Wicked Witch

Chapitre 8 : Contrats

-Un contrat ? Que veux-tu dire ?

Kai pencha la tête, confus. Cela ne fit que faire rire Arabella, qui recula en voyant la rougeur sur les joues du forgeron.

-Que dirais-tu de vendre quelques-unes de mes armes dans ta forge ?

Ses sourcils expressifs s'écarquillèrent, sous le choc.

-Vendre tes armes dans ma boutique ?

-Mh-mh. Je suis très observatrice, tu sais. Et j'ai déduis certaines choses dès que je suis entrée.

Arabella se tourna, un sourire joyeux sur les lèvres alors qu'elle marchait lentement dans la pièce.

-Kai, tu viens d'un petit village dans le sud, n'est-ce pas ? Ton père est le fier forgeron du village tandis que ta mère est douée en couture. Elle doit fabriquer les habits des autres villageois. Tu as une grande famille avec plusieurs frères et sœurs, dont tu es l'aîné. Malheureusement, malgré tous les efforts de tes parents, ils avaient beaucoup de mal à joindre les bouts. Après des années à travailler sur les champs, à aider tes parents du mieux que tu pouvais, tu t'es rendu compte que ce n'était pas suffisant.

Kai sentait son cœur battre la chamade alors qu'il l'observait, déposant automatiquement l'épée qu'elle lui avait donné sur l'un des présentoirs.

Il ne savait quoi dire, comment réagir. Alors il se contenta de garder le silence, stupéfait.

-Alors, tu as décidé de te rendre à la capitale pour ouvrir cette jolie forge. Il se trouvait que tu avais plus de talent que ce que tu avais pensé, alors tes œuvres se vendaient comme des petits pains. Tu envoies donc à toutes les semaines les revenus que tu accumules à tes parents.

Arabella cessa de marcher, un sourire angélique sur son visage, et pencha la tête.

-Ai-je tort ?

-...

Le pauvre était bouche-bée. Comment savait-elle tout ça ?

Un rire échappa sa bouche.

-Tu te demandes comment je sais tout ça, non ?

-C-comment...

Elle pointa son propre visage, amusée.

-Tu es très expressif, Kai. J'apprécie fort ce côté chez toi.

Ses joues devinrent rouges, mais la sorcière reprit.

-C'est plutôt simple. Tu as mentionné que ton père était le forgeron de ton village, bien que brièvement. En te regardant, il est facile de deviner que ce village est dans le sud, considérant ton bronzage, et que tu as dû faire beaucoup de travail manuel, autre que la forgerie. Tu es autant musclé des jambes que des bras, ainsi que le reste de ton corps, alors que la forgerie utilise principalement les bras.

Elle fit deux pas vers lui sans cesser de parler.

-J'ai deviné que ta mère était douée en couture en voyant les manches d'épées en cuir que tu as fait. J'avoue que ce n'était qu'une supposition, mais il se trouve que j'avais raison. Ensuite, j'ai simplement remarqué que ta forge était populaire par le nombre de clients qui sont sortis tout-à-l'heure ainsi que les nombreux emplacement vides dans le magasin. Cependant, avec l'argent que tout ce monde te rapporte, ta forge devrait être plus équipée, plus grande et plus décorée. Ce qu'elle n'est pas. Elle est chaleureuse, certes, mais il n'y a pas de décorations ou de meilleurs présentoirs, comme on peut le voir dans les autres forges populaires de la capitale. Ce qui veut dire que l'argent se dirige ailleurs. Quand tu as mentionné ton père, j'ai remarqué une immense fierté sur ton visage, mais également un brin de tristesse. Il n'est pas décédé, puisque tu parlais encore au présent, alors j'ai compris qu'il se passait quelque chose. Après, j'ai fait le lien entre tous ces faits, et je me suis dis qu'il serait impossible pour deux parents avec un seul enfant d'avoir autant de difficultés financières. Ce qui m'a mené à cette conclusion : tu as plusieurs frères et sœurs, dont certains de jeunes âges, ce qui donne plusieurs estomacs à nourrir. J'ai déduit que tu étais l'aîné, car tu as pris la responsabilité d'ouvrir cette forge et d'envoyer presque tout l'argent que tu récoltais. Puisque tu ressens cette responsabilité, cela explique tes muscles, ton bronzage ainsi que le fait que tu aies toujours travaillé dur pour subvenir aux besoins de ta famille.