Chapitre 4

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Noir. Il fait si noir. Et froid. Que s'est-il passé ? Il a mal au crâne, un bourdonnement assourdissant l'assaillit. Il ouvre les yeux. Le vide, la lumière, c'est tout ce qu'il voit. Il ne comprend rien. Il se lève, se frottant la tête.

Les souvenirs d'un événement précis lui reviennent. L'entrevue avec le leader, la dispute, le poignard. Ses yeux deviennent aussi ronds que ceux d'un poisson.

_ Oh bordel... Je suis mort...

Mais étrangement, il ne panique pas. Il se sent reposé, calme, apaisé. Comme si tout ce qu'il se passe est tout à fait normal.

Il pivote sur lui-même. Tout est blanc, vide, grand.

_ C'est ça, le paradis ?

Une mélodie atteint ses tympans. C'est le son que produit un piano. Il se laisse guider par la musique, par sa passion, marchant à petit pas. Le temps passait et il ne savait dire si c'était des heures, des minutes ou même des jours. Il sait juste qu'il a marché horriblement longtemps sous le son mélodieux du piano.

Il a marché, marché, sans jamais s'épuiser, jusqu'à arriver à un jardin. Le jardin de sa maison d'enfance. Pas très grand, juste un arbre en plein milieu et des haies tout autour. Il voit son père courir après un enfant, le sourire aux lèvres. Ils passent à côté de lui, sans même le voir. Un peu plus loin, sa mère est assise sur la table de picnic et lit un livre. Elle caresse un petit labrador endormis sur ses genoux, c'est Paprika. Sa mère est toujours aussi belle, ses cheveux noirs tombent le long de son dos et sa peau pâle est un point commun qu'elle a avec son fils. Son père, lui, est toujours habillé d'une chemise et d'un jean, ses cheveux aussi plaqués en arrière, bien qu'ébouriffés. Ils sont toujours les mêmes dans ses souvenirs que dans la vraie vie.

Ils disparaissent brusquement pour mieux réapparaître. L'enfant a grandi, il a sûrement neuf ans. Minsoo se reconnaît facilement grâce aux partitions de piano que le petit tient dans ses mains. Ses parents arrivent, un paquet dans les bras. Il se souvient très clairement de ce jour, son anniversaire. Le cadeau qu'il avait eu l'avait fait pleurer, car il savait que ses parents n'avaient pas les moyens d'acheter un piano mais qu'il en a quand même eu un.

Le piano est juste sous l'arbre. L'arbre grandit au fur et à mesure que les souvenirs défilent, le petit Minsoo aussi. Et arrivé à vingt-ans, l'âge qu'il a à aujourd'hui, il décide de s'approcher de lui-même. L'autre ne peut ni le voir, ni l'entendre.

Ils sont assis côte à côte, l'un joue du piano et l'autre le regarde. Tout ceci est paisible, peut-être un peu trop. Le ciel s'obscurcit, le chemin blanc qu'il avait emprunté devient noir, son propre visage devient effrayant. A tel point qu'il ne saurait le décrire.

Il se lève, fuit, mais l'autre le rattrape. Ses yeux sont devenus rouges, ses dents acérées et pleines de sang. Il ne se reconnaît pas. Même la forme de son visage a changé; il est plus intimidant, abominable même. Ses yeux sont enfoncés dans sa chair, son nez est replié contre lui-même, ses oreilles sont pointues, sa peau est toute fripée. Il l'horrifie.

Il court, il court, loin et sans jamais s'arrêter. L'autre le rattrape, le plaque au sol. Il ne ressemble à un humain que physiquement, son comportement est celui d'une bête sauvage. Le monstre lui hurle dessus, sa salive tombe de sa bouche. Le blond a beau se débattre, il le tient fermement. L'autre plonge sa tête dans son cou et lui arrache la peau. Il le dévore, et Minsoo en ressent toute la douleur. Il crie, il hurle, il se débat, il frappe l'autre, mais rien n'y fait.

Et à chaque fois, c'est la même chose.

Il meurt, et le cycle se répète. Il retourne au jardin, quelques souvenirs lui sont montrés, l'autre lui devient vampire lorsque le ciel s'obscurcit et il meurt à nouveau, à chaque fois plus violemment, à chaque fois plus douloureux.

Ce n'est pas le paradis, c'est un véritable enfer. Lui qui est déjà mort, il ressent absolument tous les coups, toutes les morçures, tous les déchirements de sa peau. C'est une boucle infinie, qui dure pour toujours. Il ne la quittera jamais, et il est voué à mourir encore et encore.

C'est une triste fin, un tragique destin. Même après la mort, il souffre encore. Et le pire, c'est qu'il ne peut rien y faire, ce monstre est trop fort, trop rapide, trop imprévisible.

CONSORTIO / TOME 1 /Où les histoires vivent. Découvrez maintenant