01. Belle et heureuse famille

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— Tu viens à la fête de Mike samedi prochain ? 

Surprise, je me tourne vers ma meilleure amie. Un frisson me traverse la colonne vertébrale. Le vent était glacial aujourd'hui. Le mois de novembre venait à peine de démarrer et on avait déjà vu les températures chuter à grande vitesse.

— Je ne sais pas Carol...La fac me prend tout mon temps et samedi, je travaille à Novani.

— Anna...Où est passé la fille qui allait à toutes les soirées de la ville ? La dernière fois qu'on y a été ensemble remonte à la fin du lycée ! Me répond-t-elle.

Je ne peux que lever les yeux au ciel. Il est vrai que depuis maintenant un an, je n'ai plus été à une seule soirée. La simple raison était que je voulais me concentrer sur mes études.

Et aussi me sortir du côté sombre de mon adolescence.

Carol tentait bien de temps en temps de me faire sortir et me proposait d'aller dans un bar ou une boite de nuit, mais je refusais toujours. Je n'avais plus le cœur a y aller, mais aussi parce que je n'avais plus une seconde à moi depuis que j'avais commencé mes études supérieures.

— Le temps est passé, Carol. On n'est plus au lycée maintenant. Je dois me concentrer sur mes études si je veux espérer trouver un emploi correct. Dis-je en prenant une gorgée de mon chocolat chaud qui se trouvait devant moi.

— Je sais bien...Mais tu devrais t'aérer l'esprit, penser à autre chose ne serait-ce que pour une soirée ! Ca fait plus d'un an que tu travailles comme une folle. Aller à une soirée comme on le faisait avant serait une bonne idée et te ferait un bien fou ! Comme au bon vieux temps !

Le bon vieux temps. Un temps que j'aimerais parfois oublier. Le bon vieux temps, comme elle dit, était une époque où j'étais bien moins consciente de mes actes qu'aujourd'hui. Je voulais toujours plus, toujours tout, plus intensément.

— Je ne sais pas...dis-je dans un soupir.

— Allez Anna ! On va s'amuser ! La fête commence à 21h, samedi soir ! Tu finis ton service a 19h, c'est envisageable ! Je viendrai te chercher si tu veux et dès que tu veux rentrer, on rentre, promis. Je veux vraiment que tu te libères un peu et qu'on fasse quelque chose ensemble.

Malgré mon manque d'enthousiasme flagrant, je me mis à réfléchir. Peut-être qu'elle avait raison. Ce n'est que pour une soirée, cela pourrait me permettre de relâcher un peu la pression.

Qu'est-ce qui pourrait bien se passer en une soirée ?

Après une ou deux minutes de réflexion, ma réponse tombe, sous le regard impatient de mon amie.

— C'est d'accord.

Elle me sourit de toutes ses dents.

— Super ! On va bien s'amuser je te le promets ! Je viendrai te chercher directement à Novani !

Elle était contente que j'accepte qu'elle attira le regard des autres clients du café. Je ricane devant son attitude. En tant que fêtarde de première catégorie, Carol devait être contente de venir à une soirée, et si je l'accompagnait, cela serait la cerise sur le gâteau.

Nous finissons de boire notre chocolat chaud avant de nous séparer. Je devais rentrer chez moi pour réviser, afin de me préparer à un examen assez important. Si cela pouvait m'empêcher de croiser mon père, c'était un programme plutôt convainquant.

**

Le mardi était le pire jour de la semaine.

— Depuis 1810, le code pénal avait très mal vieilli, il était très peu adapté aux évolutions de la délinquance, et mal rédigé initialement. Alors, dans les années 30, on entame une réforme du droit pénal, donc ici le projet MATTER, mais la seconde guerre mondiale a tout arrêté.

STONEHEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant