06. Message anonyme

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Marion n'y était pas allée de main morte.

A peine j'eus passé la porte de Novani, qu'elle s'était mise à me crier dessus, me demandant encore et encore pourquoi je n'étais pas là et ô combien elle détestait ce genre de comportement.

Je me suis confondue en excuses, en prétextant être tombée malade subitement durant le weekend, et avoir été incapable d'appeler mes proches.

C'était un mensonge odieux, mais elle m'avait cru.

Mais elle n'allait pas me laisser m'en tirer comme ça. Puisqu'une journée d'absence est suffisante pour baisser mon maigre salaire, j'allais faire des heures supplémentaires pour rattraper tout ça. Cela ne m'enchantait pas le moins du monde, mais si je voulais payer mes études, je devais obéir, tant pis pour mon sommeil.

Je n'en ai plus vraiment d'ailleurs.

Me voilà donc, depuis deux bonnes heures, à la caisse de la supérette déserte, à attendre que quelqu'un ne rentre. La ventilation était juste au-dessus de moi, alors j'avais le plaisir de prendre de l'air froid dans la figure.

Dehors, il faisait à présent nuit, l'horloge de la supérette affichait une heure du matin, et j'en avais encore pour une heure. Mes yeux se fermaient tout seuls et je me recroqueville dans cet horrible gilet bleu que je portais lorsque j'étais en service ici.

Je m'installe sur une petite chaise roulante et soupire. Mon regard dévie vers la gauche et je vis sur le porte manteau de la caisse, la veste que Scott m'avait donné, le soir où il était venu me récupérer dans cette pièce insalubre.

Je ne pourrais dire que cet événement est oublié. J'y pense sans cesse. La nuit, je ne dors plus. Mes yeux ne se ferment pas, ils en sont incapables. Et lorsque je parviens à m'endormir par miracle, des cauchemars viennent automatiquement me réveiller en sursaut.

Je ressens encore la douleur de mes genoux contre la terre, la douleur de mes bras, qui se faisaient tirer jusqu'à un trou creusé, où j'étais censé mourir. Lorsque je me suis rendu à Novani, j'avais une boule au ventre insupportable, j'avais encore la peur que ces hommes débarquent pour m'enlever de nouveau et me tuer pour de bon.

Lorsque je suis rentré chez moi, j'ai pu apercevoir les dégâts.

Des bleus sur mes bras dû à la force de leur prise sur ceux-ci, et un sommeil complètement ruiné.

Mais je me souviens surtout de ce que Scott a fait pour moi. Il a supplié pendant des heures pour qu'on me laisse en vie. Il a supplié pour me ramener à la maison.

Un petit sourire naît sur mon visage, et je prends la veste pour l'enfiler. L'air froid de la ventilation est un peu moins fort, ce qui me permet d'au moins trouver un peu de chaleur.

Je regarde une nouvelle fois l'horloge. Nous sommes à présent jeudi. J'étais rentrée il y a deux jours, mais j'avais passé une journée sous ma couette, ne voulant plus jamais en sortir. Mon père n'avait pas posé de questions, et heureusement, parce que je n'aurais pas su quoi lui répondre.

Tout cela était complètement insensé. Je ne comprenais toujours pas ce qui s'était passé. J'avais surpris le meurtre de la meilleure amie de Tessa, alors on m'avait enlevé, parce qu'avoir une témoin à ce genre de scènes ne devait pas faire parti de leurs plans.

Mais je ne comprenais toujours pas. Pourquoi Tessa avait-elle été tuée ? Avait-elle fait quelque chose qui pouvait nuire à ces gens-là ? Et comment son amie était au courant que c'était ces personnes là, qui l'avaient tué ? Qui étaient ces gens ? Font-ils partie d'une organisation ?

STONEHEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant