10. Richardson

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Stratford, 2005

— Regardez mon dessin ! Cria un des camarades de la classe.

Les élèves arrivent pour regarder sa feuille. C'était un dessin innocent d'une famille, avec un enfant tenant la main de ses parents.

Pendant que la classe le complimentait pour son dessin, je bouillais de l'intérieur. J'appuyais tellement fort sur mon crayon que la mine se cassait. Mon dessin à moi représentait le salon, avec un fauteuil. Le bonhomme bâton assis dessus, c'était mon père. Il tenait sa bouteille à la main. Je ne savais pas ce qu'il buvait, mais je me doutais bien que je n'avais pas le droit d'en boire. Cela sentait mauvais parfois, alors, je me suis dit que je n'allais jamais y toucher.

Au milieu du salon, se trouvait un petit bonhomme. C'était moi. Elle avait un visage triste. Au-dessus de mon père, était inscrite dans une bulle, une quantité immense d'insultes.

Je ne rajoute pas de couleurs, cela ne sert à rien. Je porte mon regard sur la classe, qui montrait leurs dessins, tous plus magnifiques les uns que les autres. Folle de rage que personne ne vienne me voir, je me lève de ma chaise.

— Regardez comme il est beau mon dessin ! Criais-je en m'approchant du groupe.

Ils regardèrent mon dessin quelques instants, et dès qu'ils tournaient la tête, je leur criais de le regarder à nouveau. Je voulais au moins qu'on dise qu'il était beau, rien que ça.

La maîtresse a vu mon dessin ce jour-là, et n'a pu s'empêcher d'appeler ma mère pour en discuter. Le fait qu'il y ait des insultes écrites en toutes lettres a dû l'interpeller.

Elle a pris rendez-vous avec ma mère, et elles en ont discuté après une journée d'école. Elle semblait désintéressée, comme si ce sujet ne valait rien à ses yeux.

Lorsque nous sommes sortis de l'école, elle m'a giflé. Elle m'a ordonné de ne plus faire de dessins pareil si je ne voulais pas avoir de gros ennuis. Dès que nous sommes rentrés à la maison, je suis monté dans ma chambre, et je me suis mise à pleurer.

Je n'ai plus jamais dessiné à l'école.

Un étrange écho arrive dans mes oreilles.

Les rêves ne se réalisent pas. On rêve, mais cela ne sert à rien, car jamais ils ne se réaliseront. A quoi bon trouver un but à ma vie, si ce que je veux est impossible à obtenir ?

La porte de ma chambre se met à trembler. Comme si quelque chose voulait entrer. J'entends mon nom, mais ce n'était pas mes parents.

— Anna ! Réveille-toi !

**

— Anna. Anna !

J'ouvre les yeux, et le visage de Scott apparaît devant moi. Ma respiration était lourde et je transpirais abondamment. Mes doigts serraient les draps dû à la vive douleur dans ma cuisse. Je devais faire peine à voir.

Derrière mon frère, se trouvaient Bella et Dolores, les visages peignés d'inquiétude.

— Ça va aller. Tout va bien. Me rassure Scott.

Il m'aide à me relever et je pousse un gémissement de douleur en sentant ma blessure s'étirer.

Je n'avais presque pas dormi de la nuit. Après m'avoir soignée, mon frère m'avait dit de dormir ici, dans une chambre inoccupée pour l'instant. J'avais retiré l'horrible robe que j'avais été contrainte de porter et avait simplement pris un long t-shirt qui traînait dans un tiroir. Cette chambre semblait appartenir à quelqu'un, mais je ne m'en préoccupais pas. Je voulais simplement porter quelque chose de plus confortable.

STONEHEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant