20- Rosalie

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Je n'arrive pas à dormir et j'ai faim, donc je décide de descendre à la cuisine pour me trouver à manger. Je ne prends pas la peine d'enfiler un jogging, je sais qu'Amalia et Raph ne sont pas prêts de rentrer parce que j'ai eu un message de sa part et Théo dort, je suis donc tranquille !

J'étais en train de fouiller au fond du frigo pour attraper un yaourt quand j'entends la voix de Théo derrière moi.

- Je peux savoir ce que tu fais là à cette heure là ?

Et merde ! Je sursaute et me cogne la tête dans le frigo, ça fait mal putain ! Et Théo est littéralement en train de se foutre de ma gueule. Je me retourne, probablement aussi rouge qu'une tomate, en tirant sur le bas de mon t-shirt pour cacher ce que je peux.

- Arrête de rire ! Ça fait vraiment mal ! Et d'abord, toi qu'est-ce que tu fais là à cette heure là ?
- Bah j'arrivais pas à dormir donc je suis descendu fumer une clope. Mais tu m'as fais peur, je croyais que tu dormais
- J'arrivais pas à dormir non plus et j'ai faim, donc je suis descendue me trouver ça

Je pointe le yaourt, l'air un peu coupable. J'ai vraiment pas l'air fine comme ça, à 6h du mat', à chercher désespérément un yaourt ...

- C'est toi qui m'a fait peur ! T'es arrivé sans faire de bruit.
- C'était le but, mais j'ai adoré la scène !

Je lui présente mon plus beau majeur avant de m'installer à table pour déguster mon yaourt. Oui, je le déguste, surtout à cette heure là en pleine insomnie.

- Qu'est-ce qui t'empêche de dormir ?

Je le dévisage, sourcils haussés, qu'est-ce qu'il lui prend ce soir à vouloir faire la causette ?

- Ça t'intéresse vraiment ?
- Oui, ça m'intrigue

Je soupire profondément puis je me dis que, de toute façon, ça ne sert à rien de fuir. Et puis je n'ai rien à cacher, en plus les insomnies m'aident à me lâcher et à dire ce que je pense vraiment.

- J'ai des tendances insomniaques, y'a des soirs où je vais arriver à m'endormir très rapidement et d'autres c'est peine perdue. Et toi ?
- Ah oui, ça doit pas être évident ... Moi c'est une bonne question, d'habitude je dors super bien. Ça doit être à cause de l'alcool, j'ai pas assez bu pour m'endormir direct, mais j'ai trop bu pour dormir correctement je suppose.

On continue à parler chacun de nous quelques temps, il ne sort même pas fumer au final (trop pris par la conversation).

- Bon bah je vais remonter, je te laisse
- T'en as marre de m'entendre parler ?

Je baisse légèrement la tête et me met à rougir. En vérité j'ai vraiment apprécié ce moment et je me surprend à réellement apprécier Théo pour ce qu'il est.

- Non pas du tout, enfin euh ... Bref, il commence à faire jour, et il faudrait que j'aille m'habiller.

Il me détaille de haut en bas, avant de remonter vers mes yeux et de les fixer, les siens remplis de ... quoi, du désir ? Non, impossible !

- Moi j'aime bien ta tenue !

Aller, merci Théo mais non ... Je rougis de nouveau, bafouille quelques mots que je ne comprends pas moi-même, et me dirige vers ma chambre pour m'habiller décemment.

C'était quoi ça ? De la drague ? Non, je ne pense pas. Plutôt de la taquinerie, de l'humour. Oui c'est sûrement ça, de l'humour ...

Je décide de rester dans ma chambre et de me reposer du mieux que je peux devant le premier film que je trouve.

Je me réveille difficilement, mon pc toujours allumé devant moi. Je ne sais même pas quelle heure il est. À vrai dire, j'ai dû tomber de fatigue dès le début du film.

Je me prépare avant de descendre pour manger un truc. Il se trouve qu'il est déjà 13h et que je meurs de faim (oui, encore !). Je check mon téléphone et ne vois toujours aucune nouvelle d'Amalia, ils doivent encore dormir après la nuit qu'ils ont passée ...

Théo est déjà dans la cuisine, à la même place à laquelle je l'ai laissé en montant toute à l'heure, les yeux rivés sur son téléphone.

- Rassure-moi, t'as bougé ou pas du tout depuis toute à l'heure ?

Il lève les yeux avant de me faire un petit sourire en haussant les épaules.

- Juste pour aller fumer de temps en temps ...
- Ah oui, donc t'as pas dormi du tout quoi
- Non ...

Je me sers à manger et je m'installe de nouveau face à lui, exactement comme plus tôt ce matin.

- T'as encore faim ?
- Saches, très cher Théo, que j'ai tout le temps faim. Littéralement.
- En tous cas, je préférai ta tenue de tout à l'heure

Il me faut un clin d'œil qui en dit long sur ses pensées, ce qui me fait immédiatement rougir et baisser la tête. Nous changeons vite de sujet et recommençons à parler de tout et de rien pendant une durée que je ne saurai même pas définir tellement le fait de parler avec lui est captivant. Oui, je n'aurai jamais pensé dire ça quelques semaines plus tôt, mais c'est un fait.

La porte claque, suivie de lourds pas qui indiquent une bonne gueule de bois causée par des litres d'alcool et une nuit incomplète. Nos meilleurs amis respectifs débarquent dans la cuisine, dans la même tenue que la veille, avec des têtes de zombies. D'ailleurs, ils changent leur attitude du tout au tout en nous voyant assis là, face à face, en train de discuter et rire avec Théo.

Ils nous regardent, puis se regardent, puis refont ça une bonne dizaine de fois avant d'enfin fixer leurs regards sur nous.

- Raph, on est dans un univers parallèle ?
- Tu veux dire un univers où Théo et Rosalie peuvent se supporter et rire ensemble ?
- Je crois qu'on rêve, pince moi.
- Ok
- Aïe ! Mais t'es con ou quoi ?
- Tu m'as dit de te pincer !
- Oui mais/
- Bon stop ! Les zombies, on peut savoir ce qu'il vous prend ?
- Je ne te permets pas Rosie ! Nous avons pris une cuite monumentale et nous n'avons quasiment pas dormi, si tu vois ce que je veux dire ...
- Pitié non ! J'avais pas envie de savoir ça, maintenant j'ai des images horribles en tête ...

Merci Théo pour cette intervention, toi t'as de la chance, Raph ne te raconte pas toutes ses aventures sexuelles. Moi j'ai l'habitude avec Amalia !

- Bref, on est juste choqués. Vous êtes là, tous les deux, à discuter et rire au lieu de vous hurler dessus
- On a fait la paix
- Ok, Rosie, je prends un Doliprane et tu montes m'expliquer ta soirée parce que je comprends rien !
- Mais tu vas arrêter de m'appeler comme ça !

Elle m'attrape par la main et me traine jusque dans sa chambre. Je m'installe sur son lit en attendant qu'elle prenne une douche et un cachet afin de lui raconter ma soirée, qui n'était pas aussi croustillante qu'elle semble penser ...

Amis ? Ennemis. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant