LOUISE
mercredi, 08h59
Je me gare sur le parking des employés et file dans mon vestiaire pour me changer. Je sors de quasiment deux heures de boxe durant lesquelles Mathieu ne m'a clairement pas ménagé.
Ça m'a fait beaucoup de bien. J'ai découvert une nouvelle facette du faux blond. Il a été patient et doux et il m'a appris les bases. Il m'a aussi poussé à me défouler, et j'avoue que c'est un bon moyen pour démarrer ma journée.
On a couché ensemble lundi soir, à deux reprises. C'était fou et je ne pensais pas que ce serait aussi bien de faire ça avec un inconnu. Quand il est parti mardi, il a embrassé ma joue. Et ce matin encore, on a presque agit comme si de rien n'était. Pourtant, j'ai ressenti la même tension que la dernière fois. Je sais pas trop comment agir avec lui.
Une fois changée, je retrouve mes collègues de nuit qui me font la transmission de tout ce qu'il s'est passé cette nuit. Heureusement, il n'y a pas grand monde mais c'est bien souvent le calme avant la tempête.
Je vais voir une patiente et discute un peu avec elle avant d'aller jusqu'à la machine à café. La journée vient de commencer et je suis déjà morte de fatigue.
- Je t'offre un café ?
Je me tourne et hausse les sourcils quand je reconnais Jérôme, le père de Mathieu. C'est ridicule parce que je suis gênée maintenant, il n'a pas idée que je connais son fils.
- Avec plaisir je réponds.
Le grand brun appuie sur la machine à café et je souris en regardant son profil. Il a le même nez fin que son fils, c'est presque perturbant.
- Louise ? il me dit en lisant mon badge.
J'hoche la tête et souris quand il me tend mon gobelet en carton.
- J'adore ce prénom. Si j'avais eu une fille je l'aurai sûrement appelé comme ça.
- Vous avez des enfants ? je demande alors.
- Deux garçons. Mais crois-moi, c'est déjà suffisant.
- J'imagine.
C'est trop bizarre cette situation. J'ai envie de discuter avec lui mais j'ai du mal à faire comme si j'étais pas avec son fils il y a une heure à peine.
- T'as des enfant toi ? il me demande.
- Non.
- T'as quel âge ?
- Vingt-trois.
- Ah oui, t'es encore jeune. T'as le temps.
- Ils ont quel âge vos enfants ?
- Louise, tu peux me tutoyer. Je suis pas si vieux.
Je grimace tandis qu'il me sourit. C'est lunaire de sympathiser avec lui pile au moment où je rencontre Mathieu alors que ça fait deux ans qu'on travaille dans le même service sans se calculer.
- J'ai un grand de vingt-cinq, et un petit de onze ans.
J'acquiesce, et me rends compte que je ne connaissais même pas l'âge exact de Mathieu. La honte.
- Ça fait longtemps que tu travailles ici ? il demande.
- Deux ans. Et toi ?
- Ça doit faire bien... dix ans maintenant. J'suis une vieille branche.
- Et t'as toujours été aide-soignant ?
Il hoche la tête avant de boire son café.
- On a pas des métiers faciles, mais on doit être fiers d'aller bosser. N'oublie jamais ça.
J'hoche la tête et finis mon café avant de le jeter à la poubelle. Il est adorable, et j'ai comme l'impression qu'il a senti mon coup de mou sans que j'ai besoin de parler.
- Merci pour le café.
- Avec plaisir.
Je lui souris avant de retourner travailler. Je vais voir les quelques patients qui sont arrivés cette nuit avant de m'occuper des arrivées.
Lors de ma pause de midi, je regarde mon téléphone et je me surprends à être déçue lorsque je me rends compte que je n'ai aucun message de Mathieu. C'est normal, on a rien à se dire. En revanche, j'ai un message de ma copine Zoé.
De : Zaza
- on va boire un verre ce soir ?
À : Zaza
- grave
Je pose mon téléphone et souris lorsque Simone rentre dans la salle. Elle se plaint de ses patients avant de s'asseoir autour de la table.
- Loulou, ça va ?
J'hoche la tête en mangeant mes légumes.
- T'as fait quoi pendant ton repos ?
- Rien de spécial, j'hausse les épaules.
Elle fait chauffer son Tupperware et je jette à nouveau un coup d'œil à mon téléphone. J'écoute mes collègues parler des potins de l'hôpital tandis que je suis un peu dans la lune.
Lorsque je finis de travailler, j'appelle Zaza et on se rejoint dans le sixième pour aller boire un verre.
Elle me parle du mec qu'elle côtoie en ce moment et j'en profite pour lui parler rapidement de Mathieu. Depuis Antoine, je n'ai plus parlé à mes copines d'un garçon, alors ça lui fait tout drôle.
*****
alors vous aimez bien loulou ?
