Chapitre 40 : Le Calme Avant la Tempête

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Dans un manoir aux allures intemporelles, un sorcier vêtu d'une robe bleu nuit parsemée d'étoiles faisait les cent pas dans le salon, prisonnier de la demeure.
Ses pas résonnaient doucement sur le parquet ancien, accompagnés par le crépitement discret du feu dans la cheminée. Il arpentait nerveusement la pièce, ses pensées tourbillonnant dans son esprit, cherchant désespérément un fil conducteur dans le chaos des événements récents.

Il s'interrogeait sans cesse, rejouant la scène un millier de fois dans sa tête : quand tout avait-il basculé ? Les images se succédaient, chaque détail scruté avec une précision presque maniaque. Les erreurs commises, les opportunités manquées, tout défilait dans une boucle incessante de regrets et de questionnements.Il devait bien l'avouer, il n'avait pas prévu ce qui venait de se passer.

Un sourire amer étira ses lèvres : Miss White.

Même dans ses pensées tourmentées, il ne pouvait s'empêcher d'admirer cette jeune sorcière. Elle était de loin la plus intelligente et la plus douée qu'il lui ait été donné de rencontrer. Sa maîtrise des arcanes magiques, sa finesse d'esprit, tout en elle respirait le potentiel et la grandeur.

Elle lui faisait penser à lui dans ses jeunes années, une époque où son propre avenir brillait de promesses et d'ambitions démesurées. Il était sûr qu'elle égalerait, voire surpasserait, sa propre renommée. Cette pensée lui apportait une étrange forme de consolation, un espoir ténu dans la tourmente actuelle.Lassé de ses incessantes déambulations, il s'assit sur le canapé face à la cheminée d'un blanc immaculé.

Le confort moelleux du siège l'accueillit et, pour un instant, il se laissa aller à la chaleur apaisante des flammes. Il se perdit dans ses pensées, le regard fixé sur les braises rouges et dorées.

Son esprit vagabonda à travers les souvenirs, les découvertes magiques, les duels mémorables, et les alliances fragiles forgées au gré des nécessités.

Il ressentait une frustration qu'il n'avait que rarement éprouvée au cours de sa longue vie. En ce moment précis, dans ce manoir qui lui semblait soudain oppressant, il se retrouvait réduit à l'état de pion sur un échiquier complexe, une situation qui lui était profondément étrangère.

Lui, qui avait toujours été le maître incontesté des stratégies les plus audacieuses, le tisserand des plans les plus subtils, se retrouvait maintenant impuissant, en attente des décisions d'une autre. Cette impuissance lui pesait lourdement.

Il avait passé des décennies à manipuler les événements avec une finesse inégalée, anticipant chaque mouvement, chaque réaction, avec une précision chirurgicale. Être dépossédé de cette capacité, devoir se reposer sur les actions de quelqu'un d'autre, surtout sur celles de Miss White, éveillait en lui un tourbillon de sentiments contradictoires. Il admirait profondément l'intelligence et l'habileté de la jeune sorcière, mais en même temps, cette dépendance nouvelle, ce renversement de rôles, lui faisait ressentir une angoisse sourde et inédite. Pour la première fois de sa longue vie, le grand sorcier n'était pas celui qui tirait les ficelles, mais celui qui devait espérer, attendre et observer l'échiquier se reconfigurer sans pouvoir y intervenir.

Au même moment, tandis que le vieil homme méditait, à plusieurs lieues de là, au 12 square Grimmaurd, Clarissa s'éclipsait discrètement avec Kreattur, laissant les membres de l'Ordre du Phénix à leurs hypothétiques réflexions.

Kreattur, le loyal elfe de maison, la guida avec un empressement palpable à travers les sombres couloirs du manoir ancestral, jusqu'à une porte qui avait toujours été fermée à double tour. L'elfe trépignait d'impatience, un sourire énigmatique aux lèvres.

"Kreattur a un cadeau pour Miss," déclara-t-il avec une fierté non dissimulée en déverrouillant la porte avec une clé ancienne.

Lorsque la porte s'ouvrit, Clarissa découvrit une magnifique salle de musique, somptueusement décorée dans le style opulent de la noble maison des Black. Les lourds rideaux de velours pourpre, les lustres en cristal scintillant et les meubles en acajou sombre conféraient à la pièce une majesté sévère, typique de la demeure. Cependant, des touches solaires et lumineuses, comme des tentures dorées et des miroirs réfléchissant la lumière, illuminaient la pièce d'une chaleur inattendue.

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