???Beaucoup pensent que la souffrance n'est qu'une épreuve dans la vie, mais si je vous disais que ce sentiment fait partie intégrante de la mienne ? Les larmes sont pour moi un breuvage qui a souvent parcouru ma peau, laissant derrière elles des traînées de chagrin. Je ne suis pas un monstre, je n'aime pas vraiment ce terme. Je préfère qu'on dise que je suis perfectionniste. J'aspire à la vie parfaite, la vie que je n'ai jamais eue. Pour cela, tout est clair : il me faut trouver un emploi exemplaire, des amis dévoués, et la fille parfaite.
Le lys est ma fleur préférée, elle me fait penser à elle. Les pétales sont doux et leurs couleurs sont flamboyantes comme sa douce chevelure, d'un roux inégalable. Néanmoins, c'est une fleur mystérieuse. Les gens offrent des lys car ils sont symbole de sincérité, d'amour pur et de sentiments. Tout ce que je ressens pour Oria Fisher depuis des années. C'est une obsession dévorante. Elle est tout ce que je vois, tout ce que je veux. Depuis le moment où je l'ai aperçue, je ne pense plus qu'à elle, jour et nuit. Sa voix, son sourire... Tout me rend dingue. Mon plan était parfait : la conquérir de loin et lui faire vivre des choses horribles pour qu'elle coure se réfugier dans mes bras réconfortants. Évidemment, les choses ne se passent jamais comme prévu, surtout dans ma vie en général.
Ulysse White est l'homme idéal selon elle, rien que de penser à cette éventualité me donne la nausée. Il est celui qu'elle a toujours désiré. Or, ce n'est qu'un obstacle que je dois éliminer au plus vite. Ses griffes sont profondément ancrées dans la vie de ma belle. Si je veux qu'elle me choisisse à mon tour, qu'elle me voie comme le seul pouvant l'aider, je dois éliminer White, coûte que coûte, peu importe la manière que j'emploierai pour y parvenir.
La nuit est tombée depuis longtemps sur la petite ville, enveloppant les rues et les maisons d'une obscurité silencieuse. Une légère brise fait bruisser les feuilles des arbres, ajoutant une touche d'étrangeté à l'atmosphère. Caché dans une ruelle sombre, je reste immobile, dissimulé dans les ombres, observant la maison d'Oria. Cette demeure que j'ai si longtemps regardée de loin, et même parfois de près.
À travers la fenêtre légèrement entrouverte, je peux voir Oria et Ulysse dans le salon. La pièce est chaleureusement éclairée par une lampe à abat-jour, projetant une lumière douce et rassurante. Oria est assise sur le canapé, un livre à la main, ses cheveux tombant en cascade sur ses épaules. Son visage est serein, absorbé par sa lecture. Ulysse, de son côté, est debout près de la cheminée, une expression pensive sur le visage.
Je sens un pincement au cœur en les regardant, une douleur sourde qui remonte à la surface de mon cœur et de ma mémoire. Je les connais, ou du moins je les ai connus. Leurs vies paisibles semblent à des années-lumière de ce que j'ai vécu, par leur faute. J'observe Ulysse se tourner vers Oria, un sourire doux se dessinant sur ses lèvres. Il s'approche et s'assoit à côté d'elle. Ils sont bien trop proches, ce qui me fait serrer les poings mécaniquement.
Oria lève les yeux de son livre, souriant à son tour, et ils échangent quelques mots que je ne peux entendre. Leurs rires étouffés parviennent à mes oreilles comme des échos lointains, me rappelant des souvenirs d'un passé oublié. Mes poings se serrent mécaniquement et une boule se forme dans mon estomac, me donnant instinctivement la nausée. Il est hors de question qu'Ulysse soit l'auteur de son sourire au quotidien. La seule personne qui aura le droit et la chance de la rendre heureuse, prochainement, ce sera moi. Et seulement moi.
Je me recule légèrement, prenant soin de ne pas être vu. Ma présence doit rester un secret, mon identité un mystère. Pourtant, je ne peux détacher mon regard de la scène qui se déroule devant moi. Je me demande ce que cela fait de vivre une vie si simple, si dénuée de complications. Je souris en me rappelant leur naïveté. Je suis là, depuis toujours, sous leurs yeux, en permanence. Pourtant, aucun d'eux n'est doté d'intelligence visiblement. Si c'était le cas, ils m'auraient remarqué depuis longtemps, or, ils me laissent me jouer d'eux depuis plusieurs mois maintenant.
Un bruit léger dans la ruelle me fait me raidir. Je jette un coup d'œil rapide autour de moi, mes sens en alerte. Mais ce n'est qu'un chat qui passe furtivement, à la recherche de quelque chose à manger. Je reporte mon attention sur la fenêtre. Oria et Ulysse se sont rapprochés, leurs fronts se touchant presque, partageant un moment de complicité silencieuse. Il faut que je parte et maintenant. Je ne suis pas certain de réussir à me contenir face à de telles images. Une partie de moi voudrait éliminer Ulysse de la surface de la terre tout de suite, mais ce n'est pas possible, malheureusement pour moi. Je dois étudier mon plan, être minutieux dans ce que je veux faire, et ne pas agir sous la colère.
Je me force à détourner le regard. Je suis en train de me faire du mal seul, à être spectateur d'un bonheur qui m'appartient. Je sais que je ne dois pas m'attarder plus longtemps. Mes propres démons me rappellent à l'ordre, me tirent loin de cette scène paisible. Avec un dernier regard vers la fenêtre illuminée, je me fonds dans les ténèbres, disparaissant aussi silencieusement que je suis venu, emportant avec moi le poids de mes regrets et de mes souvenirs.
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Heart campus
RomansaUn an auparavant, Oria Fisher a été la victime de harcèlement de la part de son ex. En exposant leur intimité par frustration et colère, Carter Brown a transformé la vie d'Oria en un véritable cauchemar. L'année suivante, elle pense pouvoir sous la...