Chapitre I

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  "Appel manqué à 19h57 de : Papa"

Voilà ce qu'affiche la notification qui fait vibrer mon portable dans ma poche.
Mais je devais partir cette fois, sinon j'allai m'emporter contre lui et je l'aurai probablement frappé.

Où vais-je aller désormais ?
Je ne le sais pas encore. Ma tête me tourne.
Je me contente de marcher dans l'avenue à deux pâtés de maison de chez moi, sous la pluie et dans le noir. Il fait plutôt froid ce soir, j'aurai peut-être dû m'habiller plus chaudement en partant... Mais quel intérêt de toute façon ?
Et je n'en aurai pas eu le temps.

Mon téléphone vibre encore, nouvelle notification de mon père : rentre tout de suite ou j'appelle la police pour leur dire que tu as encore fugué !

Il menace encore de me dénoncer au flics pour fugue, pour la troisième fois de la semaine.
Mais je ne rentrerai pas, pas ce soir en tout cas, même si je dois mourir d'hypothermie.
Et en partant, j'ai juste mis un gilet et un bonnet, et je doute honnêtement que cela réchauffe suffisamment mon corps engourdi. Tant pis.

Soudain, un son de cordes me tire de mes songes et m'entraîne vers lui. Un son que je connais très bien, et une mélodie que j'adore aussi.
Je me dépêche de trouver d'où viens la mélodie et manque de me casser la figure sur une plaque de givre lorsque je découvre un homme assis au sol, guitare à la main et grattant doucement ses cordes graves.
Il est vêtu seulement de quelques fringues délabrées et en piteux état, son visage émacié indique qu'il n'a pas mangé depuis longtemps. Sa guitare brune me rappelle la mienne.

Il s'arrête de jouer en m'appercevant.
Il est assez jeune, on lui donnerait à peine trente-ans.

Je me fige lorsqu'il me transperce du regard, me détends quand il ouvre enfin la bouche.
"- Tu n'as rien à faire seule dehors, surtout à cette heure là. Rentre chez toi."

  Sa voix est douce, ferme. Ses paroles, bien que des mises en garde, m'apaisent et me rassurent. Je ne lui répond qu'après quelques minutes de silence.

"-Je ne peux pas y retourner."

Il me dévisage lorsque j'ajoute, la voix chevrotante :
" Emmenez-moi chez vous."

Un silence pesant s'installe entre nous. Mais pourtant, je sens qu'il hésite. Et je le comprend : on pourrait l'accuser de kidnapping si l'on me trouve chez lui, il risque de grosses sanctions voire de la prison.

Pourtant, il accepte.

"- Suis moi. " me dit il en se levant.

Je le suis alors, lui, un parfait inconnu à qui j'ai eu la folie de demander de m'héberger.
Il m'emmène devant un grand bâtiment résidentiel, puis dans un escalier et enfin, devant une porte en bois noir. Il sort un trousseau de clefs de sa poche de jean et ouvre la porte.
J'entre derrière lui, dans le noir.
Il referme la porte et allume la lumière clignotante du salon.

"-Assieds toi, m'ordonne t'il.

Je m'exécute immédiatement, non par peur, mais par respect. Je ne le connais pas et il m'a acceptée. Même si j'ignore toujours pourquoi j'ai demandé ça.

Je l'entends poser ses affaires, alors que je pose le bout de mes fesses sur le divan grisâtre de la salle de vie. J'en profite pour ôter mes vêtements d'extérieur, car désormais j'ai chaud.
J'enlève ma veste quand il me rejoind.

Son apparence est totalement différente de celle qu'il avait dehors. Il m'évoquait un sans-abri, alors que maintenant, il a des airs de businessman. Ses cheveux bruns impeccablement bien coiffés retombent en masse devant ses yeux noirs qui me scrutent avec douceur.

Il m'observe en silence.

J'en fait tout autant.

Mais mon ventre affamé gâche ce moment. Mon businessman se lève et m'ordonne de le suivre à la cuisine. Il me fait asseoir et se met aux fourneaux. Il me sert un repas chaud, dont j'ignore la composition. Il aurait pu m'empoisonner et je ne l'aurai pas senti.

Après cela, il m'entraîne dans une chambre et me donne des fringues trop grandes pour moi, me disant de me changer et que cela serait ma tenue de nuit pour ici.

Je n'ose cependant pas me changer, car il ne me lâche pas du regard une seule fois.
Je lui déclare donc que je me changerai après.

"-Après quoi ?" m'interroge t'il.

-Après vous avoir demandé votre nom.

-Je m'appelle Felix et toi ?
Oh et au fait, tutoie moi s'il te plaît.

- Je...m'appelle Maelyne. Excuse moi, mais quel âge as-tu ?

-Toi quel âge as-tu ?

-Je t'ai demandé avant !

-Réponds moi Maelyne.

  Je me mord la langue. Je ne peux pas lui donner mon véritable âge, car j'ai une "idée" derrière la tête.

-Tout juste 18 ans. mentis-je.

-J'ai 27ans dans ce cas.

Il se tut, puis me demanda.
-Que faisais-tu dehors ?

  Je ne lui répondit que la vérité : que j'avais fugué parce que je n'en pouvais plus de ma vie et que mon père me cherchait.
Lorsque Felix m'interroga sur "pourquoi je n'aime plus ma vie", je m'efforça de tout lui raconter dans les moindres détails : le décès de ma mère, le fait que je sois devenue dépressive et addicte aux médocs, mes fugues régulières, mes automutilations, mes tentatives de su*cide échéantes... Tout jusqu'à ce soir, où je veux juste tout oublier un instant.

Félix semble absorbé par mon récit, il paraît même très touché par mon histoire tragique.

D'un coup, il se lève du fauteuil sur lequel il s'était assis et s'approche de moi. Mon cœur accélère.
Félix me prends dans ses bras et me chuchote à l'oreille : tu veux tout oublier quelques instants c'est ça ? Tu as déjà eu des rapports ?...

Je sous-entends bien sûr : tu veux en avoir un ici et avec moi ?

Je ne réfléchis pas.

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Hey !
J'espère que vous aimez le début de cette toute première histoire
( sur ce compte en tout cas, j'en avait écrit une sur un ancien compte auquel je n'ai plus accès 😅).

Vous pensez que Maelyne va accepter la "proposition" de Félix ?

Moi je connais la réponse 😋 !

Mais si vous voulez le savoir, il faudra lire le prochain chapitre !👀

  Allez, à plus ! 😁

(N'oubliez pas de voter 🥺😉)

ButterflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant