The Pilot Union

2| Le diable a remis les pieds à Primrose.

« Ne soyez pas si pressé de croire tout ce qu'on vous raconte. »

𝑬𝒓𝒐𝒔

— Il est sorti de prison.

Ces cinq mots sonnent comme une fatalité. Je relève les yeux pour les enraciner dans ses iris mordorés teintés d'inquiétude. Grayson sillonne la cuisine de mon loft, puis il contourne l'îlot central en quartz blanc dont quelques rayons du soleil se miroitent à travers les grandes fenêtres. Tout en se rongeant les ongles, il revient sur ses pas, nerveux. Pendant qu'il se poste devant moi, il camoufle presque l'écran plat qui projette la rediffusion de ma dernière course.

Je hausse les épaules et il me sonde avant de soupirer, agacé.

— Et donc ? m'enquiers-je, flegmatique. Il allait bien sortir un jour.

Il passe une main dans ses cheveux tressés et les tire frénétiquement en arrière. Sa moue réprobatrice m'observe, tandis qu'il s'empare de la télécommande posée sur la table basse en marbre noir pour éteindre la télévision. Il claque des doigts et me fait signe de me concentrer.

— Putain, mais c'est quoi ton problème avec lui ? marmonné-je en me redressant du canapé en cuir. Il est passé à autre chose, et nous aussi.

Un rire caustique s'échappe de ses fines lèvres avant qu'elles ne se tordent dans une grimace.

— Si tu penses qu'on en a fini avec les Maddox, m'exhorte-t-il d'une voix grave, tu te fourres le doigt dans l'œil.

J'exhale et je me relève.

— Il est là pour se venger.

Son ton cynique sonne comme un fatum. Putain, ce mec me donne de l'urticaire. Je ne vois même pas pourquoi il voudrait se venger. Il n'en a plus rien à foutre de nous, il a tourné la page.

— Ouais, raillé-je en récupérant mon portable. Maintenant, il va se pointer devant mon immeuble et me menacer de mort. T'as tout compris.

Mon meilleur ami secoue la tête avant de balancer la télécommande à côté de moi. Je rallume aussitôt la télévision et fais signe à Grayson de se bouger de l'écran.

Putain, comment j'ai pu louper ce virage ?

— Ta rediff va attendre.

— Non, justement, on a un grand prix dans trois semaines, et des saloperies de points à gagner pour monter dans le classement.

Il tire sa chevelure noire en arrière et tourne en rond avant de poser son cul sur la table en marbre.

— Enlève tes fesses de là, tout de suite. Tu sais combien vaut cette table ?

Son visage se froisse quand il grimace et, d'un geste de la main, il m'indique de me taire.

— Sérieusement, je l'ai fait amener d'Italie, putain, ça coûte un rein cette...

— Ce soir, me coupe-t-il, j'ai un plan.

Je soupire, agacé.

— Un bon plan ne souffle pas.

Ma mâchoire se contracte alors que je lui fais signe de s'exprimer. Un raclement de gorge s'ensuit avant qu'il ne prenne la parole.

— Il faut que tu lui donnes rendez-vous, appelle-le.

🥀🥀🥀

Ma McLaren 720 S est garée dans un site inhabité pour la nuit sous un silence lourd.