Je suis juste une simple marocaine, du thé coule dans mes veines. Alors je danse avec les lions, et mon âme est déchirée. Ces mots ne sont qu'une traduction véreuse d'une tendance passée sur les réseaux. Une tendance qui exprimait parfois les tribulations des enfants d'immigrés ou de ceux dont la culture se fait effacer par les gommes du temps.
Tout en étant française, je suis marocaine. D'un côté nous avons mon père né dans la vieille campagne de Kénitra, et d'un autre ma mère originaire de Fès. L'un n'a vécu que 3 grosses années là-bas avant que ses parents ne deviennent ouvriers en France (au cours des vagues de l'industrialisation française, le pays a fait recours à de la main d'œuvre étrangère). Tandis que l'autre n'est partie que pour faire ses études, restant finalement et contre toute attente en France, malgré la distance que cela édifiait avec sa famille. Enfin me voilà, née à Bordeaux et détentrice du passeport bordeaux, se juxtaposant avec le vert maghrébin.
L'arrivée des grandes vacances signe le rapprochement du coutumier départ vers l'origine. Le franchissement des Pyrénées, l'interminable route en Espagne, la traversée dans le bateau empli de semblables, les dernières heures au creux de la nuit... Bientôt tout cela se produira, et encore une fois en tant que personne qui pense trop, au delà de l'attente je m'inquiète. L'exemple le plus flagrant est que je ne sais que très dérisoirement parler darija (le dialecte arabe marocain). Or, mon arrière-grand-mère ne connaît pas un mot de français, et c'est parfois dur en plus de ne la voir que quelques jours dans l'année de ne pouvoir communiquer que par des gestes et autres intermédiaires sibyllins.
Dernièrement, j'ai lu un roman de Laurent Gaudé nommé Eldorado dont je vais immédiatement vous citer quelques phrases du chapitre 2 prononcées par un homme s'apprêtant à émigrer : « Et nos enfants, Jamal, nos enfants ne seront nés nulle part. Fils d'immigrés là où nous irons. Ignorant tout de leur pays ». Malgré des parents aspirants de connaissance, il faut le dire je n'ai pas la culture de mes amis français depuis plusieurs générations, ni celle des mes cousins au Maroc.
Mais je grandis et je m'imprègne, et cela s'avère être une richesse inestimée. Au cours de ces semaines je compte me reconnecter, profiter en compagnie de mes proches, et tenter au retour de garder cette attache, tout en continuant de m'instruire en France.
Voix à vous : Si vous en avez la possibilité, je vous conseille de conserver ce lien avec votre pays d'origine, ou du moins si il est trop faible de se renseigner. Mais aussi, enrichissez-vous de votre lieu de vie actuel, cela renferme de nombreux bénéfices pour l'avenir.
Un brin fatiguée, dimanche 7 juillet 2024
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Un Sixième de Vie
No FicciónUne jeune fille, un prénom : Lina. Et au reflet de ma vie, le titre de cette histoire évoluera. Les illustrations viennent du tableau "Un Sixième de Vie" de mon Pinterest : Alinea_______ (7 tirets du bas, oui c'est beaucoup oups).