Seoyun a toujours été le fantôme, la rejetée.
Personne ne reconnaissait son existence, et ceux qui le faisaient regrettaient souvent de ne pas l'avoir ignoré, d'avoir passé à côté d'elle sans lui daigner le moindre regard.
Elle était la paria, la fille invisible avec une aura qui semblait repousser au lieu d'attirer.
Peut-être était-ce son apparence ? Entre son nez crochu, ses grosses lunettes, ses cheveux si fins que l'on croirait une maladie et son corps bien trop enrobé pour la mentalité de la société, elle n'était pas acclamée comme une jolie fille.
Au contraire, même.
À l'école, son surnom était « la laideronne ». Enfin, parmi les dizaines de centaines d'autres commentant sur son poids, sur son visage, sur ses mains, sur ses jambes, sur ses cheveux ou sur le fait qu'elle existait, tout simplement.
Peut-être était-ce ses talents qui étaient près d'être inexistants ?
Seoyun n'était douée en rien. Ses dessins ressemblaient aux gribouillis d'un enfant, son chant pouvait s'apparenter à celui d'un éléphant en plein accouchement. Ses doigts joufflus n'arrivaient à rien, ne serait-ce que d'appuyer sur la note d'un piano. Ses pieds étaient maladroits, ses bras trop faibles.
Peut-être était-ce sa personnalité ?
Seoyun était timide, très timide. Elle n'arrivait à prononcer une phrase sans balbutier, sans trembler.
Elle ne pouvait tenir sa tête haute, regarder une personne dans les yeux. Elle était anxieuse, insécure.
Seoyun n'avait pas d'intérêt, pas de goûts particuliers.
Si on la comparait avec une épice, Seoyun serait de la farine.
Peut-être était-ce ces trois facteurs qui faisaient d'elle une personne impossible à aimer.
De ses cinq frères et sœurs, Seoyun était l'enfant du milieu. Celle qui a hérité tous les mauvais gènes.
Personne ne s'empêchait de lui dire.
Chacun d'entre eux prenaient leur temps tous les jours pour le lui répéter. L'origine de tous ses surnoms venaient d'eux, que ce soit la vache, le porc, la laideronne ou même la baleine.
Ils s'amusaient à faire de sa vie un enfer.
Du matin au soir, toute la nuit jusqu'au lever du soleil.
Ils volaient ses vêtements, ses jouets et ses objets pour qu'elle les retrouve quelques jours plus tard en mille morceaux.
Ils mettaient du sel en cachette dans ses repas jusqu'à ce qu'elle en vomisse, ils blâmaient toutes leurs bêtises sur elle. Ils détruisaient son matelas, ses habillements et toutes ses possessions.
Que faisait les parents, demandez-vous ?
Rien.
Ils ne faisaient rien.
La simple vue du visage de Seoyun leur provoquait une expression incontrôlable de dégoût, se désignant en des sourcils froncés et les coins de leur bouche qui s'abaissaient.
Ils évitaient d'avoir contact avec elle, ils ne lui parlaient que par le billet d'un de ses frères.
Ils n'osaient même pas l'appeler par son prénom. Il n'y avait pas un seul souvenir de Seoyun où ses parents la regardaient, leurs yeux pleins d'amour et de sincérité. Du plus loin qu'elle le sache, c'était toujours la même expression.
Ses parents n'ont jamais levé la main sur elle. Pour ça, il fallait qu'ils lui portent attention. La seule chose qu'ils ne lui ont jamais donné.
Elle était rejetée.
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Wicked Witch
FantasyDans un monde où le statut, les statistiques, les compétences et la magie y règnent, tout comme l'épée, la royauté et la noblesse, vit Arabella, une sorcière réincarnée dans cet endroit fantaisique. De son propre gré, elle s'est recluse depuis des c...