7 - Morena.

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Ravensberg Academy, October, 21 2020.








London






- Amàn Sarossa -


« Manilla James »

C'est donc comme ça qu'elle s'appelle. Sa jeune protégée à la peau mâte, ses cheveux longs et noirs corbeaux recouvrant les deux côtés de son visage, et ses lèvres charnues légèrement rougies par l'anxiété. Ses épaules sont baissées, elle cherche à se protéger.

Lorsque j'inspecte les moindres centimètres de la pièce, j'y observe des murs teints d'un vert froid. Et plusieurs petites armoires à pharmacies, où se trouve un lavabo sous l'une d'elles. Cette infirmerie scolaire a désormais un aspect bien moins médical maintenant que nous nous y trouvons.

On dirais que j'ai perturber ta petite vie d'écolière, Mademoiselle James.

Je m'avance de quelques pas, et m'arrête à quelques centimètres d'elle. Elle scrutes chacun de mes mouvements avec insistance. Pauvre jeune fille. Une petite innocente apeurée qui est malheureusement l'objet de représailles.

Quelle connerie. C'est à croire qu'il l'a fait exprès.

J'attrape le tabouret, plein de poussière sous le lavabo, et m'y installe, juste en face d'elle. Elle a l'air de se demander ce que je fais, mais n'ose pas relever le regard.

- D'après l'officier Blake, tout a été remis en ordre. Aucun média n'a été averti, m'informe Alec.

J'hoche la tête.

- Combien de temps prévoyons nous de rester ici, quelques jours ? Me demande-t-il.

- Non. Faites cette vidéo. Fais là parvenir à Orso, il s'occuperas du reste.

- Et vous ?

- Je l'embarques, dis-je en désignant la brunette du menton. Débrouillez vous pour ne laisser aucune trace des corps ici. Et éliminez tous les hommes qui ont participé à cette prise d'otage.

- Les hommes ont suivi le plan, Capo, dit-il, après quelques secondes d'hésitation.

Je me retournes, pour mieux l'observer.

- Je sais, Alec. Ça te pose un problème ? Estime toi heureux que tu n'en fasses pas partie.

Il entrouvre les lèvres, et se ravise, baissant la tête dès lors qu'il comprend que ses habituelles prises de position commencent à me taper sur les nerfs. Je sais qu'il n'est pas d'accord avec ça, par simple liaisons amicales ou que sais-je. Mais c'est le cadet de mes soucis.

Et je commences sérieusement à remettre en question la place que prend Alec parmi mes hommes.

Quand je me retournes, je suis surpris de constater qu'a présent, elle me regarde.

Je suis obligé d'avouer, que ses yeux, encadrés par de longs cils, sont perçants. Ses iris sont si fonçés, qu'ils frôlent presque le noir, ce qui rend difficile la distinction avec ses pupilles, même d'aussi près où je suis.

C'est marrant, on dirais qu'on a exactement les mêmes yeux, toi et moi. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi, la petite colombienne ?

Je pourrais la laisser au repère, jusqu'à ce que je fasses cracher à ce fils de pute « les raisons qui l'ont poussé à dérober mes putains d'affaires ».

Elle se concentre sur chaque détail de mon visage. On ne parle pas, et pourtant j'ai l'impression que ses yeux me posent mille questions.

Pourquoi est-ce que je te fais ça à toi, parmi tous les élèves dans cette école, qu'est-ce que je te veux ? L'avalanche de toutes ces questions inutiles qu'ils m'ont tous posé, avant toi, eux aussi.

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