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Emy

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1 heure plus tard

- Wouah Aurel' comment le prof de Physique t'as défoncé ! Remarque mon meilleur pote Matt, avec sa subtilité habituelle. Ce mec est dérangé, sûrement plus que moi même.

- Pfff, il me tape sur les nerfs, celui-là. Dis-je exténué de cette heure et demi passé à s'ennuyer. En plus, l'intello m'a ignoré durant le reste de l'interminable cours.

Tiens, justement là voilà qui sort de la salle, suivie de sa bande d'hypocrites. Elles marchent la tête haute, cheveux au vent, leur démarche est parfaitement synchronisée.

- C'était pas Emy que tu regardais tout à l'heure ? S'enquit Lilian, un ami d'enfance, passionné par l'informatique mais surtout par l'illégalité sur internet. C'est surtout pour ça qu'il a obligatoirement un écran dans les mains.

La prise de conscience est instantanée, surtout quand je me rappelle qu' Hugo, son ex, est dans mon groupe de potes.

- Bien-sûr que non, pourquoi j'aurais fait ça ?! Défendais-je, sur la défensive.

Les gars changent vite de sujet mais Matt rigole dans sa barbe, il n'en manque vraiment pas une, lui !

Emy

- Je suis désolée les filles, faut que j'aille chercher ma valise et je crois que les autres m'attendent...m'excusais-je auprès de mes amies, nous venons de finir notre dernier cours de la semaine et la récréation de 16h venait de débuter.

- Oui, oui, on sait ! Allez vas-y, bon week-end ! Me coupe Elena, son gloss favori à la main.

Je souris, un peu désarçonnée et les salue toutes.

- Bon week-end, les filles ! A la semaine prochaine !

Ma voix enjouée pourrait me sauver de tant de situation. Pensais-je en dévalant l'immense escalier principal du lycée.

Le hall est bondé, comme à chaque récréation, en fait. Je parviens à me frayer un chemin entre les adolescents regroupés par dizaines, jusqu'au couloir menant au CDI.

Mais il y a déjà la queue devant la salle de colle, qui nous sert de bagagerie. Je patiente donc, derrière les autres internes. Je jette un coup d'œil à mes messages et j'apprends que mes coloc' ont déjà récupéré ma valise et mon deuxième sac.

Je soupire, j'ai fait le chemin pour rien, les filles m'attendent à l'entrée.

Je m'apprête à faire demi-tour mais un groupe de mecs arrive, ils prennent absolument toute la pauvre largeur du couloir. Je reste donc immobile, en attendant qu'ils me dépassent, pendant ce temps, je tente de les identifier. Mais un regard ténébreux me paralyse encore plus, Hugo. Ce mec est le pire des cons, je sais bien que si je continue à le regarder, mon instinct de criminelle refoulée pourrait le tuer. Je détourne donc rapidement les yeux et je regrette une fois de plus, ce regard est totalement l'inverse, léger et joyeux.
Enfin jusqu'à ce qu'il me remarque.

Vous l'aurez compris, je parle d'Aurélien. Ses yeux émeraudes me reluque lentement, mes sourcils se froncent automatiquement mais je ne cille pas. Que fait-il bon sang ?!

Aurélien maintient notre contact visuel jusqu'à ce que la distance nous sépare.
Je reprends mes esprits et attends quelques secondes de plus pour repartir dans la même direction.

1 heure plus tard

Le trajet dans le bus était interminable ! Et surtout bruyant, la musique de mes écouteurs était peut-être à fond, je ne distinguais presque pas les paroles.

Une fois à la maison, c'est-à-dire au fin fond de la campagne, je me jette sur mon lit. C'est fini, une semaine éprouvante de moins à effectuer avant les vacances !

- T'es qu'une merde, Léonard !

- Tu t'es vu, gros abruti !

Les disputes de mes frères ne m'ont absolument pas manquer, par contre !

Léonard et Maxime sont mes petits frères, le fait qu'ils soient jumeaux n'arrange pas la situation. Agés de 13 ans, leur principale occupation est de se disputer sans arrêt, mes parents sont épuisés de subir leur cris continuels.

Je bondis de mon lit et trouve mes frères dans la mezzanine.

- Vous pouvez pas arrêter ça, les gars, s'il vous plaît ? Dis-je d'une voix lasse.

- On t'as pas sonné, Emy ! Me rétorque Maxime.

- Oui mais les parents...

- Barre-toi, t'es chiante à la fin ! S'énerve Léonard.

Ils sont au moins d'accord sur un point.

Je retourne dans ma chambre en claquant la porte. Mon corps s'échoue entre les tas de coussins et j'allume mon ordinateur avec hâte. Une série à suspens ne peut que diminuer mon ennui actuel.

Je n'ai personne à qui parler, mes amies ne sont pas très présentes en dehors des cours. Nous avons bien-sûr un groupe sur Insta mais il sert surtout d'échanges de gossips, de cours, de devoirs et accessoirement de conseils beauté. C'est pas vraiment l'endroit pour dire qu'on se sent seul.

Je griffonne des formes dans un carnet, ça me détend et quand mon imagination coopère, je parviens même à dessiner.

Tout à coup, mon esprit divague et Aurélien apparaît. Pas lui !

Je repense furtivement à son regard, son sourire étrange et son rire insupportable. Pourquoi se comporte-t-il toujours ainsi ? Je ne suis pas bête et je sais que ce n'est pas vraiment lui. La question qui se pose maintenant c'est est-ce que je veux le découvrir ?

Peut-être. Peut-être pas.

Je ne peux m'empêcher de me demander s'il est totalement différent.

Est-il attentionné ? Sensible et compréhensif ? Colérique et jaloux ?

Mon plus gros problème c'est que ce mec a éveillé ma curiosité. Et je ne vais pas abandonner, j'en fait serment.

- A table, Emy ! M'appelle ma mère.

Je ferme l'ordinateur, et me lève un peu trop vite puisque ma vue se brouille quelques instants. J'attrape mon téléphone et traverse la mezzanine pour descendre.

L'odeur de sauce tomate et de viande me fait sourire.

- Pâte bolo ! M'écriais-je en courant jusqu'à la salle à manger, mon appétit s'éveillant à chaque nouveau pas.

Mes frères sont déjà installés et se disputent déjà pour savoir qui sera servi en premier. Je sais aussi que bientôt ils trouveront à nouveau un moyen de pourrir l'ambiance, comme celui qui aura d'abord le gruyère râpé.

Je jette un regard déçu à mes parents qui me renvoient ensuite le même message.

Je me demande bien si ça se passe mieux chez Aurélien...

A suivre...