8 - Run, as fast as possible.

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On the road , October 21, 2020.



London,

                             - Manilla James -

Nous sommes sur la route depuis environ deux longues heures.

Je n'ai pas bougé. Bryan se trouve du côté de la fenêtre droite, tandis que moi, je me suis décalée du côté de la fenêtre gauche. C'est évident que tous ses sens sont en alertes, car je m'autorise quelques regards discrets dans sa direction, et bien qu'il fasses mine d'observer le paysage par la fenêtre ou devant lui, je parviens à ressentir qu'il m'analyse du coin de l'œil.

J'ai l'impression d'être entourée de prédateurs. Prédateurs qui m'observent tous sans que je ne les surprennes. Et c'est pour cette raison que je n'ai aucune envie de me rebeller. Ces gens là peuvent être imprévisibles.

J'ai vu ce qu'ils ont fait à Lesly.

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Ma vision se trouble mais la dangerosité de la situation m'empêche de me distraire.

Le conducteur a verrouillé les portes, ainsi que ma fenêtre depuis ma tentative.
C'était prévisible.

- Tu étais déjà venu par ici, Bryan ?

- Non, c'est la première fois. Mais je t'avoues que le paysage est plaisant, ironise t-il.

- Arrête d'essayer de parler comme un vieux bourgeois, ça ne te va pas du tout, stronzo.

- C'est parce que tu sais que tu va vérifier la définition de chaque nouveau mot que je t'apprends Amos, et que tu es jaloux de mon éloquence, espèce de sac à merde.

Le conducteur les réduit au silence par un regard dont ces hommes paraissent en comprendre la signification. Ce type m'intrigue plus que les autres. Simplement parce qu'il ne parles pas mais qu'il semble tout diriger. Pas comme les deux autres. L'alignement des hommes dans l'infirmerie de l'internat. La façon dont il a fait baisser la tête et fermer instantanément la bouche d'Alec.

Par un seul.

un seul, regard.

Je perçois ses yeux dans le rétroviseur, il est concentré sur la route, mais il sait que je l'observes. Parce qu'il lève légèrement la tête.

Et on dirais qu'il ne sait faire que ça.

Observer de son regard saisissant.

Mon regard dévie rapidement sur ma jupe, et mes mains croisés sur celle-ci. C'est comme si j'observais la situation, hors de mon corps. Je me vois dans cette voiture, dans cette tenue d'écolière entourée d'hommes à l'allure effrayante. Et j'espère qu'à un moment où un autre, quelqu'un s'en rendras compte, si j'ai l'occasion d'appeler à l'aide à l'extérieur.

Alors que je suis au milieu de mes pensées, triturant éternellement mes mains, la voiture s'arrête.

Je relève alors la tête pour observer à travers la fenêtre les alentours. Nous sommes sur un parking. Mais l'endroit m'est complètement étranger, il n'y aucune indication ni aucune plaque autour. Sauf que nous étions sur une autoroute et j'étais tellement concentrée sur les types autour de moi, à chercher les multiples raisons pour lesquelles il me voudrait du mal à moi et à mon frère, que je n'ai pas pris le temps de vérifier les indications sur la route.

Tu as vraiment perdu tout ton temps avec moi, Izaak.

Je suis définitivement une imbécile finie. Et je me mènerais à ma perte toute seule.

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