occasion s'est présentée un soir, alors que Gabriel rentrait seul chez lui. Je me suis dissimulée dans l'ombre et je l'ai suivi jusqu'à une ruelle isolée. Les voix dans ma tête étaient devenues assourdissantes, me poussant à agir. J'avais préparé un couteau, un symbole de ma douleur et de ma détermination.

La nuit était tombée, enveloppant la ruelle sombre d'un voile sinistre. Je guettais Gabriel, mon cœur battant la chamade, mes pensées envahies par une rage inextinguible. Lorsque je l'ai vu, seul, marchant d'un pas rapide, une détermination glaciale s'est emparée de moi. C'était le moment de rendre justice à Zéphyr, à moi-même.

Je me suis dissimulée dans l'ombre, attendant le bon moment. Puis, d'un mouvement vif, je suis sortie de ma cachette, le couteau serré dans ma main moite. Gabriel s'est figé, la terreur peinte sur son visage. Mais au lieu de fuir, il a levé les mains en signe de reddition.

"C'est toi, Mélanie," a-t-il murmuré d'une voix tremblante. "Tu n'es pas obligée de faire ça. Je... je suis désolé pour Zéphyr."

Ses paroles auraient pu m'apaiser autrefois, mais plus maintenant. La douleur et la colère avaient transformé ma peine en un torrent de fureur incontrôlable.

"Tu es désolé ?!" ai-je crié, ma voix emplie d'une rage sourde. "Tu n'as aucune idée de ce que tu lui as fait endurer ! Tu n'as aucune idée de la douleur que tu as causée !"

Gabriel a baissé les yeux, incapable de soutenir mon regard brûlant de haine.

"Tout est de ta faute," ai-je continué, ma voix tremblante de colère et de chagrin. "C'est toi qui l'as poussée au bord du gouffre. Tu l'as harcelée, tu l'as humiliée, tu l'as brisée. Et maintenant, tu vas payer pour ce que tu as fait !"

Gabriel a relevé les yeux, sa voix teintée d'une résignation amère. "Alors vas-y, Mélanie. Fais-le. Tue-moi. C'est ton droit. Je le mérite."

Sa demande m'a glacée sur place. Je ne m'attendais pas à ce qu'il réagisse ainsi, à ce qu'il me donne carte blanche pour mettre fin à sa vie. Mais dans son regard, j'ai vu une lueur de culpabilité, une acceptation de son destin.

C'était comme si il était déjà mort, son corps présent mais son esprit déjà parti.

Alors, dans un geste irréfléchi, j'ai avancé, le couteau toujours serré dans ma main. Mes doigts tremblaient, mais ma détermination était ferme. "Adieu, Gabriel," ai-je murmuré, un mélange de tristesse et de satisfaction envahissant mon être.

Dans un élan de folie et de désespoir, j'ai enfoncé la lame dans sa chair, sentant la résistance de son corps, écoutant le son étouffé de sa respiration. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Jusqu'à ce que le silence tombe, lourd et pesant, brisant la nuit d'une façon irrémédiable. Gabriel était étendu à mes pieds, sa vie s'échappant de lui en un dernier souffle. Et dans ce moment, une onde de soulagement m'a submergée, mais elle était vite remplacée par le vide, un vide encore plus grand que celui que Zéphyr avait laissé

Mon arrestation a été rapide. Les cris de Gabriel avaient alerté des passants qui ont appelé la police. Je n'ai pas résisté, perdue dans un état second. Les voix avaient enfin cessé, remplacées par un silence assourdissant.

Au procès, je n'ai pas cherché à me défendre. Mon avocat a plaidé la folie, et j'ai été internée dans un hôpital psychiatrique. Les murs blancs de ma chambre étaient à la fois une prison et un refuge. Là, je ne pouvais plus faire de mal à personne, ni à moi-même ni aux autres.

Les jours sont devenus des semaines, puis des mois. Je suivais des thérapies, mais le chemin vers la guérison était long et incertain. Parfois, j'entendais encore la voix de Zéphyr, mais cette fois-ci, c'était une voix apaisante, comme un murmure rassurant dans l'obscurité. Je savais que je ne pourrais jamais effacer ce que j'avais fait, mais j'espérais un jour trouver la paix. J'étais de moins en moins consciente de mes actes. Soit la folie soit les calmants avaient raison de moi.

De toutes façons, Gabriel serait mort.


Autant précipiter les choses vous ne croyez pas ?

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