25 - Mea culpa

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Oria


Je me réveille difficilement ce matin. J'ai l'impression que ma tête va exploser. Ulysse n'est plus là, et mon frère non plus. Elias m'a laissé un petit mot sur la table me disant :

"Je suis parti faire des courses, le frigo est complètement vide. Mange les gâteaux que je t'ai mis sur la table, je reviens vite, je n'en ai pas pour longtemps."

C'est rare de le voir aussi soucieux, du moins ces derniers temps. Je ne peux pas lui en vouloir, je n'ai clairement pas été la meilleure des sœurs. J'attrape le petit paquet de biscuits au chocolat et me mets à les dévorer un par un. Le sucre me fait un bien fou, je dois l'admettre. Ce qui me gêne, c'est que je suis persuadée qu'Elias s'est empêché de déjeuner pour me laisser les manger. Il a toujours fait ça depuis que je suis petite. Maman et papa sont très rarement là à cause de leur travail, et on ne peut pas dire que mon frère et moi sommes très prévoyants au niveau des courses. Nous n'y pensons qu'une fois que les placards sont vides. Nous sommes le genre de famille à finir chaque chose qui se trouve dans notre frigo avant d'en acheter de nouveau. Ce que je trouve normal, certaines personnes n'ont pas d'argent et ne peuvent pas se permettre de s'acheter beaucoup de nourriture. Notre père nous a donc toujours éduqués de cette manière, ne jamais gâcher de nourriture. Je l'aime encore plus pour ça.

La matinée passe assez vite, j'ai pris le temps d'aller me doucher et de prendre un peu soin de moi. Après mes confessions d'hier, je me sens angoissée au maximum, il faut que je me détende. Je mets en fond ma playlist préférée de Taylor Swift et commence à me maquiller légèrement. Beaucoup d'hommes pensent que l'on se fait belle pour eux. C'est une façon de penser complètement débile, si nous nous pomponnons, c'est clairement pour nous. Je dirais même que c'est une sorte de thérapie. La musique entraînante me donne soudain une poussée d'énergie, et je me surprends moi-même à bouger la tête en rythme. Même si j'ai peur, que je suis remplie d'inquiétude pour Ulysse et mon frère qui ont l'air déterminés à nous rendre justice, à moi et Eve.

Environ une demi-heure plus tard, j'entends la porte de chez moi claquer. J'en déduis donc que c'est Elias, et je n'y prête pas plus attention. Je baisse néanmoins le son de mon enceinte afin d'entendre si mon frère m'appelle. Des pas dans les escaliers résonnent peu à peu, me sortant de la bulle dans laquelle je m'étais réfugiée. Je pose mon pinceau à fond de teint et dirige mon attention vers la porte de ma chambre, attendant l'apparition d'Elias dans l'encadrement. Sauf que ce n'est pas lui.

— Hum, je, que... Que fais-tu ici ? je demande, ne m'attendant pas à le voir là.

Ulysse est là, adossé au mur, un sac dans les mains. Ses cheveux bruns tombent encore plus qu'avant sur son front, ce qui me fait dire que bientôt, je ne verrai même plus ses yeux. Je pense que récemment, le coiffeur n'a pas été sa priorité. Il a l'air fatigué, encore plus que je le suis. Une lueur de tristesse englobe ses iris, me serrant le cœur un peu plus. Mes révélations d'hier soir ont dû lui mettre un coup de plus au moral, ce que je comprends totalement. Je sais qu'il m'aime, c'est indéniable, il n'a pas besoin de me le dire pour que je le sache.

— Je reste ici, le temps qu'Elias rentre à la maison, tu es désormais sous ma surveillance, me confie Ulysse, d'une voix neutre.

Je ne comprends pas, mon frère est parti faire des courses, au supermarché, cela ne nécessite pas une protection rapprochée, si ?

— Où est-il ? je l'interroge, en me levant pour m'asseoir sur mon lit.

Il hésite un instant, et se rapproche pour me rejoindre, en déballant son sac rempli de snacks en tout genre.

— Il est chez Eve, d'accord ? Il va s'occuper d'elle et la protéger comme je vais le faire avec toi, au cas où...

— Au cas où quoi, Ulysse ? je le coupe, inquiète de ce qui se trame.

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