Le Secret Du Phoenix

Chapitre 50: Aller - Retour Passé Partie III

Elle sentit son cœur manquer un battement, le souffle court, comme si l'air lui manquait soudainement. Devant elle se tenait Regulus Black, un homme qu'elle avait longtemps pleuré et dont elle avait cru la mort certaine. Mais il était là, vivant, en chair et en os. Son visage était celui qu'elle se rappelait, mais avec des années de plus, marqué par les épreuves, les sacrifices, et la souffrance qu'il avait endurés dans l'ombre. Ses traits étaient plus durs, plus anguleux, les rides se creusant profondément autour de ses yeux et de sa bouche, témoignant des batailles qu'il avait menées, tant intérieures qu'extérieures. Pourtant, malgré la fatigue évidente, ses yeux brillaient encore de cette intensité déterminée, d'une volonté de fer que rien n'avait pu briser.

Ses cheveux, autrefois d'un noir de jais et toujours bien coiffés, étaient maintenant parsemés de mèches grises, signes visibles du poids des années qui s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre. Mais ce qui frappait le plus Allyssa, c'était l'expression de ses yeux - un mélange de tristesse profonde et d'une résignation acceptée, mais aussi d'une lueur de défi et d'espoir, comme s'il avait attendu ce moment, cette rencontre, pendant tout ce temps.

"Je savais que tu finirais par me retrouver, Allyssa, je lui avais dit que tu comprendrais" dit-il d'une voix rauque, légèrement éraillée, presque méconnaissable.

Cette voix, autrefois pleine de vivacité et de jeunesse, portait maintenant le poids des secrets, des regrets, et des vérités amères. Chaque mot semblait venir du plus profond de lui, comme s'ils avaient été longtemps enfouis et retenus, attendant le bon moment pour être prononcés.

Un silence choqué tomba sur la pièce, lourd et palpable, comme une chape de plomb. Sirius, Remus, et les autres membres de l'Ordre restèrent figés sur place, incapables de croire à la scène qui se déroulait devant eux. L'idée que Regulus, le frère de Sirius, celui qu'ils pensaient tous perdu à jamais, soit là devant eux, était à peine concevable. Les implications de cette révélation étaient immenses, bouleversant tout ce qu'ils croyaient savoir.

Allyssa, encore sous le choc, sentit ses jambes la porter presque mécaniquement vers lui. Ses pensées tourbillonnaient, cherchant un sens à ce qu'elle voyait.

"Regulus... c'est vraiment toi ?" murmura-t-elle, sa voix tremblante, à mi-chemin entre l'incrédulité et l'espoir désespéré.

Elle tendit la main, hésitante, comme si elle avait peur que ce qu'elle voyait n'était qu'une illusion, un mirage qui disparaîtrait si elle osait le toucher. Mais Regulus resta là, immobile, ses yeux ancrés dans les siens, comme s'il puisait la force de la regarder en face après tout ce temps.

"Oui, c'est moi, Allyssa," répondit-il doucement, une ombre de sourire triste se dessinant sur ses lèvres. "Je suis désolé pour tout ce que tu as dû traverser, pour tout ce que j'ai dû te cacher." Ses mots portaient le poids de la culpabilité et du regret, mais aussi celui d'une détermination renouvelée. "Mais je suis ici maintenant, et il est temps que tu saches toute la vérité."

Sirius, toujours sur ses gardes, ne baissa pas sa baguette. "Quelle vérité, Regulus ? Pourquoi ne nous as-tu pas dit que tu étais en vie plus tôt ?"

Regulus tourna son regard vers son frère, une ombre de regret passant dans ses yeux. "Parce que c'était trop dangereux et que je lui avait promis... que si Voldemort avait su que j'étais encore en vie, il aurait tout fait pour me retrouver et détruire ce que j'avais accompli. Mais maintenant, il est temps que vous sachiez la vérité."

Allyssa sentit une vague d'émotions l'envahir. "Et cette vérité, c'est quoi, Regulus ? A qui avais-tu promis de ne rien dire ?"

Regulus prit une profonde inspiration avant de répondre, comme s'il cherchait à puiser le courage nécessaire pour révéler ce qu'il avait gardé en lui pendant tant d'années. Ses yeux se fermèrent un instant, ses traits se tendirent, et il rassembla ses pensées, essayant de trouver les mots justes. Il ouvrit la bouche pour parler, mais sa langue sembla s'enrouler au fond de sa gorge, le trahissant au dernier moment. Les mots qu'il avait préparés se dérobèrent, et il dut s'arrêter brusquement, le souffle court, la frustration visible dans son regard. Après un moment d'hésitation, il reprit sa phrase d'une manière différente, contournant habilement les mots qui refusaient de passer.