15| Les Catacombes, Partie 1

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« Buvons du thé encore du thé en nous souhaitant, mon cher, un joyeux non anniversaire, mon... cher ! »




Ava, sept ans plus tôt





— Hors de question, tonne mon frère en récupérant une bouteille d'eau du frigo. On n'accepte pas les gamines de douze ans.

Une grimace scotchée au visage, je le scrute pendant qu'il avale quelques gorgées avant de sortir son téléphone pour le porter à son oreille.

— Je viens d'avoir treize ans, grogné-je.

Cameron fait le tour de l'îlot central en marbre, puis il avance jusqu'au salon, sans me prêter la moindre attention. Mon frère et son meilleur ami organisent chaque week-end des soirées aux catacombes. Assez vite, ils se sont bâti une réputation. Tous les lycéens se languissent de pouvoir, un jour, accéder à ces événements prisés.

— Mec, t'as acheté l'alcool pour ce soir ?

Depuis l'immense salon, la voix de mon frère résonne. Je me lève pour aller dans ma chambre, agacée qu'il refuse encore que je vienne avec lui. Je ne suis plus une enfant. Je fêtais mes treize ans presque un mois en arrière, en juillet. Sous le soleil écrasant de notre jardin, en compagnie de mes copines du collège et du patinage.

Maman dit que je suis forte, que j'ai une carrière devant moi. Chaque semaine, elle m'accompagne à mes entraînements, elle ne me laisse jamais seule. Elle adore me regarder patiner pendant des heures. Maman aussi aspirait à être danseuse, quand elle était petite. Son quotidien résidait sur la glace. Mais comme elle me le dit souvent : parfois les choses ne se passent pas comme on le veut ; parfois la vie est plus compliquée.

Moi, je pense que la vie est très simple. Quand on veut, on peut. Lorsqu'on aime quelque chose, qu'on est passionné, rien ne peut nous arrêter. Le Skate America m'est destiné et rien ni personne ne peut m'empêcher d'atteindre mon rêve.

Je l'ai promis à maman.

Je vais le faire pour elle, je vais le faire pour tous ceux qui ont dû abandonner ce à quoi ils aspiraient. Comme me l'a toujours répété ma mère, quand on est déterminé, on obtient ce qu'on convoite le plus.

Soudain, je me souviens que Grace doit venir me chercher dans un quart d'heure, je me dirige vers ma coiffeuse pour me repoudrer le nez et peigner mes longs cheveux blonds en une queue de cheval. Elle m'a promis de m'aider à faire un flip. Grace est bien plus douée que les autres entraîneuses de groupe et je la préfère également.

Enfin, sauf Marcus.

Il respire la joie de vivre et la gentillesse. Il m'a ramené des bubblegum à la fraise la semaine dernière, parce qu'il sait que ce sont mes favoris.

Dans un élastique je capture mes mèches, puis enfile un legging noir et un tee-shirt beige en polyamide qui me colle à la peau. Par-dessus, je cache ma poitrine naissante d'un gros sweat-shirt à capuche. Je récupère mon sac de sport et fourre mes affaires dedans avant de dévaler les escaliers deux par deux. Arrêté en plein vol par Cameron, je me tourne pour lui faire face. Il me toise de haut en bas, puis il m'adresse un sourire complaisant. Les yeux gris de mon frère pétillent de douceur. Je lui souris à mon tour.

Les choses ne pourraient pas aller mieux.

Plein mois d'août, les grandes vacances d'été ne sont pas près de s'écourter, papa et maman rentrent de leur voyage dans trois jours, Grace m'amène à mon entraînement et, dimanche, c'est soirée cinéma avec mon Cam et Dae.

Je l'aime de tout mon cœur, mon frère, mon pilier, mon âme sœur.

— Il faut qu'on prépare la maison avant l'arrivée des parents, tu m'aideras sœurette ?

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