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« Va te faire foutre Black. »

Asteria se dégagea de l'emprise de Regulus Black, d'un an son cadet et en ce moment complètement arraché. Les yeux injectés de sang et les pupilles dilatées, il semblait fou.

« Quoi, la vérité est dure à entendre ? Mon frère croit que c'est fini parce qu'il est parti mais ça ne le sera jamais. Ce nom le suivra partout et les gens le jugeront jusqu'à sa mort. Il ne sera jamais un Potter, même s'il se colle à ton frère comme une sangsue qu'il te baise- »

Tenant sa joue qu'Asteria venait de gifler, Regulus semblait réaliser seulement maintenant ce qu'il venait de dire.

« Je suis désolée que tu n'aies pas le courage de t'enfuir, sincèrement, mais ça ne te donne pas le droit de me parler comme ça. Toi et moi on est pas amis, si tu as un problèmes avec ton frère, c'est avec lui que tu dois aller le régler, pas avec moi.
- Je voulais pas-
- Ça m'est égal, d'accord ? Je suis venue parce que t'avais pas l'air bien, mais j'ai retenu la leçon. Je suis gentille, pas débile, alors ne reviens que si tu as réglé tes problèmes avec Sirius ou si tu as besoin de moi pour autre chose que m'insulter. Bonne journée Regulus. »

Inspirant profondément, Astéria tourna les talons en expirant lentement.

« Je sais pour Rabastan et Caius. »

Se figeant en un battement de cil, Astéria sentit son cœur s'affoler dans sa cage thoracique.

« Qu'est-ce que tu as dit ?
- Ils se vantaient d'avoir couché avec toi, mais j'étais sûr que Sirius et ton frère ne se seraient pas battus seulement pour ça. Je suis allé voir Mattheo Jedusor et je l'ai forcé à me dire la vérité, mais il m'a fait promettre de ne le répéter à personne.
- Qu'est-ce ce que... qu'est-ce que tu vas faire avec cette information ?
- Rien du tout, mais c'est de ta vie dont-il s'agit, je voulais que tu soit au courant que je le savais, mais je te jure que je ne dirais rien.
- D'accord.
- Astéria... pourquoi tu ne les as pas fait punir ? Ce qu'ils ont fait- Ils doivent payer !
- En temps et en heure.
- Écoute, juste pour que tu le saches, Caius raconte sa version des faits à qui veut l'entendre et c'est- c'est franchement... c'est dégoûtant. »

Sans un mot de plus, Astéria s'en alla d'un pas rapide en régulant sa respiration en comptant, comme sa thérapeute lui avait apprit.

1, 2, 3, 4, 5 et Astéria sortait la carte du Maraudeur de sa poche, en tapotant du bout de sa baguette sur le parchemin abîmé. Dans un murmure, la formule fut prononcée et l'encre apparut très vite

6, 7, 8, 9, 10 et Astéria localisait la plaie béante de son cœur qui attendait devant la Grande Salle avec quelques membres de sa maison.

11, 12, 13, 14, 15 et Astéria se hâtait dans sa direction, les poings serrés, en tentant vainement de se raisonner.

16, 17, 18, 19, 20 et Astéria était soudainement à quelques mètres de lui, et elle l'entendait très clairement raconter comment elle était allée chialer auprès de son frère alors même qu'elle l'aurait suppliée de la baiser.

21, 22, 23, 24, 25 et Astéria surplombait le corps inerte de Caius Nott, sa baguette tombant de sa main tremblante, en ne se rappelant même plus de lui avoir lancé un sortilège.

26, 27, 28, 29, 30 et Astéria distinguait un hurlement féminin, puis une voix près d'elle qui criait que le sortilège était un Diffindo.

31, 32, 33, 34, 35 et Astéria pouvait voir les entailles sur la peau de Caius, rouges et sanguinolentes. Mais elle ne l'effrayèrent pas.

36, 37, 38, 39, 40 et Astéria souriait en observant le liquide écarlate qui teintait l'uniforme de son bourreau, et l'hémoglobine qui couvrait le sol.

Astéria arrêta son décompte en s'éloignant de la foule, les élèves s'écartant le plus vite possible. Cachant son rictus satisfait derrière ses cheveux de jais, elle avança jusqu'à sortir du château. Jetant sa cape au sol, suivie par son pull, Astéria éclata de rire. Chantonnant l'air de Ziggy Stardust de Bowie, la fille Potter tournoyait sur elle même, les yeux clos et les bras vers le ciel. Ses éclats de rire de plus en plus forts semblaient interpeler quelques élèves autour d'elle, mais la pluie qui commençait à tomber les fit fuir.

Alors seule dans l'immense parc, Astéria Potter se sentit vraiment apaisée pour la première fois depuis presque trois mois. Elle riait, les vêtements trempés, le brushing massacré et le maquillage en détresse. Plus rien ne comptait.

L'euphorie qui l'envahissait aurait peut-être pu la faire sembler folle, mais c'était le dernier des soucis de la jeune femme. Elle avait osé lui faire face, enfin. Ce n'était pas suffisant pour autant. Ses cicatrices disparaîtraient en quelques jours alors que celles dans le cœur et l'âme d'Asteria ne s'en iraient jamais, jamais.

Pourtant, elle n'avait jamais semblé en meilleure santé qu'en ce moment, cet immense sourire illuminant son visage délicat, et la pluie semblant former une couronne d'eau autour d'elle.

L'observant au loin, c'est en tout cas comme ça que la perçut Sirius Black, qui inquiet pour elle, l'avait suivie après sa discussion houleuse avec son cadet. Il avait vu le sort qu'elle avait fait subir à Caius Nott, et il ne l'en avait aimé que davantage.

Sirius était amoureux de la Astéria qui dansait seule sous la pluie et sans musique, celle qui était la meilleure de la classe en sortilège et n'hésitait pas à le prouver. La Astéria qui venait fumer avec lui à toute heure, celle qui était tendre comme un agneau avec sa famille et dure comme la pierre face aux gens qu'elle haïssait.

La Astéria qui l'avait embrassé sur la joue au Bal de Noël de troisième année et celle qui était obsédée par les pâtisseries pleines de sucre, les chats noirs, les livres d'amour débiles et les chansons pas si harmonieuses.

Alors, au lieu de fuir comme l'aurait fait n'importe quel garçon sain d'esprit, Sirius Black lança un sortilège qui fit résonner la musique Moldue qu'Asteria affectionnait tant dans toute la cour de Poudlard.

Au milieu des tombes d'eau qui obscurcissaient le ciel, Astéria était son rayon de soleil.

ROSES'S THORNSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant