LOUVE

Chapitre 4

Je pars me coucher en me sentant barbouillée. Je décide de prendre un médicament pour faire passer la douleur à la tête que je ressens. 

Malheureusement, celle-ci ne part pas et je suis obligée de m'asseoir sur mon lit pour me masser les tempes avant de me redresser lentement. J'essaie de me rappeler si j'ai mangé quelque chose de particulier aujourd'hui, mais rien ne me semble inhabituel. Peut-être est-ce juste la fatigue accumulée.

J'enfile mes pantoufles et ma robe de chambre par-dessus ma chemise de nuit, espérant que bouger un peu m'aidera à me sentir mieux. 

Je descends les escaliers, obligée de m'appuyer sur la rampe pour lutter contre un vertige affreux.
Chaque pas est un effort, et je me demande si je ne devrais pas appeler un médecin.

Une fois en bas, je sens une douleur terrible traverser mon corps et je hurle. J'entends un craquement atroce et, terrifiée, je sens quelque chose se frayer un passage dans mon esprit ! Je tente de repousser la chose, mais c'est impossible, elle se glisse et s'infiltre dans mon cerveau. Je tombe à genoux en hurlant encore. 

Soudain, je regarde mes mains et, horrifiée, je vois mes ongles être remplacés par des griffes ! Je touche mon crâne et tâte des poils, des oreilles ! Je me lève et là, mon corps d'humaine laisse place à un autre corps. Je ne suis plus maîtresse de moi-même. Mon esprit se débat, cherchant désespérément une explication. Qu'est-ce qui m'arrive ?

- Ah, ça fait du bien de sortir !

La créature en moi pousse un soupir de soulagement, comme si elle était enfermée depuis des siècles.

Je vois, impuissante, mon corps ayant pris l'apparence d'une louve, s'étirer avec grâce. Je tente de reprendre le contrôle de moi-même, sans succès.

- Ah non, jeune humaine ! Ça fait tellement longtemps que je suis coincée là-dedans ! Maintenant, je vais me dégourdir les pattes !

Je prie pour que tout cela ne soit qu'un cauchemar. Rien qu'un horrible cauchemar. Pitié. Mon esprit tourne en rond, cherchant une solution, une échappatoire, n'importe quoi ! En vain. 

La louve décide de pousser la porte, mais, sans suprise, elle est fermée. Elle grogne de frustration et monte en haut, dans ma chambre, avant de se pencher à la fenêtre que j'ai laissée ouverte pour laisser passer l'air frais du soir. 

- Bon, on dirait qu'on a pas le choix !

Et là, elle saute ! Je crie, pensant qu'on va s'écraser au sol comme une vulgaire serpillère.

- Oh, mais tais-toi ! T'es obligée de faire autant de bruit ?  marmonne la louve.

Elle atterrit doucement, sur ses quatre pattes. Je reste ébahie.

Je me tais en déglutissant.
Récapitulons : je viens de me transformer en louve. Je n'ai plus le contrôle de mon corps ni de mon esprit, mais bien le contrôle de mon âme d'humaine, de Thaïs. 

- Bon, petite humaine, tu dois te demander qui je suis, pas vrai ? 

J'acquiesce mentalement.

- Tu peux parler, je ne mords pas. Enfin si, mais non. Bref. Je m'appelle Furia. Je suis ta louve. Oui, tu es une louve-garou, commence-t-elle.

Je reste sans voix, essayant de digérer cette révélation.

- Le truc, c'est que je suis rare, poursuit Furia. Les louves blanches, dont je fais partie, sont très recherchées et traquées. On a des pouvoirs plutôt pas mal : on sait où se trouvent les sorcières et on peut soigner n'importe quelle blessure. Il y a d'autres trucs, mais je garde un peu de suspense, nan ?

Je sens un mélange de peur et d'excitation monter en moi. Ces pouvoirs, que signifient-ils pour moi ? Pourquoi maintenant ?

- Pourquoi... pourquoi moi ?  je balbutie finalement, essayant de comprendre ce qui se passe.

- Parce que tu as toujours été spéciale, même si tu ne le savais pas encore. Et maintenant, il est temps de découvrir tout ce dont tu es capable.

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