Père et fils

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Arrêtez

À cet instant précis, dans la tête du garçon, c'était le cataclysme total. Il n'en croyait pas ses oreilles. C'était comme si son pire cauchemar devenait réalité et que l'instigateur de tout ceci n'était autre que sa propre mère.

— Mon chéri ! Tu ne dis rien ? demanda sa mère, inquiète.

Celui-ci, enfin réveillé de sa torpeur, dirigea son regard vers son père, le fixant d'un regard vide d'émotion avant de répondre à sa mère.

— Pourquoi viennent-ils ? demanda-t-il, toujours le regard posé sur son père qui le fixait également.

Le ton de sa voix était neutre, presque désincarné, mais ses yeux trahissaient une confusion mêlée de colère.

— Hua-Fēn, ne me dis pas que tu n'es pas content de cette nouvelle, dit-elle tristement, l'inquiétude marquant ses traits délicats.

Le jeune garçon, perturbé par l'expression de sa mère, chercha à s'expliquer. Il sentait son cœur battre à tout rompre, comme un tambour de guerre. Sa mère, si douce et aimante, ne pouvait comprendre le tourment qui l'habitait. Il ne voulait pas briser son enthousiasme, mais il se sentait accablé par cette annonce.

— Mère, ce n'est pas cela... commença-t-il, la voix tremblante. C'est juste... inattendu. Vous savez que j'aime notre tranquillité ici. La présence de tante et de mes cousins va tout changer.

Il baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de sa mère. Ses pensées tourbillonnaient, et il se sentait pris au piège entre son désir de préserver l'harmonie familiale et son ressentiment envers son père. Le poids de cette contradiction le rendait presque malade.

Sa mère, toujours assise à ses côtés, serra sa main avec douceur. Elle sentait la tension dans le corps de son fils et voulait le rassurer, mais elle ne savait pas encore comment apaiser son cœur troublé.

— Ne t'inquiète pas, mon chéri, tout ira bien. Ta tante et tes cousins apporteront de la joie dans notre maison, j'en suis sûre, dit-elle avec un sourire chaleureux, essayant de dissiper les craintes de Hua-Fēn.

— Très bien, mère, mais puis-je savoir quelle est la raison de ce changement de domicile précipité ? demanda-t-il avec une pointe de curiosité et de scepticisme dans la voix.

Sa mère, soulagée que son fils ne soit plus inquiet, lui sourit chaleureusement.

— Comme tu le sais, ta tante a perdu son époux il y a de cela bientôt trois hivers, commença-t-elle, ses yeux prenant une expression douce et compatissante.

— Un époux que tu n'as jamais vu de tes yeux, l'interrompit Huā-fēn, un brin de scepticisme dans la voix.

— Huā-fēn, ne dis pas ce genre de chose. Il est irrespectueux de parler ainsi des morts, le réprimanda-t-elle, la voix ferme mais empreinte de douceur.

Honteux de son attitude, Huā-fēn baissa les yeux vers le tapis richement décoré. Les motifs complexes et les couleurs vives semblaient soudainement plus intéressants qu'ils ne l'avaient jamais été.

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