Le chant du vent et le murmure des embruns

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— Viens, dit Louis, en tendant une main à Tony, je te ramène.

Il eut beau protester et dire qu'il pouvait très bien rentrer tout seul, Louis refusa de le laisser.

Ils cheminèrent en silence. L'océan s'agitait toujours, ils entendaient le mugissement des vagues. Le vent tourbillonnait autour d'eux, Tony frissonnait dans ses vêtements mouillés. La pluie s'abattait toujours sur eux, impitoyable, et les deux garçons fatiguaient.

— On y est presque, l'encouragea Louis qui, étrangement, semblait connaître le chemin.

Tony était épuisé. Il poussa la grille qui délimitait l'entrée de la propriété et tous deux se hâtèrent jusqu'à la porte. Aussitôt, les deux parents de Tony apparurent, et avec eux une avalanche de questions. Louis regardait d'un air un peu lointain les deux adultes virevolter autour de Tony, lui faisant enfiler des vêtements chauds, s'assurant qu'il allait bien, lui faisant boire une boisson brûlante. Ce ne fut que quelques minutes plus tard que la mère de Tony remarqua l'autre gamin, les yeux baissés, les vêtements goûtant sur le sol, leurs deux sacs à dos toujours sur l'épaule.

— Tu es trempé ! Viens, on va te trouver des vêtements secs.

— Je dois rentrer, protesta Louis. Ma mère...

— Il y a une sacrée tempête, c'est dangereux de sortir, fit remarquer le père de Tony. On va l'appeler pour la prévenir que tu passes la nuit ici, d'accord ?

Louis jeta un coup d'œil hésitant vers Tony, comme s'il n'était pas certain de pouvoir accepter.

— Tu veux un chocolat chaud ? questionna Tony.

Louis sourit et hocha la tête. Ici, il ne ressemblait plus au gamin extraverti qu'il était à l'école. Mal à l'aise, il parlait peu en buvant distraitement son chocolat, le visage tourné vers la fenêtre. Il pleuvait toujours, la nuit était tombée. Louis portait des vêtements secs appartenant à Tony, trop grands pour lui. Il avait l'air plus jeune, plus vulnérable.

Plus tard, à table, il sourit en découvrant la sœur de Tony, une fillette de trois ans sa cadette capable de charmer n'importe qui - Louis ne faisait apparemment pas exception.

— Alors, Louis, questionna le père de Tony, tu ne nous a pas dit ce que fait ton père ?

L'enfant se raidit légèrement.

— Mon père est mort, monsieur.

Tony écarquilla les yeux. Il tenta d'imaginer, l'espace d'un instant, vivre sans son père.

— C'est horrible ! laissa-t-il échapper.

Louis haussa les épaules.

— Ça fait longtemps.

— Tu vis seul avec ta mère ? Elle s'occupe de tout ?

Nouveau haussement d'épaules.

— Et comment ça se passe, le collège ? demanda la mère de Tony.

Tony lui lança un regard noir. Qu'est-ce qu'elle faisait ?

— Ça va, affirma Louis.

— Tu as des amis ? insista-t-elle.

Il la regarda d'un air surpris.

— Je crois.

— Et Tony et toi, vous êtes amis, c'est ça ?

— Euh... J'sais pas, admit Louis en se tournant vers Tony. On l'est ?

Tony se sentit rougir. Il bégaya deux, trois mots, horrifié par la tournure que prenait la conversation.

Ce que souffle le ventOù les histoires vivent. Découvrez maintenant