Chapitre XI

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Je me suis réveillée dans les bras de Jaeson, qui me regardait, visiblement inquiet.  Ses yeux sombres m'indiquent qu'il est fatigué et qu'il devrait aller se coucher. Je m'empresse de le lui dire, mais il refuse catégoriquement de se reposer. 

"- Mais va dormir imbécile ! Tu as des cernes plus profondes que le Xiaozhai Tiankeng ! lui expose je, énervée.

-Non Maelyne, je suis pas fatigué ne t'en fais pas ! Et puis, il n'est que 13h. Je dormirais ce soir.

-Attends, attends... j'ai dormi combien de temps ?

-Plus ou moins 3h. Tu avais l'air assommée, même un peu ivre ou shootée. Tu as pris quoi ?

Mes pensées s'emmêlent, mais je constate avec satisfaction que mon mal de crâne a complètement disparu. 

"En même temps avec 2000grammes de paracétamol... "

-Maelyne ? 

-Hein ?

-Tu as pris quoi ?

-Je euh... J'ai pris du paracétamol pour ma tête...

-D'accord, combien ?

"Merde !"

-Un. J'en ai pris un. *baisse la tête et me lève. Debout, je murmure à l'intention de Jaeson* Je sors, à plus.

Pris au dépourvu par mon audace et mon impulsivité, il s'écria :

-Maelyne ! Qu'est ce que tu ....?!


Trop tard. Je saisis ma veste et je dévale les escaliers en courant et sprinte jusqu'à la salle de bain. Je fouille les tiroirs et empoche plusieurs plaquettes de médicaments, puis je cours jusqu'à la sortie, puis jusqu'à ce que mes pieds me hurlent de marcher. 

Essoufflée, je regarde enfin où je suis.

"En plein milieu de nulle part..." me dis-je.

En fait, je suis dans une sorte de parc. Entourée d'arbres dont les feuilles sont trempées par une récente averse. Averse qui risque de se reproduire dans peu de temps d'ailleurs, à en juger par les nuages noirs qui se rapprochent très vite. Je dirais qu'il va pleuvoir dans vingt minutes. 

Je décide de m'asseoir au pied d'un des arbres et de prendre quelques cachets pour calmer mon mal de tête qui vient de resurgir. 

Adossée au tronc humide, mes yeux se posent sur ce qui m'entoure ; je constate la présence d'un couple qui se câline, eux aussi adossés à un arbre.

" Ils sont mignons." Je les envierai presque, si je n'avais pas aussi peur des relations.

 J'aperçois aussi une vieille dame qui claudique sur le sentier de terre du parc. Elle porte un vêtement violet pâle, presque couleur lavande, qui lui arrive aux genoux. Son sac à main paraît lourd ; son buste est indescriptiblement penché en avant, lui donnant sans doute la sensation de trébucher à chaque pas. 

Soudain, des cris venant de la direction du couple me fait tourner la tête. 

La fille se lamente, je devine une dispute entre les tourtereaux. 

Le garçon se redresse brusquement et s'emporte contre la fille. Il s'approche d'elle avec une colère palpable et abat sa main sur sa joue en une gifle cinglante. 

La fille se laisse tomber sur le sol et le garçon part d'un pas lourd. 

Je suis abasourdie par la scène à laquelle je vient d'assister, néanmoins, je me redresse et me dirige vers la fille. Une fois à sa hauteur, je ne sait quoi dire. Des mots incontrôlés sortent de ma bouche. 

-C'était ton copain pas vrai.

Quelle idiote ! Pourquoi tu lui dit ça ! Elle vient de se prendre une gifle phénoménale et c'est tout ce que tu trouves à dire ?!

Elle lève la tête vers moi, me scrute à travers ses yeux vitreux pleins de larmes et déclame froidement : 

"-C'était mon petit ami depuis 1an."

Sa voix se brisa sur le dernier mot, et la jeune fille se releva brusquement. 

-Je devrais y aller. Salut. 

Elle s'éloignait à grandes foulées de moi et de mes stupides questions. Je la voyait disparaître derrière les grands arbres du parc. Je regrette tellement la seule phrase que je lui ai dite... c'était si spontané et irréfléchi... Si seulement je n'avais pas dit ça... on aurait peut-être pu parler un peu... j'aurai dut la consoler un minimum au lieu de balancer cette stupide phrase !

Et elle qui s'éloignait encore plus.

Je n'y tenais plus. Sans même m'en être rendue compte, je m'étais mise à courir de toutes mes forces pour la rattraper.

Et lorsque j'en pris conscience, j'avais déjà franchi la moitié de la distance qui nous séparait. J'accéléra alors encore plus. Mon cœur tape dans ma poitrine à une telle allure que j'ai le sentiment qu'il va bientôt en sortir. 

Le souffle court, j'atteins la fille.

-Attends !! lui criai je, extenuée.

-Qu'est ce qu'il y a ? 

Elle s'était retournée, me toisant du regard. Ses yeux verts rugissaient et me lançaient des éclairs. Je devais me dépêcher de m'expliquer car elle perdrait patience.

-Ecoute je... *je repris mon souffle quatre fois d'affilée pour être certaine de pouvoir aligner des mots* Je suis désolée de t'avoir dit ça, je ne voulais pas être impolie. Excuse moi. 

Ses sourcils se dissociant, je compris qu'elle ne me prenais pas au sérieux. Je m'efforce alors de m'expliquer sincèrement.

-Je ne voulais pas te blesser... en fait j'ai vu toute la scène de loin et j'étais choquée... Je voulais te consoler, mais la seule connerie qui a franchi mes lèvres a demandé ça. Je suis vraiment désolée.

Pas de réaction.

Je lui tends alors la main et murmure, dans un cruel manque de confiance en soi : 


-Je m'appelle Maelyne.  



ButterflyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant