48. Un départ déchirant

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Précédemment : Bella et Garrett in intimement fait connaissance. En parallèle, Livie s'est rendu au sous sol de la maison, endroit qui lui était défendu. Elle a trouvé Aaron en train de torture l'homme qui lui avait fait du mal. Finalement c'est elle qui a tué de sa main Sergio Torres et en est resté sous le choc. Aaron se sentant concerné, s'est occupé de Livie du mieux qu'il pouvait.


Aaron

Ça n'avait rien d'une décision à la légère. Elle était même très difficile à prendre. Mais après avoir passé plusieurs jour à surmonter les cauchemars et les crises de Livie, je m'étais rendu compte qu'elle n'était pas faite pour moi, pour ce monde. Tuer chaque personne qui s'approcherait un peu trop près était aisé, mais je ne pouvais pas la protéger de moi dans ces conditions. Il fallait que je l'éloigne le plus rapidement possible de tout ça. C'était capital. Mélanger les affaires et les histoires de cœur ne durerait plus très longtemps. Il fallait que je me débarrasse « du poids mort ».

Le moteur de la voiture de sport que je conduisais ronronnait d'une manière presque irréelle, démesurément calme par rapport à la tempête intérieure qui faisait rage en moi. Les kilomètres défilaient à la vitesse de l'éclair, et  chacun d'eux amplifiant la tension qui pesait lourdement sur mes épaules. Le levé du soleil levait peu à peu son manteau d'obscurité sur le monde extérieur, et les ombres dansantes des arbres et des lampadaires se superposaient aux éclats de lumière intermittents projetés sur nos visages.

Chaque seconde semblait une éternité, et chaque kilomètre un gouffre entre moi et la rude décision que je m'apprêtais à avouer.
Livie, les yeux fixés sur la fenêtre, observait le paysage qui se dérobait sans vraiment le voir. Ses pensées semblaient s'accumuler, tournoyant inlassablement en rond comme des feuilles emportées par un vent violent. La peur et l'incertitude creusaient leur nid dans mon esprit, je le sentais. Chaque éclat de lumière de l'extérieur n'étant qu'un reflet de l'angoisse grandissante que je ressentais.

Elle semblait l'avoir ressenti aussi, ce quelque chose en moi, un changement ces derniers jours peut être, d'une intensité qui n'était pas liée à la simple agitation de la vie quotidienne que représente le monde de la mafia. A vrai dire, jamais je n'aurais imaginé qu'il pourrait nous mener à ce moment déchirant. Mais jamais je n'aurai pu imaginer que je ressentirai un jour quelque chose pour quelqu'un. En réalité c'était loin d'être juste quelqu'un, mais je m'efforcer de garder un cœur de pierre ne suffisait pas.

Soudain, Livie se tourna vers moi, son visage marqué par une douleur profonde. Elle brisa le silence glacial qui enveloppait l'habitacle depuis une bonne heure déjà :

- Aaron, où allons-nous ? demanda-t-elle, la voix éraillée par l'émotion, les mots sortant à peine entre ses lèvres tremblantes.

Elle l'avait très bien compris. La situation. Je l'ai réveillée avant l'aube, ses affaires déjà préparées, nous deux, sortants comme deux adolescents en cachette tandis que le pavillon était encore tout à fait endormis. Elle était peut être naïve, mais cette femme restait la plus intelligente que je connaisse.
La dernière fois que je l'avais amené seule quelque part, je l'ai presque battue à mort. Quelque part, je comprenais son inquiétude.

Je cherchais désespérément les mots qui semblaient se dérober à moi. Je soupirais brièvement, resserrant le volant entre mes doigts, et essayant de rassembler le courage nécessaire pour révéler l'impensable à ses yeux.

- Livie... Je te ramène chez toi, tu rentres aux États-Unis.

Les mots, aussi froids et directs soient-ils, se répandirent dans l'habitacle comme des éclats de verre brisé. Livie cligna des yeux, stupéfaite, son regard cherchant désespérément à comprendre l'absurdité de ce qu'elle venait d'entendre.

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